On est venu voir le cirque (…) des ritournelles et les pleins feux et je deviens moi le clown (… ). Je vois briller des étoiles dans les yeux des petits-enfants.
Ce spectacle est construit comme un flash-back, en commençant presque par la fin, symbolisée par les saluts qui ponctuent une bande-son très figurative et intelligemment évocatrice du contexte dans lequel on peut inscrire le spectacle, comme la chanson de Joséphine Baker j’ai deux amours (créée en 1930, quelques années après la mort de Kafka).
Le "comédien" retire ses gants, sa collerette, son chapeau. Il balance son costume de scène pour réapparaitre en peignoir. Il a tombé le masque et s'adresse à l'auditoire en parlant avec sourire et humilité, pour conter sa métamorphose depuis sa capture par le Cirque Hagenbeck en adoptant une posture respectueuse qui pourrait laisser entrevoir un brin d'ironie : Il n’y a rien à cacher. Vous me faites l’honneur de m’inviter à soumettre à l’académie un rapport sur ma vie passée de singe. Je dois dire qu’il n’y avait rien qui m’attirait franchement chez les humains. Je ne voulais pas la liberté. Seulement seulement une issue. Personne ne m’a promis que si je devenais comme eux on me libérerait de mes fers.
Notre intérêt est piqué au vif. Pourquoi donc a-t-il accepté de devenir humain ... s'il l'est vraiment ... ?
Je suis originaire du Ghana. Enfermé dans les premiers moments de ma vie dans une caisse aux planches jointes, sauf un interstice. Les circonstances de ma capture ne me sont connues qu’à travers le récit d’étrangers. J’étais dans une cage. (...) Il n’y avait pas d’issue. C’était facile d’imiter les humains. J’ai décidé d’arrêter d’être un singe.
Il nous le dit comme s'il s'agissait d'une évidence. Il sera question de liberté (ou du refus d'en parler) à plusieurs reprises et c'est un des sujets sur lesquels le spectacle nous amène à réfléchir : Les hommes se mentent trop souvent en parlant entre eux de liberté.
Les réminiscences des vieux cirques affleurent et s’impriment en filigrane sur les murs du théâtre. La parade des "freaks" n’est pas lointaine...Ainsi que la danse cruelle et sans concession des clowns blanc et des augustes. La loge de l'artiste révèle les traces des zoos humains des cirques Hagenbeck, Barnum et Wallace. Les grilles métalliques et Les dorures suggèrent la mémoire de "shows" à l'instar de ceux du clown qui s'appela Chocolat et auquel Roschdy Zem consacra un superbe biopic en 2016.
Je me sentais à l’aise, et de mieux en mieux intégré dans le monde des hommes. Ils savaient bien que nous combattions tous les deux du même côté contre la nature simiesque. Partir à l’aventure c’est exactement ce que j’ai fait (puisqu'il n’avait pas d’autre issue).
Le rapport à l'alcool en dit long sur la pseudo liberté du personnage. Et quand il rentre dans sa cage à la fin j'ai pensé un instant alors à la superbe Complainte du phoque en Alaska, de Robert Charlebois, que j'entendais dans ma tête. Comme chacun s'illusionne !
Le dispositif scénique, conçu par Stefano Perocco di Meduna fonctionne très bien pour situer le personnage dans l'atmosphère des coulisses d'un théâtre autant que d'un cirque. Les costumes de Joëlle Loucif vont dans le même sens et le travail de masques est remarquable.
Vincent Freulon a assuré la traduction et l'adaptation, qui sont assez indissociables pour nous alerter sur l’ambigüité de la représentation qui conditionne une certaine vision de l’Autre. Car enfin n'aurait-on pas assisté à un exercice consistant à singer la singitude?
