J'ai eu très envie de lire Derrière ses mots parce que ce roman aborde le sujet d'une correspondance entretenue sur Internet, comme démarre le livre de Stéphanie Dupays Comme elle l'imagine que j'avais tant aimé, et en craignant malgré tout une (petite) déception comme je l'avais ressentie avec le fameux et immense succès remporté par Quand souffle le vent du nord, écrit par Daniel Glattauer.
En outre je suis particulièrement attentive aux premiers romans, ce qui est le cas ici, et j'estime que Marie-Laurence Willemart signe un ouvrage bien écrit, intelligemment construit. Je l'ai lu presque d'une traite, en ayant constamment envie de connaitre la suite d'une aventure qui n'est au final pas ordinaire du tout.
À bientôt quarante ans, Emma a une vie banale, rythmée par son travail et ses enfants. Jusqu’au jour où cette maman divorcée rongée par la solitude entame une correspondance sur Internet avec un homme qui ravive peu à peu la flamme intérieure qu’elle avait laissée s’éteindre. Qui est ce correspondant mystérieux qui se cache derrière le pseudo "Last Sorrow" ? Emma aimerait le découvrir, mais il refuse de la rencontrer et lui fait promettre de ne pas tomber amoureuse car il affirme avoir "perdu le droit d’aimer". Intriguée, vite passionnée, Emma décide malgré tout de partir à sa recherche. Et en plongeant dans des secrets qui dépassent tout ce qu’elle aurait pu imaginer, elle va remettre en question leur histoire naissante. Car la vie de cet homme est construite sur un mensonge qui pourrait tout faire voler en éclats... Pour écrire l’avenir, il faut faire la paix avec le passé.
Après Les lettres d'Esther, j'ai le sentiment d'être en ce moment un peu "abonnée" aux romans épistolaires. Voilà un des hasards de ma vie de lectrice. Et je suis donc sensible à ceux qui ne cessent de jalonner le parcours d'Emma.
Le roman est publié depuis quelques semaines mais cette web love story (p. 112) est censée commencer en 2012, ce qui me semble être particulièrement original pour l'époque, mais ce n'est qu'un détail.
L'intrigue a beau être complexe, elle est totalement crédible et on croit immédiatement que la relation ne sera pas que "épistolaire" comme l'espère lui-même le héros masculin (p. 50).
J'ai beaucoup aimé la présence d'expressions anglaises, ce qui à la réflexion ne m'étonne pas puisque j'ai appris que Marie-Laurence Willemart avait passé une partie de sa vie professionnelle dans le secteur du textile (où travaille Emma ... ) avant de décider de changer de vie en enseignant l’anglais. Elle doit bien connaitre Londres car elle fournit au lecteur de précieuses indications. J'ai ainsi appris que Top Shop, sur Oxford Street était " le temple de la fringue branchée" (p. 85).
Je ne serais pas étonnée qu'elle ait aussi expérimenté les références de Bed and Breakfast et de pub qu'elle donne pour Burley (p. 145).
On remarque aussi quelques traits d'humour. Par exemple avec l'allusion au PDA comme disent les Américains quand ils croisent quelqu'un qui ne sait pas rester sous le contrôle (Public Demonstration of Affection p. 223). Par contre j'ai regretté que le livre se termine par un flash-back explicatif qui aurait pu figurer à une autre endroit. Mais que cela ne vous empêche pas de vous y plonger.
Derrière ses mots est son premier livre, un roman sensible sur les rencontres offertes par la vie. Je lui souhaite de poursuivre et j'ouvrirai avec intérêt le prochain.
Derrière ses mots de Marie-Laurence Willemart chez City Editions, en librairie depuis le 19 août 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire