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lundi 8 juillet 2013

Les objets du Titanic exposés à la Porte de Versailles


(mise à jour le 8 septembre)

Qui n'a pas vu l'une ou l'autre version du naufrage du Titanic ?

On sait à peu près tout de cette catastrophe, autant imputable à la fatalité qu'à la folle ambition des hommes. Mais voir de près les objets qui ont été remontés à la surface presque un siècle plus tard a quelque chose de spécial.

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le plus grand navire jamais construit au monde, véritable palace flottant et prouesse technologique, sombra suite à une collision avec un iceberg causant la mort de plus de 1 500 personnes et altérant à tout jamais la confiance des peuples à l’égard de la technologie moderne.

Ce qui est devenu, avec les années, une quasi légende, prend soudain un accent de vérité saisissable. On ressent une proximité pour ces passagers, qu'ils soient de première ou de troisième classe, sans oublier l'équipage, et la paroi de glace où leurs doigts sont symboliquement incrustés donne littéralement le frisson.
Le pavillon 8 du Parc des Expositions de la Porte de Versailles est devenu le ventre du paquebot pour quelques mois.

Pour des raisons de conservation, la visite s'effectue quasiment dans la pénombre, ce qui ajoute au caractère dramatique.

Deux principes facilitent la progression dans l'exposition : les panneaux explicatifs sont concis, bien écrits, et se lisent rapidement. Un audioguide apporte des informations complémentaires. Nous ne sommes pas abreuvés de chiffres et de données techniques. Tout est raconté avec simplicité.
Les maquettes sont inévitables pour faire apprécier l'échelle des diverses parties du paquebot.

Pour résumer, on croyait le Titanic insubmersible alors on n'a pas cru nécessaire de le doter d'autant de canots de sauvetage qu'il aurait fallu pour y recueillir tous les passagers. Néanmoins ils étaient plus nombreux que ce que la loi exigeait de faire à cette époque. Pire : les premiers sont partis quasiment à vide car on se croyait davantage en sécurité sur le navire que sur ces rafiots.

Si on compare les chiffres, il y eu quantitativement plus de survivants parmi les membres d'équipage qu'en première classe. Mais proportionnellement ce sont les passagers les plus riches qui eurent le plus de chance d'être secourus. Au total 700 personnes. La dernière s'est éteinte le 31 mai 2009 à l'âge de 97 ans. Millvina Dean avait un peu plus de deux mois au moment de la traversée et n'a donc jamais eu de souvenirs du naufrage.

La mortalité est davantage imputable à la température de l'eau, glacée, qu'à la noyade. Et si le paquebot
avait été plus proche il y aurait eu une majorité de rescapés.

Et surtout, comme pour la majorité des accidents de la route, la vitesse a été le facteur aggravant le plus déterminant.

Passons maintenant à la dimension humaine. De très riches personnalités avaient entrepris la traversée pour le prestige. Mais beaucoup d'immigrants avaient saisi là leur chance, du moins le croyaient-ils, de vivre une existence meilleure outre-atlantique. Une musique irlandaise fort entrainante est diffusée dans la salle d'embarquement. Ce voyage était un évènement.
On a l'illusion d'être un de ces privilégiés. Les répliques sont parfaites, jusqu'au détail des plafonniers. Et c'est la réplique d'une vraie carte d'embarquement qui nous a été remise, donnant une dimension très humaine à notre visite.
Le couloir des premières est saisissant de réalisme, avec les numéros des cabines sur chacune des portes.
L'espace est volumineux. Je connais des parisiens qui sont logés dans un studio moins vaste. On s'y sent comme dans le meilleur des hôtels. Le Ttitanic est un palace. Parmi les passagers, d'ultra riches américains comme les Guggenheim, Astor et Straus.
La traversée s'effectuait dans un luxe inouï. Mais le paquebot offrait des conditions de séjour très améliorées aux passagers de troisième classe, comparativement à ce qu'on connaissait jusque là.

Les objets qui sont montrés sont essentiellement de la vaisselle et des petites choses témoignant du mode de vie de l'époque. Ainsi les malles rappellent que les vêtements avaient besoin d'emballages particuliers.
Des pots de chambre étaient fournis à bord dans les cabines pour pallier un soudain mal de mer. Celui-ci est posé sur des carreaux de sol de troisième classe.
Les lavabos des premières classes étaient équipés de robinets à ressorts Doultou & co Limited. Ils se fermaient automatiquement afin d'éviter le gaspillage d'une eau douce très précieuse.