Le "comédien" retire ses gants, sa collerette, son chapeau. Il balance son costume de scène pour réapparaitre en peignoir. Il a tombé le masque et s'adresse à l'auditoire en parlant avec sourire et humilité, pour conter sa métamorphose depuis sa capture par le Cirque Hagenbeck en adoptant une posture respectueuse qui pourrait laisser entrevoir un brin d'ironie : Il n’y a rien à cacher. Vous me faites l’honneur de m’inviter à soumettre à l’académie un rapport sur ma vie passée de singe. Je dois dire qu’il n’y avait rien qui m’attirait franchement chez les humains. Je ne voulais pas la liberté. Seulement seulement une issue. Personne ne m’a promis que si je devenais comme eux on me libérerait de mes fers.
Notre intérêt est piqué au vif. Pourquoi donc a-t-il accepté de devenir humain ... s'il l'est vraiment ... ?
Je suis originaire du Ghana. Enfermé dans les premiers moments de ma vie dans une caisse aux planches jointes, sauf un interstice. Les circonstances de ma capture ne me sont connues qu’à travers le récit d’étrangers. J’étais dans une cage. (...) Il n’y avait pas d’issue. C’était facile d’imiter les humains. J’ai décidé d’arrêter d’être un singe.
Il nous le dit comme s'il s'agissait d'une évidence. Il sera question de liberté (ou du refus d'en parler) à plusieurs reprises et c'est un des sujets sur lesquels le spectacle nous amène à réfléchir : Les hommes se mentent trop souvent en parlant entre eux de liberté.
Les réminiscences des vieux cirques affleurent et s’impriment en filigrane sur les murs du théâtre. La parade des "freaks" n’est pas lointaine...Ainsi que la danse cruelle et sans concession des clowns blanc et des augustes. La loge de l'artiste révèle les traces des zoos humains des cirques Hagenbeck, Barnum et Wallace. Les grilles métalliques et Les dorures suggèrent la mémoire de "shows" à l'instar de ceux du clown qui s'appela Chocolat et auquel Roschdy Zem consacra un superbe biopic en 2016.
Je me sentais à l’aise, et de mieux en mieux intégré dans le monde des hommes. Ils savaient bien que nous combattions tous les deux du même côté contre la nature simiesque. Partir à l’aventure c’est exactement ce que j’ai fait (puisqu'il n’avait pas d’autre issue).
Le rapport à l'alcool en dit long sur la pseudo liberté du personnage. Et quand il rentre dans sa cage à la fin j'ai pensé un instant alors à la superbe Complainte du phoque en Alaska, de Robert Charlebois, que j'entendais dans ma tête. Comme chacun s'illusionne !
Le dispositif scénique, conçu par Stefano Perocco di Meduna fonctionne très bien pour situer le personnage dans l'atmosphère des coulisses d'un théâtre autant que d'un cirque. Les costumes de Joëlle Loucif vont dans le même sens et le travail de masques est remarquable.
Vincent Freulon a assuré la traduction et l'adaptation, qui sont assez indissociables pour nous alerter sur l’ambigüité de la représentation qui conditionne une certaine vision de l’Autre. Car enfin n'aurait-on pas assisté à un exercice consistant à singer la singitude?
Mahmoud Ktari assume ce rôle difficile parce qu'il doit se maintenir constamment sur le fil. Il le fait avec sensibilité et authenticité sous la direction de la metteure en scène Khadija El Mahdi.
Rapport pour une académie
D’après la nouvelle de Franz Kafka
Adaptation et traduction originales Vincent Freulon
Mise en scène Khadija El Mahdi
Interprétation Mahmoud Ktari
Décors Stefano Perocco di Meduna
Costumes Joëlle Loucif
Lumières Michaël Baranoff
Affiche Antoine Lhonoré-Piquet
Du 26 janvier au 4 mai 2019
Les samedis à 19h30
Au Théâtre La Croisée des Chemins- 43 rue Mathurin Régnier - 75015 Paris
Puis dans le Théâtre avignonnais de La Croisée des Chemins au 15-25 rue d'Amphoux au Festival off d'Avignon 2019
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