Voilà un spectacle à voir en famille, et ce n'est pas si fréquent au Studio Hébertot, voilà pourquoi je le souligne.
On va énormément entendre parler du peintre florentin Léonard de Vinci (1452-1519) cette année, décédé il y a maintenant 500 ans. Mais le connait-on vraiment ?
C'est la question à laquelle a répondu Brigitte Kernel en se plaçant à portée du jeune public avec son livre, Léonard de Vinci, L'enfance d'un génie, paru en mars dernier aux éditions Leduc.
Elle a ensuite repris son texte pour l'adapter au théâtre avec Sylvia Roux. Le pari était de le rendre accessible à un large public et il est réussi. Sans doute aussi par la magie d'une scénographie onirique et efficace et de la mise en scène de Stéphane Cottin, qui a su, comme toujours, trouver le moyen de faire vivre tous les personnages alors qu'il n'y a qu'un comédien sur la scène.
La passion pour l'anatomie de Vinci est le fil directeur d'une mise en scène qui sollicite astucieusement les cinq sens du public. Le recours à une série de mannequins en bois, identiques à ceux que les peintres et sculpteurs emploient comme modèle artistique est très astucieux à plus d'un titre. C'est un objet que Vinci a du manipuler à de nombreuses reprises tant il était obsédé par représentation des proportions idéales parfaites du corps humain. On connait son Homme de Vitruve (ou le proporzioni del corpo umano secondo Vitruvio en italien), dessin annoté, réalisé vers 1490 à la plume, encre et lavis sur papier, et dédié à l’empereur romain Auguste. C'est aussi une évocation de l'enfance puisqu'étymologiquement le mot mannequin signifie "petit homme" et il permet de donner vie à chacun des personnages.
Le spectacle est sensible et met en lumière, grâce au jeu nuancé de Grégory Gerreboo, les différentes facettes du tempérament du jeune Léonard. Quoique né d'un père millionnaire, on ne dira pas qu'il a été gâté par la vie. Cet homme est un tyran et la séparation d'avec la mère est vécue comme un traumatisme. Par chance un grand-père bienveillant et une belle-mère affectueuse apporteront du réconfort à ce garçon sensible, rêveur ... et surdoué.
Le spectateur qui a surtout l'image d'un vieillard, peintre de la célébrissime Joconde (une huile sur bois achevée vers 1519 conservée au Musée du Louvre) et inventeur de machines complexes, découvre un Léonard amoureux d'une mésange (il faut croire que cet animal a des pouvoirs particuliers pour installer la résilience car Sylvain Tesson éprouvera une semblable attraction dans ses Forêts de Sibérie), végétarien par conviction, qui dessine pour oublier ses tristesses et oser croire en un avenir meilleur. Il aura toute sa vie cherché à se protéger en ... écrivant à l'envers.
Le studio Hébertot démontre encore une fois sa caractéristique d'être un lieu d'expression contemporaine.
Je vous recommande de lire ensuite l'ouvrage Léonard de Vinci, L'enfance d'un génie de Brigitte Kernel, éditions Leduc, en librairie depuis mars 2019. Et pourquoi pas, d'aller aux beaux jours dans la vallée de la Loire, découvrir le Clos Lucé où vécu cet artiste et qui est partenaire du spectacle.
Léonard de Vinci, L'enfance d'un génie de Brigitte Kernel
Adaptation de Brigitte Kernel et Sylvia Roux
Mise en scène Stéphane Cottin
Avec Grégory Gerreboo et la voix de Lisa Schuster
Scénographie de Sophie Jacob et Stéphane Cottin
Lumière de Marie-Hélène Pinon
Costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian
Son de Cyril Giroux.
Au Studio Hébertot - 78 bis boulevard des Batignolles - 75017 Paris
01.42.93.13.04 www.studiohebertot.com
Du 9 novembre au 25 janvier 2020, les samedis à 17h
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