Cécile David-Weill est une romancière française vivant à New-York. Elle aborde dans La cure plusieurs types de relations d'emprise, et de harcèlement, sans oublier les diktats sociétaux. Elle met à jour des secrets, dévoile la vérité cachée derrière ce qui est montré en façade.
Chacun dans ce roman joue un rôle, porte un masque, dont il va falloir se débarrasser, autant que des kilos superflus …ou pas.
Si le ton n'était pas malgré tout léger, avec un côté boulevard, ce roman serait vite déprimant. Mais au final voilà, sous le vernis d’une comédie sociale légère, un roman inspirant, qui présente un regard de femme sur les femmes, sur l’amitié féminine, leur rapport au poids, au couple, à l’ambition professionnelle, au célibat, à la sexualité, et au formatage social.
Le livre commence avec Christine, chroniqueuse gastronomique à la télévision, qui décide d’aller perdre du poids dans une clinique au sud de l’Espagne. Son parcours sur place se télescope avec celui de trois femmes et un homme, qui ont chacun leur histoire. Les événements vont s’enchaîner, et leurs destins s’entrelacer, entraînant ainsi le lecteur au cœur du centre de remise en forme pour y découvrir, dans les moindres détails, souvent hilarants, le déroulement d’une cure. Tout y passe, l’organisation de la clinique avec les pesées du matin, les cours de méditation, les lavements artisanaux, les massages ayurvédiques, les séances d’acupuncture et les menus diététiques, ainsi que les jus, les bouillons et les tisanes. Mais ce huis clos met aussi en scène le théâtre de la vie, avec les secrets, les rêves, les complexes et les tourments des protagonistes, décrits, loin de tout conformisme, avec autant de sensibilité que d’acuité psychologique.
La galerie de portraits se compose de personnages hauts en couleur. J'ai beaucoup apprécié la liste permettant de s'y retrouver en installant une atmosphère de pièce de théâtre.
On rencontre une bourgeoise névrosée incapable de se déplacer sans Popcorn, un adorable petit chien. La veuve d’un célèbre restaurateur aux allures de prêtresse qui est médium. Une vieille dame au passé sulfureux. Et un bel homme d’une soixantaine d’années affable et inquiétant dont on comprend vite qu'il est un imposteur. Tous plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord, et qui se retrouvent chacun transformés à des degrés divers par cette cure, donnant lieu à suspens et rebondissements.
J'ai envie de reprendre à mon compte la morale du savoureux conte zen qui nous est raconté (p. 163) : Comment dire si c'est bien ou mal ?
Autre question intéressante (p. 198) : Doit-on intervenir quand on est au courant d'une mauvaise action qui se trame ?
Pour ma part j'ai été très tentée par une séance d'acupuncture comme celle qui est décrite (p. 219) alors que j'ai été effrayée par les "joies" de la purge (p. 92). Cécile David-Weill pourrait me convaincre de me mettre au thé à l'hibiscus ou à la citronnelle.
Mais que le lecteur ne s'y trompe pas; Ce livre est un roman et pas un livre de conseils même si celui qui est prodigué p. 296 est d'une grande sagesse : Vous avez juste à vous occuper de vous en faisant en sorte de pratiquer le meilleur de vous-même quelles que soient les circonstances.
La cure de Cécile David-Weill, Editions Odile Jacob, en librairie le 8 mars 2023
Article illustré avec un savon des Filles de Marjane (dont j'ai parlé dans cette publication il y a quelques jours)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire