Les artistes admirent la beauté du paysage et le représentent en peinture depuis la Renaissance. Le Centre d'Art contemporain de l'Onde a choisi d'exposer des œuvres d’artistes qui lui portent un intérêt qui est loin d'être contemplatif. Chacun à leur manière ils s’intéressent à la formation et à la composition des paysages et nous font découvrir que l’art n’est pas étranger à la géologie et aux sciences de la nature.
Pour apprécier cette exposition il faut savoir que le relief de la Terre n’est pas immuable, même s'il met parfois plusieurs milliers d’années à évoluer. Ces changements sont provoqués par des grands mouvements de plaques. C’est comme cela que les montagnes se forment. Vue en coupe, l’écorce terrestre ressemble à un gigantesque mille-feuille. Elle est composée de couches de roches superposées (les strates) séparées par de fins espaces de vide (les discontinuités). D'où le titre de l'exposition Strates et discontinuités.
Elodie Huet est peut-être celle qui traduit le concept de manière la plus explicite avec ce Flyers Wall qui s'élève à la perpendiculaire du plus haut mur du centre culturel. Parmi les milliers de cartons d'invitation et de tracts d'exposition qui composent ce fragile empilement certains proviennent d'expositions qui se sont déroulées à l'Onde.
La jeune femme a réussi à composer une pièce extrêmement belle, autant soumise au risque que le sable d'une dune en plein vent. Elle était très inquiète que les visiteurs ne tendent la main vers les tracts, malgré l'absence d'un panonceau "servez-vous".
Une barrière de corde a, depuis, été installée pour éviter toute bousculade destructrice.
Le catalogue de ses expositions témoigne d'un bel humour. Elle aime les collages de couleurs vives et les accumulations qu'elle considère avec dérision, baptisant l'une de ses œuvres : it's peanut sculpture ...
Betty Bui a réalisé l'image d'un pays utopique sans identification et sans lieu qu'elle a appelé l'Utopays, représenté par des courbes de niveau qui se révèle par intermittence sur un miroir sans tain. Le paysage perd sa caractéristique physique pour devenir un espace de projection mentale. L'image devient vite hypnotique dès que la Rue traversante est éteinte. L'Utopays occupe également un drapeau hissé sur un des mats devant l'Onde alors que traditionnellement il y en a trois, celui de Vélizy, celui de la France et celui de l'Europe. Il est tentant de faire un parallèle avec l'exposition que présente actuellement le Centre culturel Vuitton Qui es-tu Peter ? Les points communs sont nombreux autour de ce concept de territoire de la pensée.
Simon Boudvin nous rappelle que pour construire quelque part il faut creuser ailleurs. Il a posé des néons sur le sol de carrières d'extraction du calcaire et pris un cliché qu'il a insolé plusieurs fois. Il a ensuite retourné l'image de Concave 04, ce qui n'apparait pas au premier regard.
Les règles (la mesure du lieu) se compose de trente thermomètres fixés sur trois immenses règles (non photographiés ici) qui mesurent non pas une distance mais une température, en temps réel, avec ses variations, mêmes infimes, révélant des irrégularités non perceptibles. Il suffit de s'approcher pour le vérifier. Nicolas Boulard est un artiste déroutant qui bouleverse une fois de plus les règles avec le Clos Mobile. L’artiste a créé un vignoble ambulant dans une remorque qu’il déplace au gré de ses projets, le faisant échapper de toute évidence à toute appellation géographique.
Gérard Singer a poursuivi ses recherches grâce à l'outil informatique qu'il célèbre à l'intérieur de ses œuvres : on distingue une disquette en bas à gauche de l'Envers des Aiguilles. C'est un arpenteur chevronné qui cherche à traduire les paysages en trois dimensions. Les Desseins de nature (ci-dessous) sculptés dans le polystyrène, rehaussés d'encre, en sont une expression évidente.
Vincent Ganivet est capable de faire des roues ou des igloos avec des parpaings. Il les met en tension sur des cales pour composer des Stairsteps de dimension monumentale déjouant la pesanteur comme un enfant empilerait des briques de Duplo. C'est un artiste modeste qui s'étonne d'être comparé aux bâtisseurs de cathédrales : "Je suis touché. J'avais pas pensé soulever tout çà." La formule est amusante. Comme l'est sa démarche quand il joue aux dominos avec ces mêmes parpaings, ce que faisait autrefois les publicitaires pour la Collective du sucre avec des morceaux de sucre. Il applique le même principe à des voitures en stationnement qu'il superpose en carambolage géant.
Il est aussi peintre et vidéaste.
Je n'ai pas commenté l'œuvre de Betty Bui mais je vous invite à visiter son site qui est particulièrement artistique : http://www.bettybui.com/
Samon Takahashi présente des points de vues sur le paysage témoignant de la domination et de la maitrise de l'homme sur le paysage.
Paul-Armand Guette ajoute de la poésie aux sciences de la nature. Il a interprété avec la Compagnie Naomad un texte qu'il a écrit en 1959, Variations géologiques le samedi 2 octobre au cours d'une performance unique combinant lecture, chorégraphie et musique, qui a été très appréciée. Sophie Auger, qui est par ailleurs commissaire de l'exposition, a prêté sa voix à ces jeux de langage avec beaucoup de talent. Surtout quand il s'est agit de lire un texte privé de ses voyelles.
