Pour ne pas manquer le début de Non, c'est pas ça ! il ne suffit pas d'être à l'heure. Le Centquatre est immense. Je vous conseille de prendre de la marge et d'arriver avec une certaine avance, le temps de trouver l’atelier 9, après avoir traversé la cour, gravi les escaliers, et arpenté plusieurs couloirs. A part ça, c'est fléché, donc faisable sans se perdre.
J'avoue, je suis arrivée essoufflée et je me suis laissée prendre par l'annonce au public sur les déboires de la pièce. Elle est habilement faite, avec maladresse, mais intentionnellement.
On a travaillé sur la Mouette. A la base on était 13. Désolés on est 3 (il compte mal, ils sont 4) mais on tient le rendez vous comme Constant l’aurait voulu. Nous allons faire en son honneur une minute de silence.
Cela se dit tragique, mais c'est ultra comique, comme souvent dans les situations dramatiques. Alors on rit.
En pleine situation de crise, quelques jours avant la représentation d’une Mouette « classique », trois comédiens montent, vaille que vaille, une "sorte de Mouette". Une fiction qui s’en nourrit, à partir d’un canevas qui mêle différents morceaux choisis, dans un décor éloigné des habituels topos tchékhoviens. Donc, pas de lac en vue, mais un endroit populaire et communautaire. Un camping d’été comme havre de poésie… Pas la pièce d’origine non plus, mais des variations autour de Treplev, ce jeune poète qui cherche à tout prix des formes nouvelles et dont les trois auteurs-comédiens-metteurs en scène s’inspirent habilement.
L'équipe a raison de la jouer "modeste". On ne leur reprochera pas leur jeunesse. Tout est cohérent : le texte, le jeu, le décor fantaisiste, les parti-pris musicaux, même la chanson de Johnny Halliday dont on devine qu'elle va surgir puisqu'il est question d'envie.
Et de l'envie les comédiens en ont. Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur et Jean-Baptiste Tur animent le spectacle avec une énergie incroyable. Ils ont fondé le collectif Le Grand Cerf Bleu en 2014 et signent tous les trois la mise en scène. Sous-titrée (Treplev variation) Non, c'est pas ça est leur première création. De digressions en digressions (faut que le public suive !) c'est un jaillissement permanent, malin et intelligent.
Et puis arrive sur scène Coco Felgeirolles qui fait des références à un temps qui remonte aux années 80. Je ne suis pas sûre que tout le monde comprenne les inférences mais elles sont fines et pour ma part j'ai beaucoup apprécié, en particulier les allusions à Jack et Monique Lang. j'avais le sentiment de revivre des moments que je croyais révolus.
Le spectacle a reçu le prix du public au Festival Impatience 2016. Il a été présenté en août dernier à la Mousson d'été. Il partira à Toulouse au festival Supernova les 24 et 25 novembre prochains. Pour le moment leur tente est plantée au Centquatre et on attend la prochaine création du collectif, au titre encore une fois très évocateur, Jusqu’ici tout va bien, pour la fin du mois de mars 2018.
Librement inspiré de la Mouette de Tchekhov
Metteur en scène : Le collectif le Grand cerf bleu
Avec Coco Felgeirolles, Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur et Jean-Baptiste Tur
Du 5 au 14 octobre 2017, du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h.
Au Centquatre-Paris, 5 rue Curial, Paris 19ème, Métro Riquet.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Simon Gosselin
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