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lundi 25 octobre 2010

Kramer contre Kramer aux Bouffes parisiens

C’était d’abord un roman, écrit en 1977 par Avery Corman. Ce fut un film encore américain, réalisé par Robert Benton en 1979 avec Dustin Hoffman et Meryl Streep. Trente ans plus tard Didier Caron et Stéphane Boutet en font une adaptation pour une scène française. Je suis allée la voir au Théâtre des Bouffes-Parisiens/Jean-Claude Brialy. Il me semble que les avis sont unanimes mais je ne vais pas me freiner à soutenir un théâtre de qualité.

Vous pouvez l’apprécier en gardant en tête les images qui vous restent du film. Le décor est suffisamment malin pour vous le faire oublier très vite. KRAMER s’écrit en capitales sur la scène, composant à la fois les meubles et les murs. Chaque lettre est un objet multi-fonctionnel. Loin d’être un gadget, cette décomposition en six éléments illustre parfaitement la déconstruction familiale.

Les scènes courtes, s’enchainent vite pour resituer la rencontre, le mariage, la naissance de Billy, les premiers anniversaires, les premières disputes, les déceptions et les incompréhensions ... La bande-son est loin d’être anecdotique. Joyeux cris d’enfants pour un anniversaire censé être le plus beau jour d’une vie. Un air de Vive le vent jazzy à peine reconnaissable.

Et puis surtout l’interprétation est excellente, qu’il s’agisse des rôles dits principaux comme ceux qu’on dit secondaires. Frédéric Diefenthal et Gwendoline Hamon, unis à la ville, s’affrontent ici dans les rôles titres jusqu’au crescendo final, toujours autant émouvant.

Car si le divorce par consentement mutuel est possible depuis la loi de 1975 la garde des enfants restera toujours un sujet épineux. Aucune (bonne) solution n’existe, sinon cela se saurait. Le mot même de « garde » devrait être remplacé; cela changerait bien des points de vue. Il y a derrière ce terme une connotation de conserve qui ne facilite pas les choses.

Le scénario ne se résume pas une question de divorce et de lutte pour la garde de l'enfant. L’adaptation théâtrale met bien en relief les conséquences de l’abandon de la carrière professionnelle au « profit » du mariage et la difficulté à se réaliser que la femme subit sans avoir d’autre issue que la fuite.

De son coté le mari découvre la vraie vie, c’est-à-dire qu’il doit apprendre à concilier son foyer et son travail, dans une société qui n’a pas toujours les idées larges.

L’enfant navigue entre toutes ces contraintes. Il était formidablement interprété le soir de ma venue mais je gage que les quatre comédiens sont aussi bons. (il est interdit de faire travailler les enfants plusieurs soirs de suite). On pense que sa présence se résumera à une apparition alors qu’il occupe vraiment l’espace.
Les rôles secondaires apportent respiration et humour. On savoure leur jeu, volontairement appuyé. On rit franchement. Ce qui n’empêche pas de réfléchir et de se faire « cueillir » par la dernière scène, quand la mère qui vient de gagner son procès renonce par amour à le faire appliquer, comprenant que le plus n’est pas forcément le mieux.

On dit que cette querelle juridique a inspiré le texte de la chanson Mon fils, ma bataille à Balavoine. Il donne tort à la mère : pour lui Fallait pas qu' elle s' en aille. La pièce rétablit subtilement les responsabilités réciproques grâce à des dialogues savoureux, parfois très drôles : éreintée par les douleurs de l’accouchement Joanna promet que la prochaine fois elle l’enverra par la Poste.

Des années plus tard, rongée par l’ennui, elle répondra à l’anodine question : qu’est-ce que tu fais de tes journées ? qu’elle construit des garages (en Lego). Ted Kramer fait les comptes. Une fois déduites toutes les dépenses qui seraient conséquentes à la reprise d’un travail ne resterait, sauf erreur de sa part, que la ridicule somme de dix dollars, ce qui lui fait conclure qu’on n’a pas les moyens que tu travailles Joanna !

C’est la Cour suprême de New York qui rend son jugement, approuvant que travailler ne ferait pas de Joanna une mauvaise mère pour autant. Il ne vient d’ailleurs à l’idée de personne de contester le droit au travail du père.

Le film avait été primés aux Oscars … la pièce pourrait l’être aux Molières.

On pourra aussi voir le couple à la télévision le jeudi 11 novembre à 20h45 sur TF1. Frédéric Diefenthal a tourné avec Gwendoline Hamon, la fiction Les virtuoses, une comédie d'action qui repose sur un tandem improbable et décalé qui joue au chat et à la souris, sans jamais réellement savoir lequel manipule l'autre.

Kramer contre Kramer, Une pièce d’Avery Corman
Adaptation Didier Caron et Stéphane Boutet
Avec Roland Marchisio, Maud Le Guenedal, André Penvern, Romann Berrux, Raphaël Caduc, Antoine de Prekel, Gwendoline Hamon, Frédéric Diefenthal.

Jusqu'au 4 décembre 2010
Les mardi, mercredi et jeudi à 20h30, les vendredi et samedi à 20h45,
le dimanche à 15h.

Tarifs : de 10 € à 48 € Location : 01 42 96 92 42
ou sur le site du théâtre, http://bouffesparisiens.com


Bouffes Parisiens, 4 Rue Monsigny, 75002 Paris, Tél. : 01 42 96 92 42.
Métro Pyramides (ligne 7 et 14) ou Bourse (ligne 3)

Crédit photo de répétition : Charlotte SCHOUSBOE

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