Quand il fait 34 degrés dehors et qu’on a la chance de séjourner dans une maison où la température (sans climatiseur) ne dépasse pas 23 …. Il n’y a rien de mieux à faire que lire.
Le portrait de Greta G. imaginé par Catherine Locandro, à paraître aux Editions Les Périgrines offre une alliance parfaite entre fiction et réalité, annoncée par une couverture en demi-teintes, dans la ligne éditoriale de la collection, mais collant parfaitement au personnage.
Créés en 1987, les Éditions François Bourin ont une place importante dans le paysage de l’édition française généraliste depuis plus de 30 ans. En 2021, Aude Chevrillon a repris le flambeau de cette maison indépendante et familiale fondée par son oncle et lui donna un nouveau souffle avec ce nom inspiré de l’un des romans de Jeanne Bourin, sa grand-mère, historienne et écrivaine : Les Pérégrines.
Pérégriner, c’est aller librement d’un endroit à l’autre, emprunter des routes inattendues, voyager, rêver. Le pérégrin désigne, lui, le nomade, l’étranger, le vagabond, l’homme libre.
En 2022 Les Pérégrines franchissent une étape supplémentaire en décidant de publier des romans audacieux, des essais incarnés, des trajectoires inspirantes pour réveiller nos sociétés. Après Embrasser Maria (Callas) de Sophie Rabau, publié en mars 2022, Le portrait de Greta G sera le second titre de la nouvelle collection, judicieusement baptisée Les Audacieuses.
Le pari de l’éditeur est d’oser la fiction pour faire surgir toute l’indocilité de femmes inspirantes. Il est proposé à des écrivaines de mettre leur univers littéraire au service d’une réécriture de la vie de leurs héroïnes. S'il y a une star dont le parcours est audacieux et libre c'est bien Greta Garbo !
New York, 1982. La déesse du cinéma Greta Garbo se rend incognito dans un cinéma pour se revoir à l'écran... Une vie qui défile, la valse des amants et des maîtresses, des hommes et des femmes, amis et ennemis, des paysages, la Suède, Berlin et Hollywood...
Greta Lovisa Gustafsson, dite Greta Garbo est une actrice suédoise naturalisée américaine, née le 18 septembre 1905 à Stockholm et morte le 15 avril 1990 à New York. Elle aura été l'une des stars les plus adulées des années 1920 et 1930, mais aussi l'une des plus secrètes. Fuyant la publicité et les ragots, elle a rendu célèbre l'une de ses tirades de Grand Hotel même dans sa vie publique : "Je veux qu'on me laisse tranquille" (I want to be let alone). Elle n'accordait ni autographe, ni interview, sauf au tout début de sa carrière, n'assistait à aucune première et ne répondait pas à ses fans. Cette prédilection pour le secret ne fit que confirmer le surnom qu'elle garda toute sa vie, La Divine : belle, lointaine et inaccessible.
Elle aura été façonnée par Maurice Stiller dit Mojé, réalisateur et pygmalion qui lui donna son nom de scène. L'influence est réciproque puisqu'il dira d'elle : Votre beauté, non seulement physique, mais la beauté de votre âme, m’a permis de me dépasser, de transcender mon art et de réaliser mon œuvre la plus importante à ce jour (p. 130).
Après l'échec relatif de son dernier film, La Femme aux deux visages (Two Faced Woman) en 1941, Garbo met définitivement un terme à sa carrière, alors qu'elle est pourtant au sommet de sa gloire. Elle se retire alors de la vie publique jusqu'à la fin de sa vie, refusant toute interview, ce qui contribue un peu plus à édifier son mythe.
D'après Albert Lewin, elle aurait néanmoins souhaité interpréter Dorian Gray dans le film Le Portrait de Dorian Gray en 1945 mais, pour des problèmes de censure, la chose ne se fit pas.
La métaphore avec le roman d’Oscar Wilde fonctionne donc à merveille pour toutes ces raisons. Egalement quand on songe à la beauté fatale de la femme au foulard qui se faisait parfois appeler Harriet Brown ou Alice Smith, et qui fut aussi surnommée le Sphinx suédois (p. 237 ).
L’auteure s’est admirablement documentée sur sa vie mais aussi sur la transition entre le cinéma muet et le parlant, faisant vivre aux lecteurs une période dont je savais peu de choses.
Catherine Locandro est une romancière et scénariste franco-belge. Elle est notamment l’autrice de Clara la nuit (Gallimard, 2004, prix René-Fallet 2005). J'ai chroniqué plusieurs de ses romans ici, parmi lesquels L’Histoire d’un amour (2014) où elle proposait une autre biographie, celle de Dalida.
Elle a l'art de rendre proche et vivante des femmes au destin tragique. Qui sait que Greta a sauvé beaucoup de juif pendant la guerre (p. 241) ? Il était temps de rendre hommage à son âme, au-delà de sa beauté, de ses ambivalences et de sa peur de vieillir.
Gray et Garbo ont la même initiale. Le portrait oscillera en toute légitimité entre fiction et réalité pour laisser apparaitre la personnalité touchante d'une femme libre, moderne et courageuse.
Le portrait de Greta G de Catherine Locandro, aux éditons Les Pérégrines, collection Les Audacieuses, à paraître le 8 septembre 2022
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