Sans la bande-annonce que j’ai découverte à l’occasion d’une autre séance de cinéma je ne serais pas allée voir Marie-Line et son juge. Ce n’est pas le type d’image qui me tape dans l’œil. Et pourtant on y trouve un morceau de la voiture qui faisait la couverture du roman.
Je connaissais l’histoire. C’est celle de Marie Leroy, une jeune femme peu gâtée par la vie qui se débrouille avec ce qu’elle a dans sa ville natale du Havre, qui a été imaginée par Murielle Magellan sous le titre autrement plus poétique de Changer le sens des rivières.
Suite à une déception amoureuse elle commet un délit sur son ex-amoureux (Victor Belmondo) qui sera jugé par l’homme sur lequel elle a, quelques jours auparavant, renversé un verre dans le café où elle travaille. La somme est trop lourde pour ses petits moyens. Elle va devoir trouver une solution pour la régler. Ce sera le juge qui l’aidera à réparer …
J’avais été dithyrambique à la sortie du livre, que j’imaginais en version cinématographique tout au long de ma lecture. Alors forcément j’étais très enthousiaste à l’idée d’aller le voir sur grand écran. Savoir que le réalisateur était Jean-Pierre Améris avait achevé de me convaincre. D’autant que j’étais persuadée que l’auteure en avait fait elle-même l’adaptation puisqu’elle a déjà écrit pour lui plusieurs scénarios, "La Joie de vivre", "Une famille à louer", "Profession du père". Résultat : je suis mitigée.
Je loue le jeu des acteurs, mais bien que je puisse m’imaginer les personnages tels qu’on me les montre il me semble que la serveuse n’a vraiment pas été gâtée par la costumière (Anne Schotte). J’ai bien compris que le réalisateur voulait en faire une sorte d’Erin Brockovich sauf que là elle n’a pas pour ambition de changer le monde mais juste sa vie et peut-être celle de son père. Le résultat dessert l’actrice, et par voie de conséquence le personnage qui endosse un rôle caricatural qui n’apparaît pas dans le roman.
Et pourtant je soulignerais sans attendre combien Louane (qui apparaît au générique avec son patronyme, Louane Emera) s’affirme comme actrice, même si elle reste dans la ligne que l’on connaissait avec son rôle dans La famille Bélier. Michel Blanc est comme à son habitude, sensible, bougon mais généreux. Il n’est pas à contre-emploi.
Le titre « changer le sens des rivières », était familier au public pour être une phrase d’Alain Souchon venant de la chanson "les yeux d’Ava Gardner". Pourquoi avoir renoncé à sa poésie ? Le choix de Marie-Line et son juge est réducteur parce que l’histoire ne se limite pas du tout à ces deux personnages. Les autres aussi évoluent. Le père de Marie-Line (admirable Philippe Rebbot) va lui aussi connaître du changement.
Je comprends que l’amie du juge (délicate Nathalie Richard) soit devenue conventionnelle mais je préférais le parti-pris de l’écrivaine, autrement plus courageux. Lisez donc sa version ! Étaient-ce de bonnes raisons pour que Murielle Magellan ne soit pas la scénariste ?
On a laissé le petit ami de la jeune femme s’appeler Alexandre et il est toujours autant fan de François Truffaut. L’inflation a fait monter le prix de la condamnation de Marie-Line. Il lui faudra rembourser 1500 € contre 850 dans le roman (et croyez-moi avoir du mal à trouver cette somme là en disait long sur les difficultés financières de l’héroïne alors que le montant de 1500 est tout de suite très élevé).
Je ne vais pas pointer toutes les différences, il est logique qu’il y en ait. Si, peut-être encore la rencontre entre Marie et le juge qui se fait suite au renversement d’une tasse de tisane et pas d’un whisky qui le marque définitivement comme alcoolique. Et le joli épisode de la tarte Tatin m’a manqué.
L’action se déroule toujours au Havre mais je trouvais les évocations plus belles par écrit qu’en images même si les décors (Sébastien Gondek) sont irréprochables.
Et pourtant c’est un bon film, peut-être un peu trop consensuel, donneur de leçons, qui aurait gagné en rythme à être allégé d’une bonne vingtaine de minutes. Le suspens n’est pas l’issue mais le chemin que prendront les personnages pour redresser leur destin.
Marie-Line et son juge, un film de Jean-Pierre Améris
Scénario et dialogues de Marion Michau et Jean-Pierre Améris
Avec Louane Emera, Michel Blanc, Victor Belmondo, Philippe Rebbot, Nathalie Richard …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire