J'aurais dû voir Hedwig and the Angry Inch au Rouge-gorge pendant le festival d'Avignon mais voilà, ce n'est que trois mois plus tard que j'ai assisté à ce show, au Café de la Danse, où il va se produire plusieurs lundis d'ici la fin de l'année. C'est peu pour un spectacle aussi sensationnel mais il faut considérer ces dates comme un début.
Sensationnel, j'ai lâché le mot parce que je n'en trouve pas un plus juste. J'avais beau savoir que c'était du "théâtre" j'y ai cru à 100% tant Brice Hillairet est naturel. Et ce n'est pas une nouveauté de l'écrire puisque je l'avais déjà trouvé prodigieux dans Ma folle otarie.
Molière de la révélation masculine 2020, il est vraiment remarquable dans le rôle principal. Difficile de croire que pendant le festival il faisait le grand écart en jouant l'après-midi un théâtre plus classique avec Catherine Jacob (qui était venue le voir ce soir) dans "Agathe Royale" aux Gémeaux.
Il faut aussi féliciter Anthéa Chauvière (Yitzhak) qui fait une prestation également remarquable.
Le spectacle tient de beaucoup de genres : théâtre musical, comédie musicale, concert, stand-up et performance. Et je veux tout de suite souligner les qualités acoustiques de la salle, où qu'on soit placé.
À travers ses chansons et ses confidences, Hedwig, chanteuse rock transgenre d’origine est-allemande "ignorée au niveau international", accompagnée de son choriste et mari Yitzhak et de son groupe The Angry Inch, raconte son parcours chaotique : son adolescence de mauvais garçon à Berlin-Est, sa fascination pour le rock et son envie de liberté, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l’Allemagne en épouse d’un sergent américain...
Ni homme ni femme, entre humour queer et confidences trash, Hedwig, au milieu du gué, bouscule tous les codes de la bienséance, et raconte surtout l’histoire de son premier amour devenu une des plus grandes stars du rock qu’il / elle ne cesse de poursuivre...
Hedwig and the Angry Inch a déjà une longue carrière. La création de ce qu'on qualifiait alors de Musical Rock remonte à 1998 et c'est John Cameron Mitchell qui incarna le rôle titre. Il remporta un Obie Award et le Outer Critics Circle de la meilleure comédie musicale Off-Broadway. Plus tard la production remportera avec Neil Patrick 4 Tony Awards dont celui de la meilleure comédie musicale en 2014. Entre temps John Cameron Mitchell l'aura adapté pour le cinéma en 2001.
Alors si le sujet vous "dit" quelque chose c'est tout à fait normal et le défi d'en faire la première adaptation française était d'autant plus haut à relever pour la distribution actuelle.
Si la pièce est culte dans le milieu LGBT il n'est pas nécessaire de ne pas être hétérosexuel pour l'apprécier.
Les musiciens sont déjà sur scène quand le public s'installe. L'esprit allemand sera respecté, avec de nombreuses références, comme celle-ci à propos de la fresque célèbre Le baiser fraternel entre Brejnev et Honecker que l'on doit au Russe Dimitri Vrubel. Soyez attentif et vous la verrez apparaitre en projection.
Décor, costumes, lumières, musique, jeu, mise en scène il n'y a que des compliments à faire. Les chansons sont traduites et les paroles défilent sur un écran au-dessus de la scène. C'est là qu'on se rend compte que les paroles sont totalement désuètes et que la mélodie fait tout le succès des titres américains.
On la doit à Stephen Trask, un musicien et compositeur américain diplômé de l'Université Wesleyan. Il était directeur musical et membre du groupe house du club new-yorkais Squeezebox. Il a composé la musique et les paroles de la comédie musicale Hedwig and the Angry Inch ainsi que du film de 2001. Il a reçu un Obie Award pour la pièce, et une nomination aux Grammy Awards pour le film. Trask a travaillé sur cinq films avec le cinéaste Paul Weitz. Il a également composé la partition d'In Good Company en 2004 et d'American Dreamz en 2006. Trask a travaillé sur de nombreux autres films comme Dreamgirls (2006), The Savages (2007), The Back-up Plan (2010), Lovelace (2013).
Ce soir il était dans la salle et a manifestement beaucoup apprécié le travail des français. Il est monté sur scène à la fin pour chanter avec eux. Moment ô combien réjouissant ! On le voit en costume de couleur rouille aux saluts.
Même sans sa présence le spectacle est un grand moment à ne pas manquer si on aime le rock, un peu, beaucoup … et même si c'est moins.
Hedwig and the Angry Inch
Mise en scène de Dominique Guillo
Avec Brice Hillairet (Hedwig), Anthéa Chauvière (Yitzhak), Lucie Wendremaire (batterie et choeurs), Louis Buisset (guitare et choeurs), Antonin Holub (basse et choeurs) et Raphaël Sanchez (Directeur musical, coach vocal et pianiste)
Direction musicale Raphaël Sanchez
Adaptation Brice Hillairet et Dominique Guillo
Création lumière Jacques Rouveyrollis
Conception sonore Christophe Yvernault
5 Passage Louis-Philippe, 75011 Paris
Les lundis 20 et 27 novembre, 11 et 18 décembre, 8 et 15 janvier 2024
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