On peut dire que l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon a de multiples conséquences. La première est de raviver l’intérêt pour cette grande dame dont j’ai surtout connu les vicissitudes. Je me souviens de reportages focalisant sur ses soucis financiers pour entretenir Les Milandes, une propriété acquise en Dordogne pour abriter la douzaine d’enfants de multiples origines qu’elle avait adoptés.
Parfois un bref extrait d’un de ses spectacles ponctuait l’émission mais je n’avais jamais rien vu de très détaillé sur son parcours. Je ne suis pas sûre d’ailleurs que cela existe. Nul doute que la télévision le programmera s’il y en a.
Xavier Durringer a donc eu une excellente idée de s’emparer de sa vie pour en retracer l’essentiel sans tomber dans le travers du biopic. Le spectacle, comme le titre peut d’ailleurs le suggérer, n’a pas pour ambition de viser l’exhaustivité. Il nous épargne par exemple sa fin tragique, et ses déboires avec certains de ses enfants.
Il a volontairement choisi de n’être pas chronologique, ce qui permet de ne pas la voir vieillir et de clore avec un de ses numéros les plus célèbres. Les applaudissements fusent sur un personnage qui est alors au sommet de sa gloire.
Le tragique de son enfance et les problèmes qu’elle a connus ne sont pas occultés (la scèbne de la mort du poulet est bouleversante) mais c’est une force de vie qui domine, grâce à une interprétation enlevée. Il y a beaucoup d’humour, ce qui correspond bien au caractère facétieux de Joséphine qui, sur scène, était un vrai clown.
Le spectacle s’inscrit aussi dans le contexte des premières émeutes raciales de 1917 puis dans le mouvement des Droits civiques avec des évocations précises sur le rôle de Rosa Park, les marches et la mort de Martin Luther King. L’interprétation de la chanson de Nina Simone, Strange fruit, est particulièrement émouvante.
Il est intéressant d’apprendre que Joséphine Baker se sentait bien mieux acceptée en France que dans son pays. A cette époque, être noire à Paris ne représentait pas un handicap.
Joséphine B est présenté dans une ancienne salle de cinéma qui portait déjà ce nom, Né en 1932 dans l’euphorie du cinéma parlant, Le Passy s’était endormi en 1985. Aujourd’hui, cette salle de spectacles reprend vie pour devenir le Théâtre de Passy après d’importants travaux qui ont permis de retrouver une salle Art Déco de 200 places. De nombreux projets sont dans les cartons pour les mois à venir.
Joséphine B écrit et mis en scène par Xavier Durringer
Avec Clarisse Caplan Thomas Armand
Au Théâtre de Passy - 95, rue de Passy - 75016 Paris
A partir du 28 octobre 2021
Du jeudi au samedi à 19h00 – matinée le dimanche à 16h00
Du jeudi au samedi à 19h00 – matinée le dimanche à 16h00
Location : 01 82 28 56 40
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