Evelyne Dress en est coutumière. Elle excelle à embarquer ses lecteurs dans ses aventures qui sont systématiquement multiples : culturelles, gastronomiques, sentimentales … Avec elle, le voyage est toujours complet et ponctué d’imprévus.
Elle est encore parvenue à me surprendre avec ce nouveau roman, le septième qu’elle a écrit pour adultes, même si j’avais deviné la moitié de la fin, sans doute parce que je commence à bien la connaître.
De multiples détails m’ont permis de la reconnaître à travers le personnage d’Eva mais j’ai aussi mesuré à d’autres que ce n’était pas elle. Il me semble qu’au fil des publications, elle réussit à dire de mieux en mieux ce qui la caractérise le plus, un formidable appétit de vivre.
La citation de Stendhal placée en exergue résume son propre état d’esprit, même s’il y a une marge entre vouloir et pouvoir : Je ne veux désormais collectionner que des moments de bonheur. Et cette marge transparaît quand on regarde Eva mouliner le passé, …et le futur.
5 jours de la vie d’une femme, le titre annonce le sujet sans ambiguïté et la photo de couverture nous invite à suivre cette femme qui n’est ni tout à fait elle ni tout à fait une autre. Qui la fréquente un peu sait combien Evelyne Dress se sent à son aise dans un blouson de cuir.
Le personnage est glamour mais tout en assumant son âge et sans édulcorer ses faiblesses. Elle semble fantasque mais elle manque de confiance en elle, rendant si vraie cette affirmation de Sartre ; Quand on est aimé, on se sent justifié d’exister (p. 126). L’accumulation la rassure, les paillettes aussi (p. 61). Elle multiplie les expériences et on n’en sera même pas jaloux tant elle nous est sympathique. Elle avance sans masque et c’est bien réjouissant. Il se dégage de cette lecture un je ne sais quoi qui m‘a fait penser au film Les jeunes amants, mais en nettement plus positif. Quel bonheur !
À 70 ans, la plupart des femmes ont derrière elles une vie bien remplie : un mariage raté, des enfants décevants, une ménopause qui a tout chamboulé, un miroir qui leur rappelle que le temps a passé.Eva, 70 ans et divorcée, n’échappe pas à la règle ! Elle se retrouve seule la veille de Noël. Plutôt que de ressasser l’ingratitude de sa progéniture, elle jette quelques fringues dans une valise, dévale ses cinq étages, hèle un taxi.À Orly, elle prend un billet d’avion pour Biarritz et réserve une chambre au prestigieux Hôtel du Palais. Une folie.Elle ne parvient pas à croire que sa jeunesse s’en est allée et voudrait encore séduire. De préférence un homme jeune.Qui a dit qu’une femme de 70 ans n’avait plus de libido ?
On l’accompagnera à Biarritz, mais aussi à Bilbao, et on fera quelques détours fugaces par Rangoon (p. 106) et Petichet qui sont des lieux qu’elle a déjà choisis comme cadres pour de précédents romans.
On apprend énormément de choses, et pas seulement la recette du sandwich dieppois. Ce roman est une de ces lectures-plaisir qui fait apprécier les jours de pluie, quand on est coincé au chaud, et qu’on aurait aimé voir se prolonger. Nous étions prévenus, le séjour en sa compagnie serait bref, juste cinq jours. Mais je pense qu’il ne faut pas s’en inquiéter. Il y aura bien d’autres voyages à entreprendre avec cette auteure (pardon pour la féminisation du mot, je me doute que ça ne va pas lui plaire) qui compte de plus en plus dans le paysage littéraire.
5 jours de la vie d’une femme d'Evelyne Dress, éditions Glyphe, mars 2022, en libraire depuis le 11 mars 2022
1 commentaire:
Tres bel articles... bien mérité mais très bien rédigé Bravo!
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