Une des parties les plus opulentes à bord du Titanic étaient les Bains Turcs qui étaient réservés à l'usage exclusif des passagers de première classe, moyennant l'acquittement d'une somme équivalent à un dollar par personne. Les Bains se composaient de vapeur, de pièces chaudes tempérées, et de refroidissement ainsi que d'une pièce de shampoing. Des efforts considérables furent déployés pour que les Bains Turcs aient l'air aussi "exotiques" que possible. Un rideau du Caire, savamment sculpté couvrait les hublots et des lampes de style arabe en bronze pendaient de panneaux muraux aux carreaux bleus et verts.
On a récupéré par dizaines des pots de dentifrice à la cerise comme celui-ci sur le site de l'épave. La faible contenance laisse à penser que la White Star Line pouvait avoir fourni gracieusement ce type d'article de toilette à ses passagers.

D'autres objets témoignent de l'époque, comme une blague à tabac, ou un cuir d'affutage de rasoir de barbier.
La marmelade servie à bord était écossaise, mais la moutarde française.
Cette tasse à thé provient du Salon de la Première Classe. La décoration d'origine était composée d'un motif doré, bleu turquoise et marron près du bord (voir photo plus loin) mais l'eau de mer a altéré définitivement les couleurs.
Les cuillères à soupe étaient toutes marquées du logo de la compagnie, en forme d'étoile.
Cette cuillère double, utilisée dans les cuisines du Titanic, est amusante et sans doute pratique, combinant les usages d'une cuillère et d'une passoire. On nous montre aussi plusieurs plateaux en argent, assez endommagés par le séjour en eau profonde, glacée et salée alors que les fourchettes à condiments semblent intactes.
Les menus du dernier dîner sont affichés. On peut lire qu'on a servi des fraises, comme si on était au Ritz ...
Bols à potage, tasses et assiettes de Troisième classe étaient siglés, de manière à décourager les vols. On remarquera que le nom du paquebot n'y figure pas. En effet cette vaisselle devait indifféremment pouvoir être utilisée sur chacun des trois bâtiments de la White Star Line.
Je l'ai écrit plus haut, même la troisième classe était confortable. On est surpris d'apprendre que les passagers y disposaient chacun d'un lit pourvu d'un vrai matelas. S'ils partageaient leur chambre avec 3 à 7 autres personnes ils bénéficiaient d'une relative intimité. Dans les autres paquebots ils auraient dormi en dortoirs et sur des paillasses. La chambrée qui nous est montrée est digne d'un campus universitaire, le bruit mis à part, car nous ne sommes pas très loin des machines.
On passe de la lumière à l'ombre en franchissant la lourde porte coupe-feu de la chaufferie.
Le contraste est violent avec le bloc de glace et ses empreintes de main évoquant le calvaire des naufragés.
Cette toque de pâtissier appartenait à William Edward Hine qui avait la charge de la confection des pains et pâtisseries. Son surnom, "Hine" demeure légèrement imprimé à l'encre sur le devant de la toque.

Quelques vêtements ont été remontés à la surface. des partitions de musique. des cartes postales. l'essentiel reste la vaisselle, d'abord parce qu'elle était présente en très grand nombre. Ensuite parce qu'elle fut protégée par le bois des placards.

On a ainsi retrouvé des centaines de ces plats à gratin. Il est probable que si l'expédition qui a ramené à la surface les objets du Titanic avait tardé encore quelques centaines d'années ils auraient fini eux aussi par être endommagés par le milieu marin.
Le navire disloqué a reposé 73 ans sous l'eau ...
L'espace boutique est complet. Tasses, assiettes de tailles différentes, pots à lait ... on trouve de nombreuses reproductions, y compris les pots à dentifrice.
On a une meilleure idée de la décoration d'origine composée d'un motif doré, bleu turquoise et marron près du bord.
Les visiteurs apprécient ces objets, y compris ceux qui ne sont manifestement pas d'époque comme des mugs  résolument modernes, avec l'impression du navire en décalcomanie.
Est-ce de la sensiblerie mais j'aurais du mal à partir en vacances avec un sac de marin siglé White Line Star comme servir un repas dans la vaisselle, pourtant très belle des Troisièmes ou Premières classes.  Ou encore offrir à un enfant un modèle réduit à construire. Serais-je superstitieuse ? Un accident est si vite arrivé ...

Titanic Paris Expo Porte de Versailles - Pavillon 8
Hall d’exposition climatisé
Métro: ligne 12 / Tramway: ligne T3, T2 / Bus : lignes : 39 – 80 / Parking sur place
Ouvert tous les jours du 1er juin au 15 septembre 2013 :
De 10h00 à 19h00 du 1er juillet au 29 septembre

Le site de l'exposition http://titanic-expo.com
L'astuce bon plan : tarif réduit les lundis.

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