J'ai vu cette Affaire Moussorgsky (qui s'orthographie parfois avec un "i" final et parfois aussi avec un "u" au lieu de "ou") à Paris, en septembre dernier, dans l'amphithéâtre de la Cité de la musique mais je sais que le spectacle est en tournée en région.
Vous aurez donc peut-être la chance de pouvoir y assister.
C'est un conte musical créé par la compagnie A toute vapeur, à savourer en famille à partir de 8 ans sous la forme d'un après-midi de théâtre-concert "jazz", iconoclaste et inattendu, au charme teinté par la magie du conte.
L'histoire est celle du petit-fils du célèbre compositeur, qui porte les mêmes prénom et nom que son aïeul. Il est gardien de musée à Saint-Pétersbourg et un peu distrait. Un jour, il s’endort. À son réveil, dix tableaux ont disparu. Il devra pour les retrouver traverser un monde fantasque, de la Russie (alors en pleine révolution) aux États-Unis en passant par les Tuileries, les catacombes de Paris et un marché à Limoges.
Le charme du spectacle est de combiner les deux arts majeurs que sont la peinture et la musique tout en étant accessible à un jeune public. Un quartet de jazz accompagne pour l’occasion par un comédien-conteur et des images animées. Les musiciens reprennent évidemment les thèmes majeurs de la célèbre partition pour piano des Tableaux d’une exposition du compositeur russe Modeste Petrovitch Moussorgsky (1839-1881), auxquels quelques compositions originales ont été ajoutées.
Chaque morceau est ponctué par le déroulement de l'histoire racontée par le comédie, Olivier Clenet.
C'est Alain Pierre qui assure la direction musicale. Il parait que c'est parce que la musique de Moussorgsky a baigné son enfance qu'il a voulu créer ce spectacle, pour donner un contexte à une histoire qui n'avait jamais été écrite puisque le livret n'existait pas. C'était tentant de revisiter le titre de chaque tableau l'un après l'autre et de concevoir le tout comme un jeu de piste. Il nous fait plonger dans l’univers du grand compositeur en développant toutes les nuances que permet le fantastique. C'est joyeux, poétique, nostalgique mais aussi enlevé et bien entendu propice à des rebondissements.
Moussorgsky avait écrit l'oeuvre en 1874, pour un piano et même si elle fut souvent reprise, notamment par Ravel en 1922 qui la joua avec un orchestre, on n'avait pas jusque là songé à la transposer dans l'univers du jazz. Les tableaux en question sont ceux d'un ami du musicien, Viktor Hartmann, mais on peut penser à Chagall ou Kandinsky. Pourtant quand on lui avait demandé s'il savait peindre Viktor avait répondu non, ce qui lui valut un compliment : Très bien ! Votre style ne ressemblera à aucun autre. Et comme il protestait (mais je ne sais même pas tenir un pinceau !) on l'encouragea encore : Chez les grands peintres c'est le pinceau qui tient la main.
Qui dit conte dit sorcière. Qui dit Russie dit Baba Yaga. Il était donc logique que l'affreuse femme surgisse d'une manière ou d'une autre comme elle le fait dans l'avant-dernier tableau.
L'affaire Moussorgsky, par l'orchestre Les 5000 doigts du Docteur K
Alain Pierre, direction musicale, flûte, saxophones, compositions et arrangements
Jean-François Vincendeau, contrebasse
Bertrand Dabo, batterie
Thomas Mayeras, arrangements, piano
Olivier Clenet, comédien
Moussia Sacré, voix de Baba Yaga
Florence Joubert, direction d'acteur
Martine Ritz , costumes
Charlie Cuif, dessinateur
Sébastien Danguy des Déserts, dessinateur
Christophe Fauconnet, dessinateur
En tournée notamment le vendredi 7 février 2020 à 20h30 dans le cadre du Festival Jazz en Phase, à l'Espace Capellia - La Chapelle sur Erdre (44)
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