J'avais beaucoup apprécié Novecento d'Alessandro Baricco. Je n'allais pas manquer Soie, surtout mis en scène par William Mesguich.
De fait, il a très bien dirigé Sylvie Dorliat qui endosse la fonction de conteuse pour nous faire ressentir les sentiments qui ont traversé Herve Joncour (et son épouse) au cours et à la suite de ses voyages qu'elle nous invite à suivre en ponctuant les escales du doigt sur une mappemonde ancienne qui est en suspension au-dessus de la scène comme le serait le pendule du destin.
Vers 1860, Hervé Joncour entreprend quatre voyages au Japon, pour acheter des œufs de vers à soie. Dans ce pays dangereux et lointain, il va tomber follement amoureux d’une belle inconnue et cette rencontre va bouleverser sa vie. Désir, passion, velours d’une voix, sacralisation d’un tissu magnifique sont autant de fils impalpables qui tissent cette histoire dans laquelle s’entrelacent trois beaux portraits de femme : l’inconnue fantasmée à l’autre bout du monde, l’épouse aimante et fidèle et une tenancière de bordel.
C'est la comédienne qui a proposé le texte au metteur en scène qui s'en est emparé avec la volonté d'en respecter le mystère. Et jusqu'au bout on s'interrogera sur ce qui sépare fantasme et réalité. La révélation finale du spectacle léger et inexplicable qu'avait été sa vie n'en est que plus bouleversante tout en conservant sa part de mystère comme l'a voulu le metteur en scène.
Le texte est écrit avec une précision onirique qui revient en boucle à intervalles réguliers pour mieux nous faire tourner la tête. Le décor, bien que sobre, nous transporte dans un ailleurs qui sollicite tous nos sens. Les éclairages sont d'une précision sans faille. Quelques notes de piano colorent l'atmosphère.
C'est à la fois sensuel et doux, envoûtant et subtil, sérieux et humoristique, exotique et terrien, luxueux et dépouillé, noir et coloré. Tous les ingrédients magiques sont présents pour que le spectateur vive, par la voix chaude et modulée de Sylvie Dorliat l'expérience hors du commun de cet homme qui aura contemplé son destin comme d'autres un jour de pluie.
Plusieurs passions s'entrecroisent dans cette pièce qui nous apprend beaucoup sur l'âme humaine et sur un commerce qui fut aussi dangereux que fructueux, celui des vers à soie, qui fit quelques fortunes dans la région du Vivarais au XIX° siècle. On est surpris d'apprendre qu'il a été écrit en 1996.
Mise en scène et lumières de William Mesguich, avec Sylvie Dorliat.
Du 13 octobre au 28 novembre 2021, du mardi au samedi à 19 h.
Du 13 octobre au 28 novembre 2021, du mardi au samedi à 19 h.
Au Lucernaire - 53 rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris
Tous les vendredis soir, le public a rendez-vous pour prolonger son expérience de spectateur autour d’un verre.
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