Exposition Strates et discontinuités
Micro Onde – centre d’art contemporain de l’Onde
8 bis, avenue Louis Bréguet 78140 Vélizy-Villacoublay Tél : 01 34 58 19 92
jusqu'au 11 décembre 2010 du mardi au vendredi de 13h à 19h - le samedi de 10h à 16h
et les dimanches de spectacle de 15h à 16h
Pour apprécier cette exposition il faut savoir que le relief de la Terre n’est pas immuable, même s'il met parfois plusieurs milliers d’années à évoluer. Ces changements sont provoqués par des grands mouvements de plaques. C’est comme cela que les montagnes se forment. Vue en coupe, l’écorce terrestre ressemble à un gigantesque mille-feuille. Elle est composée de couches de roches superposées (les strates) séparées par de fins espaces de vide (les discontinuités). D'où le titre de l'exposition Strates et discontinuités.
Elodie Huet est peut-être celle qui traduit le concept de manière la plus explicite avec ce Flyers Wall qui s'élève à la perpendiculaire du plus haut mur du centre culturel. Parmi les milliers de cartons d'invitation et de tracts d'exposition qui composent ce fragile empilement certains proviennent d'expositions qui se sont déroulées à l'Onde.
La jeune femme a réussi à composer une pièce extrêmement belle, autant soumise au risque que le sable d'une dune en plein vent. Elle était très inquiète que les visiteurs ne tendent la main vers les tracts, malgré l'absence d'un panonceau "servez-vous".
Une barrière de corde a, depuis, été installée pour éviter toute bousculade destructrice.
Le catalogue de ses expositions témoigne d'un bel humour. Elle aime les collages de couleurs vives et les accumulations qu'elle considère avec dérision, baptisant l'une de ses œuvres : it's peanut sculpture ...
Betty Bui a réalisé l'image d'un pays utopique sans identification et sans lieu qu'elle a appelé l'Utopays, représenté par des courbes de niveau qui se révèle par intermittence sur un miroir sans tain. Le paysage perd sa caractéristique physique pour devenir un espace de projection mentale. L'image devient vite hypnotique dès que la Rue traversante est éteinte. L'Utopays occupe également un drapeau hissé sur un des mats devant l'Onde alors que traditionnellement il y en a trois, celui de Vélizy, celui de la France et celui de l'Europe. Il est tentant de faire un parallèle avec l'exposition que présente actuellement le Centre culturel Vuitton Qui es-tu Peter ? Les points communs sont nombreux autour de ce concept de territoire de la pensée.
Simon Boudvin nous rappelle que pour construire quelque part il faut creuser ailleurs. Il a posé des néons sur le sol de carrières d'extraction du calcaire et pris un cliché qu'il a insolé plusieurs fois. Il a ensuite retourné l'image de Concave 04, ce qui n'apparait pas au premier regard.
Les règles (la mesure du lieu) se compose de trente thermomètres fixés sur trois immenses règles (non photographiés ici) qui mesurent non pas une distance mais une température, en temps réel, avec ses variations, mêmes infimes, révélant des irrégularités non perceptibles. Il suffit de s'approcher pour le vérifier. Nicolas Boulard est un artiste déroutant qui bouleverse une fois de plus les règles avec le Clos Mobile. L’artiste a créé un vignoble ambulant dans une remorque qu’il déplace au gré de ses projets, le faisant échapper de toute évidence à toute appellation géographique.
Gérard Singer a poursuivi ses recherches grâce à l'outil informatique qu'il célèbre à l'intérieur de ses œuvres : on distingue une disquette en bas à gauche de l'Envers des Aiguilles. C'est un arpenteur chevronné qui cherche à traduire les paysages en trois dimensions. Les Desseins de nature (ci-dessous) sculptés dans le polystyrène, rehaussés d'encre, en sont une expression évidente.
Vincent Ganivet est capable de faire des roues ou des igloos avec des parpaings. Il les met en tension sur des cales pour composer des Stairsteps de dimension monumentale déjouant la pesanteur comme un enfant empilerait des briques de Duplo. C'est un artiste modeste qui s'étonne d'être comparé aux bâtisseurs de cathédrales : "Je suis touché. J'avais pas pensé soulever tout çà." La formule est amusante. Comme l'est sa démarche quand il joue aux dominos avec ces mêmes parpaings, ce que faisait autrefois les publicitaires pour la Collective du sucre avec des morceaux de sucre. Il applique le même principe à des voitures en stationnement qu'il superpose en carambolage géant.
Il est aussi peintre et vidéaste.
Je n'ai pas commenté l'œuvre de Betty Bui mais je vous invite à visiter son site qui est particulièrement artistique : http://www.bettybui.com/
Samon Takahashi présente des points de vues sur le paysage témoignant de la domination et de la maitrise de l'homme sur le paysage.
Paul-Armand Guette ajoute de la poésie aux sciences de la nature. Il a interprété avec la Compagnie Naomad un texte qu'il a écrit en 1959, Variations géologiques le samedi 2 octobre au cours d'une performance unique combinant lecture, chorégraphie et musique, qui a été très appréciée. Sophie Auger, qui est par ailleurs commissaire de l'exposition, a prêté sa voix à ces jeux de langage avec beaucoup de talent. Surtout quand il s'est agit de lire un texte privé de ses voyelles.
Exposition Strates et discontinuités
Micro Onde – centre d’art contemporain de l’Onde
8 bis, avenue Louis Bréguet 78140 Vélizy-Villacoublay Tél : 01 34 58 19 92
jusqu'au 11 décembre 2010 du mardi au vendredi de 13h à 19h - le samedi de 10h à 16h
et les dimanches de spectacle de 15h à 16h
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