Ce n'est pas moi que vous voyez sur cette photo mais une petite fille qui déambule, fait un petit geste de bienvenue, et sourit au public en train de s’installer sur les gradins.
Sa présence nous rappelle que nous sommes avant tout dans l’univers du conte. Et sa silhouette est un charmant clin d’œil à Amélie Nothomb qui porte toujours un chapeau noir et dont la couverture du livre était noire et rouge.
L’enfant ferme le livre. Le rideau peut s’ouvrir … et accueillir des centaines d’Amélie, candidates à une colocation. C’est un joli début.
Don Elemirio Nibal y Milcar est un noble espagnol qui vit seul dans un hôtel de maître du 7ème arrondissement de Paris dont il ne sort jamais. Par le biais d’une annonce, il propose à la location une grande chambre très confortable et anormalement bon marché. Saturnine, jeune femme très vive d’esprit et passionnée d’art, vient présenter sa candidature et apprend que, si huit femmes ont déjà obtenu cette colocation, elles ont aussi disparu. Et on n’a plus jamais entendu parler d’elles…
J'avais lu Barbe bleue à la rentrée littéraire de 2012 et la chronique que j'ai écrite à l'époque s'accorde quasi parfaitement au spectacle que j'ai vu à l'Artistic théâtre.
Je comprend donc qu'Amélie Nothomb ait apprécié cette version théâtrale de son roman. Don Elemirio (Pierre Forest) y incarne la figure de l’ogre. Mélaine (Cédric Colas) est un majordome mystérieux d’une drôlerie jouissive, farfelue à souhait, aux manettes d’une drôle de machine à tout faire. Saturnine (Gisèle Worthington) n’est pas une ingénue et son amie Corinne (Helen Ley) joue très bien son rôle d’alerte.
Le champagne coule, inévitablement puisque cette version fluide de l’or est, de notoriété publique, le breuvage préféré d’Amélie. Le décor est stylisé par les éléments essentiels comme la porte, un lustre et un miroir, lequel permet une séance d’essayage de robes surréaliste et magique. Les costumes de Dominique Bourde et Isabelle Pasquier sont comme toujours exceptionnels.
Ce que Frédérique Lazarini nous propose, et elle a eu raison de le faire, c’est une vision certes fidèle au livre et au conte de Perrault (écrit en 1697), mais en ajoutant des références à bien d’autres comme la naïveté (apparente) de Boucle d’or, la séduction à laquelle on assiste dans La Belle et la Bête ou Peau d’âne, ou en faisant chantonner à Saturnine la recette du cake d’amour que Jacques Demy a fait interpréter à Catherine Deneuve dans son film (1970).
Elle réussit, et ce n’était pas évident, à monter un spectacle qui s’adresse à tous les publics (rappelons que le livre est destiné aux adultes) en sollicitant notre capacité à nous amuser, la conscience tranquille puisque (pour une fois si on considère l’actualité) le prédateur n’est pas celui que l’on croit. L’ingénue n’est pas si inoffensive qu’il y parait et c’est le soit-disant ogre dont on aura -peut-être- envie de prendre le parti.
Barbe bleue, d’après Amélie Nothomb, adapté et mis en scène Frédérique Lazarini
Scénographie et lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde et Isabelle Pasquier
Création sonore François Peyrony
Chorégraphies Françoise Munch
Vidéo Hugo Givort
Costumes Dominique Bourde et Isabelle Pasquier
Création sonore François Peyrony
Chorégraphies Françoise Munch
Vidéo Hugo Givort
Créé le 27 février 2023 puis reprise avec une nouvelle distribution à partir du 9 mai, avec Pierre Forest, Gisèle Worthington, Cédric Colas, et Helen Ley
Du mardi au dimanche à 20 h30 (sauf les mercredis et dimanches à 17 h, représentation supplémentaire les samedis à 17 h)
Au Théâtre Artistic Athévains - 45 Rue Richard Lenoir - 75011 Paris
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