Avec Les Chemins de Garwolin, Prix du roman Aumale 2016, Evelyne Dress nous embarquait en Pologne. Nous revenons en France avec le dernier.
Petichet est un hameau sur la route Napoléon entre Vizille et la Mure à trente kilomètres de Grenoble. Je ne me souviens pas particulièrement de ce village en particulier mais je connais ce trajet qui relie le Nord au Sud et qui symbolise pour moi le départ en vacances. Quatre lacs jalonnent la route et c'est toujours avec émotion que je les ai retrouvés chaque année pendant une longue période.
Ces souvenirs furtifs sont suffisants pour deviner le décor qui compose le cadre du roman.
Evelyne Dress s'est inspirée de ses propres souvenirs de vacances dans la ferme qui a abrité ses grands-parents pendant la seconde guerre mondiale, réhabilitée d'année en année, où elle est allée en vacances, de l'été 1958 à l'été 1974, jusqu'à l'âge de quinze ans.
Les premières pages du livre sont tout à fait autobiographiques. Il serait difficile d'inventer de toutes pièces des aventures aussi pittoresques que celles des deux familles d'Alma et de Jacques.
Néanmoins la romancière a pris de la distance et le trait est parfois appuyé, pour le plus grand plaisir du lecteur. Elle a eu raison de commencer par établir la galerie des personnages car on pourrait s'y perdre.
Les tempéraments sont très forts. A commencer par la grand-mère, hongroise, matriarcale, toujours en cuisine, les mains dans la farine, comme étaient beaucoup de femmes au siècle dernier. On suit chacun, quel que soit son sexe ou son âge et on se dit qu'il y a matière à un film savoureux.
Evelyne Dress ressuscite le mode de vie d'une époque où le romantisme avait toute sa place. Les jeunes gens s'exerçaient au hoola-hoop. On lisait Vipère au poing à l'ombre d'un arbre centenaire. Le temps s'écoulait avec lenteur, loin des agitations et des accélérations des réseaux sociaux. On pouvait prédire l'avenir. Et pourtant les passions flambaient en faisant fi des convenances, quitte à mettre la sacro-sainte famille en péril.
Le lecteur aimerait prendre parti pour Alma dont le coté rebelle est fort sympathique. Mais il penche pour sa soeur Jessica, qui mérite le bonheur autant que la cadette. De la même manière l'auteur ne dresse pas de Pierre comme de Jacques un portrait définitif. Chacun est tour à tour capable de grandeur d'âme comme de mesquinerie.
La passion dévorante fera-t-elle voler en éclats la bonne entente familiale ? La fin est astucieusement surprenante ... et ouverte.
La maison de Petichet d'Evelyne Dress, éditions Glyphe, septembre 2017
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