Je ne suis pas très sportive mais je ne suis aucunement réfractaire aux livres qui sont écrits sur ce thème. Je pense notamment au roman de Laurent Seyer Les poteaux étaient carrés, mais aussi Ta vie ou la mienne de Guillaume Para, et plus récemment L'odeur de chlore de Irma Pelatan, trois romans que j'ai découverts grâce au groupe des 68 premières fois.
L'idée de lire un roman bâti à partir de quelques bribes de la biographie d'un athlète m'intéressait. Surtout celle de quelqu'un qui a totalement révolutionné sa pratique en inventant une nouvelle technique, en l'occurrence le champion Richard Douglas Fosbury, célèbre pour avoir popularisé et perfectionné le saut en rouleau dorsal (appelé également le "fosbury-flop" que même moi, peu sportive, je connais), avec lequel il a remporté le titre olympique en 1968 à Mexico.
Je crois que le sport intéresse encore moins Fanny Wallendorf puisqu'elle a déclaré que tout était parti d'une photo de l'athlète témoignant sa concentration avant le saut. J’ai voulu écrire la naissance et le déploiement d’une vocation, cet appel intime qui donne forme à un parcours et à une œuvre, qu’elle soit artistique ou sportive – le sport, comme la création, nécessite d’atteindre des états singuliers, et promet aventures, batailles et enchantements. Elle a intentionnellement écarté les biographies du champion de manière à écrire (inventer ?) un texte sur celui auquel elle donne malgré tout la même identité, les mêmes compétitions, les mêmes records, et bien sûr la même invention.
Vous aurez deviné que je suis restée sur le bord de la piste. Et pourtant je n'ai aucun reproche à faire à l'écriture de Fanny Wallendorf, si ce n'est la longueur du récit ... un comble s'agissant de relater l'histoire d'un spécialiste du saut en hauteur. Par longueur je veux dire que l'histoire m'a parue étirée, m'empêchant d'entrer dedans. Les personnages sont lisses alors qu'il me semble qu'il y avait matière à davantage d'aspérités.
L'auteure respecte dans les grandes lignes la biographie de Fosbury, émaillée par les compétitions auxquelles il s'est rendu, et bien entendu sa victoire aux Jeux Olympiques de Mexico, avec un record de 2, 24 mètres. Mais Fanny Wallendorf a surtout voulu restaurer ce qu'elle imagine être le chemin qui a conduit l'athlète à parvenir à une telle maitrise de son corps qu'il invente ce nouveau type de saut, presque malgré lui dirait-on, après avoir "stagné" pendant quatre ans à une performance "n'effaçant" pas plus que 1, 62 mètre.
At-il vraiment visé pour la symbolique du 3 fois 2 le record de 2, 22 mètres qu'il aurait "préféré" à 2, 24 ? C'est peut-être un détail pour vous mais les motivations des artistes (je considère ce champion aussi comme tel) me passionnent et ce roman est très dérangeant pour moi qui aime l'authenticité. La genèse de cette invention m'a intéressée et bien entendu je reste "sur ma faim" ... sur ce point et aussi sur ce moment particulier vécu à Mexico car l'auteure ne s'appesantit pas sur ce qui peut sembler périphérique et que j'aurais aimé lire, puisque je connais ce pays.
A-t-il reçu sa force du dieu du soleil au sommet de la pyramide de Téotihuacan (on peut logiquement croire qu'il y soit monté) ? Courait-il avec de véritables sandales inspirées des huaraches de l'époque précolombienne (récemment une grande marque de chaussures de course a donné ce nom à un de leurs modèles) ? Peut-être puisque les habitants de l'Etat de Chihuahua sont encore aujourd'hui capables de gagner des ultras marathons avec des "chaussures" découpées dans des pneus.
Je ne pensais pas que la vie de ce champion soit aussi intéressante à découvrir ... à ceci près qu'il s'agit d'une oeuvre de pure fiction. Je me demande -évidemment- ce que cet athlète américain (qui est toujours vivant) aura pensé du roman ... de la même façon que je fus curieuse d'apprendre combien Aimé Jacquet apprécia le spectacle de Léa Girardet, le Syndrome du banc de touche qui sera repris cet été au festival d'Avignon.
