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lundi 20 août 2018

Juste un peu de temps de Caroline Boudet

J'ai lu Juste un peu de temps avant qu'il n'apparaisse dans la sélection des 68 premières fois, qui désormais s'élargit à quelques seconds romans.

Le thème annoncé, la charge mentale, est un sujet d'actualité. Tout le monde semble découvrir que malgré les tentatives d'égalité des tâches entre hommes et femmes celles-ci continuent de subir une pression très importante à devoir assumer leur travail, la gestion du foyer, les enfants etc ... tout en jouant le rôle de la "femme parfaite" dont on pensait qu'on pourrait s'affranchir en prétendant qu'on n'est pas une Wonder Woman. Sauf qu'on agit comme si...

Alors forcément, un jour ça craque. Caroline Boudet en a fait le point de départ d'un livre, j'allais dire charmant, parce qu'il est plein de bonnes intentions. Sans être dans l'atmosphère du conte de fées moderne ça y ressemble souvent. Les ingrédients y sont et on frôle la comédie romantique. C'est une lecture-plaisir, de celles qu'on classe dans les livres "feel-good", même si l'auteure va plus loin que les clichés.

Sophie, trentenaire, 3 enfants (adorables), un mari (bardé de qualités), un bon job, une vie qui roule, mais mille et une (petites) choses à faire qui surtout ne laissent jamais un instant de liberté. Il y a longtemps que le mot solitude est sorti de son quotidien.
Beaucoup de femmes se reconnaitront dans le portrait de Sophie. Les lectrices du groupe des 68 souriront à l'évocation de la petite colline de bouquins qu'elle se promet de dévorer (p. 16) quand elle en aura le temps. On espère que les enseignants seront nombreux à entendre le message de cesser d'appeler prioritairement la mère en cas de souci (p. 28). Voilà une résolution de rentrée à leur souffler. Les féministes apprécieront qu'elle aborde (p. 68) le tabou du refus de la maternité et l'arnaque du congé de mater (p. 74). Ce serait effectivement judicieux d'opérer un changement de dénomination !

L'auteure a raison aussi de dire que le girl power a pris un sacré coup de chevrotine dans l'aile (p. 74). Néanmoins, cela reste selon moi un peu léger. On est bien dans une alerte sur un trop plein de charge mentale mais pas dans l'univers du burn-out comme j'ai pu lire ici ou là.

Pour avoir vécu un tel épisode je peux dire que lorsque ça arrive c'est bien plus grave que ce que connait Sophie. Et ce ne sont pas trois petits jours d'évasion qui permettent de reprendre le collier. C'est bien là le noeud du problème. Il ne s'agit pas de se changer les idées pour recommencer ensuite à l'identique mais de réussir à opérer un changement de fond. Peut-être en commençant par jeter au panier les to-do-list qui vampirisent notre capital temps.

On aimerait bien se projeter trois mois plus tard pour constater quelles suites aura eu l'escapade que nous raconte Caroline Boudet. En attendant on se satisfera de cet opus dont la construction sur le mode choral apporte de l'énergie au récit et permet d'en élargir la portée avec un humour qui ne doit pas faire oublier que ce n'est pas que du roman.

Juste un peu de temps de Caroline Boudet, chez Stock, en librairie depuis le 5 mai 2018

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