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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 5 avril 2018

Poste restante à Locmaria de Lorraine Fouchet

Je crois que je pourrais le dire de chaque nouveau livre de Lorraine Fouchet, il est mon préféré, et Poste restante à Locmaria n'échappe pas à la règle.

Elle nous embarque pour la troisième fois consécutive en Bretagne, sur sa très chère Ile de Groix pour des aventures où la tendresse ne reste pas poste restante, où les liens du sang n’accusent pas réception, où le bateau du courrier est porteur de bien des surprises, et où les boîtes aux lettres recèlent de lourds secrets.

Le roman n'est pas qu'insulaire. Il nous fait voyager sur le continent jusqu'à Venise et Rome, et même en Chine puisqu'on apprend que les boites aux lettres y sont rondes et vertes. Il nous fait aussi traverser les années, au moins 26, comme si on y était. Chassés-croisés et flash-backs sont multiples.

Lorraine est une auteure attentionnée. Elle glisse entre les lignes des hommages à peine voilés à des professions pour qui elle a beaucoup de respect (comme attaché de presse ou libraire p. 156), donne des conseils de lecture en citant un confrère (Alors voilà de Baptiste Beaulieu p. 185), fait référence à des faits d'actualité (comme les attentats du Bataclan p. 217) ... tout cela avec délicatesse et pertinence. Parfois en langage codé quand on réalise pourquoi elle a appelé son cocker Uriel ... et non Ponant.

Elle commence à habituer ses lecteurs aux goodies, vous savez ces petits suppléments destinés à faire plaisir aux consommateurs. Elle a commencé il y a quelques années par la liste des musiques associées à l'écriture. Cette fois j'ai découvert Michel Tonnerre (p. 86).

Vous trouverez aussi une recette de cake au romarin que j'ai testée et qui m'a épatée même si je n'ai pas rigoureusement suivi le processus. J'ai obtenu le plus beau cake de toute ma vie. Les fidèles lecteurs du blog mesureront l'ampleur du compliment puisque j'ai souvent publié mes déboires avec ce type de gâteau, dont Julie Andrieu m'avait conseillé de demander la recette à Yannick Alléno, ce que j'ai jamais osé et que je n'ai plus besoin de faire maintenant.

Rassurez-vous, je vous donne cette recette en fin d'article. Mais revenons à Groix, qui est je commence à le croire, une osasis de paix au milieu du chaos (p. 158).

C'est que Chiara est dans une grande tourmente depuis qu'elle a appris que son père n'est peut-être pas son père, ce qui pour une orpheline est malgré tout un choc.

Ce qui est très bien tricoté par Lorraine c'est que notre jeune femme n'est pas la seule à s'interroger sur ses origines. Elle rencontrera un jeune homme qui a une problématique semblable.

La question de l'usurpation d'identité est au coeur du roman qui par moment m'a fait penser à ce que je considère comme un des meilleurs films de Spielberg, Arrête-moi si tu peux, et qui est inspiré d'une histoire vraie.

Résoudre l'énigme de ses origines revient à ouvrir une boite de Pandore, à moins de se contenter de son père officiel, comme Gabin se contente de son père inconnu (p. 195). Le garçon est poète et il a la bonne formule : on a tous le choix d'inventer nos vies.

La poésie occupe une place de premier ordre dans le livre (je suppute que dans le prochain il y aura un index des citations). Je savais que Paul Eluard s'appelait Eugène Grindel mais j'ai appris le véritable nom d'Apollinaire.

Je ne voudrais pas trop vous en dire sur ce roman qui se lit comme un policier romantique (je viens d'inventer le terme spécialement pour Lorraine qui me semble en faire sa spécialité).

Il appartient à cette grande catégorie des feel-good qui mettent du baume au coeur sur les blessures de la vie, et nous en avons tous. Après avoir soigné les corps, Lorraine soigne nos âmes. Elle démonte aussi les préjugés, par exemple la croyance que les familles italiennes sont toutes des familles soudées. Par contre la population de Groix a une solidarité sans faille !

Il faut ouvrir cette Poste restante qui réveille les souvenirs et réhabilite le courrier, le vrai, celui d'avant Internet et les smartphones, qu'on attendait plusieurs jours, qui partait dans des enveloppes parfois agrémentées d'un petit dessin ou d'une formule du type : Facteur presse le pas, l'amitié n'attend pas.

Poste restante à Locmaria de Lorraine Fouchet, chez Héloïse d'Ormesson, en librairie le 5 avril 2018
Et maintenant la recette du Cake de Brigitte de Lomener (qui pour moi restera le Cake de Lorraine)

3 oeufs
150 grammes de farine
un demi-sachet de levure
110 de sucre
125 de beurre salé (puisque c'est une recette bretonne)
une poignée de canneberges macérées 48 heures dans du Cognac (parce que j'en ai)
une autre poignée de pistaches (surtout pas salées) grossièrement écrasées
trois cuillères à soupe de clémentine confite hachée (parce que ce sont les seuls fruits confits que j'ai sous la main)
une cuillère à soupe de romarin frais

Vous pouvez vérifier avec la recette du livre, je n'ai pas pris les mêmes ingrédients mais j'ai conservé l'esprit ... sauf la pincée de sel que je n'ajoute pas à la pâte. Le beurre en contient largement suffisamment. Je ne veux pas risquer l'hypertension.

Je n'ai pas non plus suivi le même déroulé. Je commence toujours par mélanger oeufs battus et sucre, puis beurre, farine, et enfin les fruits confits.
La cuisson recommandée m'a semblé farfelue mais j'ai tenté le coup : 15 minutes à 180° puis 50 à 110°.
C'est ainsi que j'ai obtenu le plus beau cake de toute ma vie. Le secret tant cherché depuis des années réside-t-il dans le mode de cuisson ou dans le romarin ?

1 commentaire:

Francine Clio a dit…

Un roman superbe que je viens d'achever. Un pur moment de bonheur avec une auteure que j'apprécie énormément !

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