Je peux dire que je connais bien l'univers du cirque contemporain, que j'apprécie énormément (sans renier le cirque dit traditionnel). et pourtant cette Envolée cirque dépasse en sensibilité bien des spectacles que j'avais cependant loués.
On nous annonce la performance comme la rencontre entre deux générations. On découvre avec stupeur qu'une troisième est en route. Même si les numéros ont un peu été adaptés pour ne pas épuiser la future maman ses acrobaties sont une prouesse.
Elle les exécute avec une infinie douceur, et dans une telle harmonie avec ses partenaires que le quatuor est en parfaite balance, au sens propre comme au figuré. y compris avec les deux musiciens, un violoncelliste et un clarinettiste, qui font davantage qu'accompagner les enchainements.
Pauline et Jeanne, jeunes acrobates, diplômées de l’Académie Fratellini, sont spécialistes de danse aérienne sur "Quadrisse", un agrès aérien constitué de quatre fines cordes noires. Michèle et Laurent, fildeféristes sur fil souple, sont en quête de l’équilibre depuis des années.
Dès l'entrée sous le chapiteau rouge de L’Envolée Cirque on s'installe autour d'une piste circulaire, en bois blond, adjacente à un podium où les deux musiciens nous embarquent illico quelque part du coté de l'Europe de l'Est. Il y a des accents nostalgiques, ou romantiques, très dansants et on se retient de descendre des gradins pour glisser sur le parquet.
Le rythme devient nerveux, saccadé. La scène est plongée dans un noir soudain. On se demande si le spectacle est commencé ... quand on découvre les circassiens perchés sur un disque, suspendu dans le vide. La clarinette semble leur crier de nous rejoindre. Qu'elle ne s'étonne pas ensuite d'étre provoquée par les jeunes acrobates qui, une fois pied à terre, iront asticoter les musiciens.
Le disque devient bateau dans une tempête, semblant lutter contre le déséquilibre. Les fils de tension résonnent, répercutent, crissent, crachent, composant un orchestre de percussions dans lequel le violoncelle est le premier à s'intégrer. Son compère s'invite sur la piste pour un air devenu oriental.
Ce sont d'étranges ballets que les deux acrobates et les deux fildeféristes composent, en glissant d'un tableau à un autre, comme en une suite infinie de fondu-enchainés. La musique devient jazzy, et donc joyeuse. les acrobates lui répondent par des suspensions humoristiques en mimant le danger.
L'instrument surenchérit, se faisant dompteur de serpents pour contorsions animalières. Les cordes deviennent longes et les acrobates des chevaux ailés. Voici réinventées les figures de la balançoire. Marcher sur un fil ne relève plus de la corde raide. Chaque réponse est la démonstration d'un nouvel équilibre. Les circassiens évoluent par paire, en effet de miroir ou de symétrie. c'est selon. en produisant des images toujours magnifiques. Sans jamais se départir d'un sourire qui illumine sans discontinuer les visages. Alors, forcément, le mimétisme opère et nous serons béats d'admiration avant la fin.
La prouesse s'oublie et fait la révérence face à tant d'élégance. L'ovation et le nombre de rappels sont à la mesure de leur talent et du plaisir qu'ils nous ont donné. On ressort léger, léger, du chapiteau rouge. Conquis. Avec une seule envie : crier à tous de venir, grands comme petits (à partir de 5 ans).
Du 6 au 15 octobre 2017
A 16, 18 ou 20 heures selon les jours
A repérer sur le site
Espace cirque
Rue Georges Suant – 92160 Antony
Photos de G.Galland, Christophe Chaumanet ou P.Deutsch
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