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vendredi 29 novembre 2019

Hurt me tender du Cirque VOST à l'Espace Cirque d'Antony (92)

J'ai quitté Hurt me tender que je suis allée voir à l'Espace Cirque d'Antony (92) surprise, je l'avoue, d'avoir à ce point été captivée par la voltige sans que je n'ai cherché à analyser ce qu'on pouvait faire aux cadres russes, comparativement aux trapèzes ballants.

Mais le spectacle séduira tout autant les amateurs de rock, de cirque, de théâtre, ... et même de danse.

En voyant les musiciens prendre place sous l'immense chapiteau au bonnet pointu, j’avais aussitôt pensé au film Itinéraire d’un enfant gâté non pas tant parce qu’il allait s’agir d’acrobatie et qu'une jeune femme pouvait décrocher des cintres mais parce qu’on sentait combien le cirque est toute la vie de la troupe du Cirk VOST.

Il y avait tant de nationalités différentes parmi eux qu’il avait fallu au début constamment traduire aux uns ce que disaient les autres, d’où leur nom de Cie VOST, comme Version Originale Sous Titrée.

Leur promesse de jouer comme au théâtre est assumée pleinement. Le spectacle commence parmi les spectateurs où une jeune femme sème la discorde, bouscule ses camarades et, une fois satisfaite de son coup, lance à l’adresse des trois musiciens un OK c’est bon, on peut y aller.

Eux, ils sont déjà "partis" depuis un moment, dans un halo de fumée, comme des rockeurs. Les circassiens nous enjambent et investissent le plateau. Aucun doute qu’ils sont capables de faire l’acteur. Ils se jaugent d’un regard lourd d’interrogation. Et si par hasard l’un d’entre eux comptait se la couler douce parmi les spectateurs il va être prestement cueilli, et cela nous fera rire.

Ils se défient en poussant le bouchon toujours plus loin. Ils installent la foire d’empoigne. C’est un spectacle où il y a beaucoup à voir, toujours, tout le temps, dans toutes les directions. La musique est jouée en direct et ajoute une part de sensualité en ponctuant le risque. On est au cirque, mais autant au théâtre que sur un plateau de cinéma où l’on réglerait des cascades.
Ils sont heureux de se retrouver, comme de se disputer. Il y a de la tendresse autant que de la brutalité. Hurt me tender, ils ont annoncé la couleur. Blesse-moi tendrement.

Une autre femme se dégage du lot, et prend de la hauteur. Elle joue avec ses deux ombres et compose un trio avec ses propres silhouettes. C’est impressionnant. Elle est attachée, dit un enfant à son frère. Oui mais quand même, rétorque le plus jeune. Son agilité est extrême. Elle danse avec ses ombres et se laisse tomber comme pour dire, regardez, ce n’est pas si grave ...

Tout est question d’équilibre, tout là-haut comme au sol.

Un guitariste peut lui aussi se lancer dans les airs, avec sa mini cape dorée qui n’est même pas un ersatz de parachute. Un acrobate peut s’essayer au micro, qu’il fera tournoyer comme un lasso. En parallèle la troupe aura entrepris d’occuper le terrain pour y danser un ballet après qu'une patineuse à roulettes aura lancé son défi.
Ils jouent l’ivresse. On les somme de se réveiller. Ils nous offrent alors, comme on le fait en pyrotechnie, un bouquet final où tous les dix rivalisent d’audace, de puissance et de voltige, avant de se laisser tomber du ciel comme de grands oiseaux.

Les chutes sont intégrées dans le scénario, incluant aussi des plongeons involontaires, toujours maitrisés, mais pouvant être violents, et de toute façon toujours risqués.

Leur générosité s'exprime jusqu'au bout en invitant le public à danser sur le parquet pendant qu’ils rangent. Le choix de Marc Jeancourt est encore une fois à saluer.

Hurt me tender du Cirque VOST
Du 29 novembre au 15 décembre 2019
A l'Espace Cirque d'Antony (92)
Puis tournée en cours
Mise en scène de Florent Bergal assisté de François Juliot
Regard acrobatique de Germain Guillemot
Avec Tiziana Prota, Océane Peillet, Cécile Yvinec, Jean Pellegrini, Arnaud Cabochette, Elie Rauzier, Sébastien Lepine, Benoit Belleville, Jef Naets et Théo Dubray
Musiciens Johann Candoré, Kévin Laval et Lionel Malric
Création lumière Simon Delescluse et Christophe Schaeffer

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