Quand je pense que j’avais regretté de ne pouvoir le voir en avant-première considérant que ce n’était pas l’urgence cinématographique de l’année, comparativement au si excellent Règne animal !
J’ai un grand respect pour l’œuvre d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui nous ont livré deux superbes films à message, je veux parler de Hors normes et Intouchables que je ne pouvais qu’avoir des a priori positifs pour Une année difficile même si Le sens de la fête m’avait un peu laissée sur ma faim.
Après avoir conçu leurs films sur des duos c’est cette fois un trio composé de Pio Marmaï, Jonathan Cohen et Noémie Merlant que l’on n’a pas l’habitude de voir dans un registre comique. Jusque là je suis partante.
Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course. Leur coup de bol sera de croiser des jeunes militants écolo qui vont leur ouvrir les bras, et surtout leur fournir à manger et à boire gratis. Ces consommateurs compulsifs et pire encore -tricheurs- auraient pu s’amender mais non. Ils vendraient père et mère sans un remords.
J’étais loin, très loin de me douter que j’éprouverais une déception abyssale. Avec eux, malgré Une année difficile tout est bien qui finit bien. On peut avoir un accident mortel et s’en sortir indemne et sans la moindre séquelle (merci la Sécurité Sociale pour la prise en charge des frais) pour ensuite danser la valse sur le Pont Neuf. On peut surconsommer à donf et faire effacer ses dettes. On peut être interdit de casino et gagner des sommes folles (bonus d’après générique). On peut se moquer des écologistes sans conséquence aucune, bien au contraire puisque qu’on a tout à y gagner, même l’amour.
Le réchauffement climatique est sans nul doute une ineptie pour les deux réalisateurs qui ridiculisent les écoresponsables et célèbrent le surendettement et le trafic organisé. C’est une comédie, disent-ils pour se défendre de n’avoir pas voulu glisser de message social ou politique dans leur film. Et ils renchérissent en voulant nous faire croire qu’invoquer la référence de la comédie à l’italienne (comme savait si bien la filmer Ettore Scola) va nous attendrir.
Je n’aurais pas été contre des scènes où la méchanceté aurait été montée en épingle pourvu qu’elle soit mordante sans être méprisante et qu’elle fasse réfléchir à l’instar de Hors normes et Intouchables (tout en accordant une belle place à l’humour) mais cette fois je n’ai pas trouvé ça drôle. Sans doute parce que je n’ai pas le sens de leur fête.
Un seul moment a provoqué une forte émotion, c’est la scène de l’avion arrêté par des militants sur la superbe musique des Doors (The end). On jurerait que l’avion est un personnage et cet anthropomorphisme est troublant. Mais elle fait l’on feu.
On ne saisit pas quel est le point de vue des réalisateurs sur notre époque, ni de quel côté ils se situent. On peut craindre qu’ils soient plus favorables à la société de consommation qu’à un mode de vie raisonné, peut-être parce que ça n’est pas réjouissant.
Le surendettement est un sujet sérieux mais on en parle à notre manière. On a juste voulu rire de sujets d’actualité disent-ils (comme si le réchauffement climatique et la surconsommation prêtaient à s’amuser). On peut donc imaginer que leur prochain long métrage se déroulera en Ukraine, en Russie, en Israël ou en Palestine que les "actualités" nous mettent tous les jours sous les yeux. Oseront-ils en rire pour nous empêcher d’en pleurer ? Heureusement Ken Loach, lui, ne renie pas ses valeurs. Il le démontrera une fois de plus avec The Old Oak à partir du 25 octobre.
Et si vous cherchez un scénario qui tienne la route, lisez Les corps solides de Joseph Incardona. Tous les ingrédients y sont, sans manquer de respect.
Une année difficile, film réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire