Quand je lis un premier roman c'est rarement un auteur étranger que je découvre et j'étais donc heureuse d'avoir entre les mains un livre écrit par une jeune américaine. Le sujet m'intéressait aussi puisque l'action se situait dans le milieu de l'édition, lequel n'a pas les mêmes codes outre-atlantique.
L'énigmatique madame Dixon est avant tout un thriller psychologique. Il peine à démarrer véritablement et j'ai fait preuve de bonne volonté en poursuivant une lecture qui m'a accrochée à partir de la page 87 quand la vie de l'héroïne prend un tournant radical. Alors qu'elle vient de perdre son job, on lui propose de devenir la nouvelle assistante de Maud Dixon, l’auteure du best-seller de l’année.
La jeune femme pense avoir désormais les moyens de réaliser son rêve qui est de devenir écrivaine, ou plutôt "romancière" comme elle se plaira à le souligner.
Ce point de départ est assez proche du Diable s'habille en Prada car Florence est prête à tout accepter pour gagner une recommandation, à l'instar de la jeune Andie qui s'imagine que si elle satisfait touts les caprices de sa boss elle pourra ambitionner un vrai poste de journaliste. La comparaison s'arrête là car L'énigmatique Madame Dixon n'est pas une satire aussi acide du monde de l'édition que le film l'est de la mode. Pourtant Alexandra Andrews est journaliste et elle-même éditrice. Peut-être s'est-elle retenue de critiquer trop sévèrement le milieu dans lequel elle travaille.
Elle lâchera malgré tout qu'il est bien possible que Florence finisse éditrice plutôt qu'écrivaine (p. 57) ce qui trahit un jugement de valeurs. Ce dont souffre la jeune femme c'est surtout de ne pas trouver sa place et de ne pas avoir d'identité distinctive. Elle est prête à changer de vie pour la simple raison que la sienne ne lui convient pas. Pour commencer elle s'évertuera à copier sa nouvelle patronne. Sauf que celle-ci vivant sous pseudo la question de l'identité s'en trouve relancée et une des interrogations récurrentes sera de comprendre quel intérêt il y a à vouloir se faire passer pour une autre.
En refermant ce livre dont la fin est littéralement captivante je ne conseillerais à personne de suivre au pied de la lettre tous les conseils d'Alexandra Andrews malgré leur relative innocence. Elle n'est qu'apparente. Comme celui de recourir au mépris pour renforcer sa confiance en soi (p. 263). Par contre je la suis quand elle affirme l'importance d'avoir toujours un plan B. Sur ce point Florence a des progrès à faire mais elle apprendra vite.
On suit ses aventures en éprouvant à son égard une forte compassion. N'est-elle pas victime de "bug du destin" à répétition comme elle s'en plaint elle-même (p. 83) ? N'a-t-on pas nous aussi l'envie de modifier notre destin ? Mais suffit-il de le vouloir pour avoir le pouvoir de modifier la réalité ? On découvrira que le changement n'est jamais un processus linéaire (p. 163).
La manière de ponctuer le texte d'expressions françaises trahit peut-être l'appartenance de l'auteure à un milieu intellectuel vivant dans la proche banlieue new-yorkaise. Cela doit pimenter son texte pour les lecteurs qui le découvrent dans sa version originale. Une chose est sûre, rien n'est anodin et la moindre réplique peut abriter un indice. Comme dans tout bon roman policier.
Je suis curieuse de savoir si Alexandra Andrews poursuivra dans cette même veine avec un second roman.
L'énigmatique madame Dixon de Alexandra Andrews, traduit de l'américain par Isabelle Maillet, aux Escales, en librairie depuis le 7 octobre 2021
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