Space age : quand la conquête spatiale inspire le design, tel est le thème d'une exposition proposée par le MumEd qui est le Musée de la ville de SQY qui se trouve à Montigny-le-Bretonneux.
La conquête spatiale a été l'une des grandes aventures du XXème siècle. Elle a marqué les cœurs et les esprits, au point d'inspirer l'esthétique et l'imaginaire de toute une époque.
D’abord en terme d’avancée technologique. Ainsi, si le casque sans fil a été inventé c’était à l’origine pour que Neil Armstrong puisse clamer le 21 juillet 1969 qu’il avait fait un pas sur la lune sans être gêné par un câble d’alimentation électrique. Nous ne nous en rendions pas compte en regardant les images mais il aurait été impossible de le faire sans wifi.
Il a fallu aussi miniaturiser les batteries pour qu’elles n’encombrent pas les navettes spatiales.
En design, ce style est désigné d’un nom inventé au milieu des années 1990, donc après-coup. C’est le "space age", qui traduit un mélange de fascination pour les sciences, d'utilisation des nouveaux matériaux disponibles et de formes rondes et organiques qui ont inondé nos intérieurs à partir des années 60.
Cette tendance était en action bien antérieurement, favorisée par les progrès scientifiques et technologiques issus de la Seconde Guerre mondiale. Source d’une immense fascination, d’autant plus forte qu’elle coïncide avec l’essor de la télévision et une diffusion planétaire, l’exploration spatiale a eu un impact considérable dans le domaine de la création. Comme tout mouvement artistique, le Space Age se définit par des caractéristiques multiples, qui puisent autant dans la réalité historique et scientifique de cette conquête que dans un imaginaire plus ou moins fantasmé. Cette exposition a notamment pour ambition de cerner ces spécificités : le goût pour la courbe, l’ovale, l’ellipse et la couleur blanche.
C’est parce que le Musée de la ville de SQY est riche d’une collection sur le design et les modes de vie, qu’il est légitime pour proposer cette exposition en collaboration avec de prestigieux prêteurs comme la galerie XXO de Romainville qui loue souvent des objets pour le cinéma. Certains objets ont disparu de nos intérieurs mais ce qui était confortable, solide et fonctionnel a traversé les années.
Au tout début de l'exposition (voir photo en tête de l'article) on rappelle -en toute logique- un instant de la conquête spatiale au visiteur avant qu'il ne parcourt les allées pour s'arrêter sur des objets qui furent quotidiens, certains étant même élevés au rang d'objets d'art.
Il faut savoir que l'homme a cherché très tôt à s'envoler et que les débuts ont eu lieu dans la région. Les frères Montgolfier ont fait leur première démonstration devant le roi à Versailles en 1783 avec un ballon qui était alors attaché au sol. Le second vol eut lieu à Clamart. Le troisième à Saint-Cyr-l'Ecole. Cette volonté de décoler a nourri l'imaginaire. Et c'est à Clément Ader que l'on doit l'invention du mot "avion".
Lampes Eclisse de Vico Magistretti, commercialisée par Artemide 1965-67 (Musée de la ville). Le nom de cette lampe de chevet signifie éclipse en italien en raison de la possibilité de faire pivoter la sphère interne à l’intérieur de l’hémisphère rouge pour modifier l’intensité lumineuse.
On remarque sur la gauche un fauteuil gonflable (mais solide grâce à sa structure compartimentée) que l’on verra dans des séries télévisées et au cinéma.
La chaise First est fondée sur un jeu de sphères et de disques évoquant planètes, satellites et atome. Fabriquée en acier et bois coloré, elle est représentative du mouvement italien Memphis, fondé en 1980 et auquel participe son créateur, Michele de Lucchi (prêt galerie XXO).
Sur le cube il s’agit de la Lampe Nesso conçue en 1962 par un collectif de six architectes, dont Giancarlo Mattioli. Elle a ensuite été éditée par Artemide, spécialiste de l’éclairage haut de gamme. La forme de l’abat-jour vise à faire disparaître l’ampoule, jugée trop agressive. La lumière diffusée est douce et idéale pour un éclairage d’ambiance. Malgré une fabrication industrielle, elle évoque la nature avec sa forme de champignon même si certains y voient la référence à une explosion atomique.
Siège Globe ou Ball Chair du créateur finlandais Eeero Aarnio, éditée à partir de 1966 sans intention de s’inscrire dans la mouvance du Space Âge mais qui témoigne évidemment du goût de l’époque pour les espaces intimes, voire confinés des habitats spatiaux, à moins d’y voir un précurseur de la tendance cocooning.
Derrière, le tapis en pure laine vierge Climat (lui aussi sorti des collections du Musée) du sculpteur Pierre-Martin Jacob qui fut un des cinq lauréats d’un concours organisé par Fondation Woolmark en 1972. Les volutes aériennes du motif illustre le goût pour ce qui était psychédélique. Ceux qui ont connu Chapeau melon et bottes de cuir ne seraient pas surpris de voir surgir un des personnages de la série télévisée.
Table et chaises attribuées à Matti Suuronen - années 1960-1970
Et Panorama lunaire, mission Apollo 17, 1972 (photo NASA)
Lampe à fibres optiques, anonyme, années 70, appartenant au Musée de la ville
L’architecture porte elle aussi les traces de cet engouement. Un diaporama nous montre des monuments célèbres comme l’Atomium édifié en 1957 à l'occasion de l'Exposition universelle à Bruxelles, et représentant la maille conventionnelle du cristal de fer agrandie 165 milliards de fois.
Ou encore, face à l'archipel des Glénans, sur une plage de sable blanc bordée de pointes rocheuse, le Village club de Beg Meil, récemment rénové. À l’abri des dunes et des pins, l’architecture-sculpture singulière imaginée à deux mains à partir de 1965 par les architectes Henri Mouette (1927-1995) et le sculpteur Pierre Székely (1923-2001) se compose d’une succession d’unités d’habitation cylindriques groupées et rangées de manière décalées, auxquelles il faut ajouter des équipements collectifs aux formes courbes et à l’aspect ludique abritant la réception et les restaurants. L’originalité de ce village tout en rondeur a été saluée par l’obtention du label "Patrimoine du XX siècle" en 2007.
Autour de l'exposition, on pourra suivre un parcours jeune public, effectuer un atelier en famille pour réaliser à plusieurs un objet "space age" (les Samedi 18 février, mercredi 1er mars, Samedi 29 avril et mercredi 3 mai à 14h30) - À partir de 6 ans, également participer à la la Nuit des Musées en passant toute une soirée au MumEd (musée et médiathèque) le Samedi 13 mai en soirée. Renseignez-vous sur les conditions d'inscription, de gratuité ou de tarif spécial SQY.
Du 10 février au 8 juillet 2023
Les mardi, mercredi, vendredi et samedi de 14h à 18h (sauf jours fériés)
Visites guidées de 45 mn tous les samedis à 15 h – à partir de 7 ans –
Entrée libre (groupes sur réservation)
Renseignements à l'accueil du musée - hall du MumEd (médiathèque et musée)
Au MumEd, le Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines
Quai François Truffaut (quartier Saint-Quentin)
Montigny-le-Bretonneux - 01 34 52 28 80
SQY est un label désignant le regroupement des Communes de Saint-Quentin-en-Yvelines : Coignières, Élancourt, Guyancourt, La Verrière, Les-Clayes-sous-Bois, Magny-les-Hameaux, Maurepas, Montigny-le-Bretonneux, Plaisir, Trappes, Villepreux et Voisins-le-Bretonneux.
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