Fanny Wallendorf est traductrice. On lui doit la traduction de textes de Raymond Carver, des lettres de Neal Cassady (2 volumes, Finitude, 2014-2015) et de Mister Alabama de Phillip Quinn Morris (Finitude, 2016).
Je crois que le sport intéresse encore moins Fanny Wallendorf puisqu'elle a déclaré que tout était parti d'une photo de l'athlète témoignant sa concentration avant le saut. J’ai voulu écrire la naissance et le déploiement d’une vocation, cet appel intime qui donne forme à un parcours et à une œuvre, qu’elle soit artistique ou sportive – le sport, comme la création, nécessite d’atteindre des états singuliers, et promet aventures, batailles et enchantements. Elle a intentionnellement écarté les biographies du champion de manière à écrire (inventer ?) un texte sur celui auquel elle donne malgré tout la même identité, les mêmes compétitions, les mêmes records, et bien sûr la même invention.
Vous aurez deviné que je suis restée sur le bord de la piste. Et pourtant je n'ai aucun reproche à faire à l'écriture de Fanny Wallendorf, si ce n'est la longueur du récit ... un comble s'agissant de relater l'histoire d'un spécialiste du saut en hauteur. Par longueur je veux dire que l'histoire m'a parue étirée, m'empêchant d'entrer dedans. Les personnages sont lisses alors qu'il me semble qu'il y avait matière à davantage d'aspérités.
L'auteure respecte dans les grandes lignes la biographie de Fosbury, émaillée par les compétitions auxquelles il s'est rendu, et bien entendu sa victoire aux Jeux Olympiques de Mexico, avec un record de 2, 24 mètres. Mais Fanny Wallendorf a surtout voulu restaurer ce qu'elle imagine être le chemin qui a conduit l'athlète à parvenir à une telle maitrise de son corps qu'il invente ce nouveau type de saut, presque malgré lui dirait-on, après avoir "stagné" pendant quatre ans à une performance "n'effaçant" pas plus que 1, 62 mètre.
At-il vraiment visé pour la symbolique du 3 fois 2 le record de 2, 22 mètres qu'il aurait "préféré" à 2, 24 ? C'est peut-être un détail pour vous mais les motivations des artistes (je considère ce champion aussi comme tel) me passionnent et ce roman est très dérangeant pour moi qui aime l'authenticité. La genèse de cette invention m'a intéressée et bien entendu je reste "sur ma faim" ... sur ce point et aussi sur ce moment particulier vécu à Mexico car l'auteure ne s'appesantit pas sur ce qui peut sembler périphérique et que j'aurais aimé lire, puisque je connais ce pays.
A-t-il reçu sa force du dieu du soleil au sommet de la pyramide de Téotihuacan (on peut logiquement croire qu'il y soit monté) ? Courait-il avec de véritables sandales inspirées des huaraches de l'époque précolombienne (récemment une grande marque de chaussures de course a donné ce nom à un de leurs modèles) ? Peut-être puisque les habitants de l'Etat de Chihuahua sont encore aujourd'hui capables de gagner des ultras marathons avec des "chaussures" découpées dans des pneus.
Je ne pensais pas que la vie de ce champion soit aussi intéressante à découvrir ... à ceci près qu'il s'agit d'une oeuvre de pure fiction. Je me demande -évidemment- ce que cet athlète américain (qui est toujours vivant) aura pensé du roman ... de la même façon que je fus curieuse d'apprendre combien Aimé Jacquet apprécia le spectacle de Léa Girardet, le Syndrome du banc de touche qui sera repris cet été au festival d'Avignon.
Fanny Wallendorf est traductrice. On lui doit la traduction de textes de Raymond Carver, des lettres de Neal Cassady (2 volumes, Finitude, 2014-2015) et de Mister Alabama de Phillip Quinn Morris (Finitude, 2016).
L'appel de Fanny Wallendorf, chez Finitude, en librairie le 3 janvier 2019
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