Le 1er août, je commençais une série de billets sur l'exposition que le Musée des Arts décoratifs de Paris consacre à la couleur rouge . Après les sphères du pouvoir, puis la décoration, voyons comment la couleur investit le monde de l'enfance ... mais aussi, paradoxalement, celui du danger.
Dans les chansons, les contes ou les jeux, le rouge s’attache à l’enfance et à ses héros. Teinte la plus vive de la gamme chromatique, le rouge attire l’attention du jeune enfant, qui porte son choix sur les jouets et objets de cette couleur.
Dès l’an mille (eh oui, car ce héro a donc plus de 100 ans!), le Petit Chaperon rouge , (cf Affiche Little Red Riding Hood, John Hassall vers 1898) vêtu de son plus bel atour, porte un petit pot de beurre, blanc, à sa grand-mère et croise le loup au pelage noir. Les trois couleurs symboles des cultures anciennes accompagnent cette histoire et beaucoup d’autres contes.
Le Père Noël est issu de la tradition liée à Saint Nicolas de Myre, protecteur des enfants selon l’église catholique et aussi des rituels païens déployés à l’arrivée de l’hiver. C’est vers 1850, grâce aux Livres de Noël de Charles Dickens (1812-1870) que le passage de la célébration de la Saint Nicolas à celle de Noël se fixe au Royaume-Uni ; Thomas Nast (1840-1902), caricaturiste germano-américain, le croque dans le Harper’s Weekly en 1863 ; Michelin et d’autres marques le mettent aussi en scène de 1880 à 1930 ; Coca-Cola l’impose dans sa campagne publicitaire de l’hiver 1931 vêtu de rouge et blanc.
Les voitures miniatures avec lesquelles jouent les petits garçons sont des reproductions à l’identique des vraies. Elles reprennent les codes couleur des marques, et illustrent la fougue et la vitesse.Le corail prévenait soit-disant des rages de dents. La tétine des princes était dans cette matière étrange, dont on ne savait pas trop s'il s'agissait d'un minéral, d'un végétal ou d'un animal. La mythologie grecque le fait naître du sang de Méduse décapitée par Persée. Malgré son nom, le Corallium Rubinium, seul exploité jusqu’en 1870, présente des teintes qui vont du blanc au rouge foncé en passant par les subtils rose-orangé. On en trouve les traces tout au long de la route de la soie.
Mais le rouge est aussi la couleur qui alerte ou interdit. A Solférino, le 24 juin 1859, Napoléon III et son armée franco-piémontaise écrasent les Autrichiens. Henry Dunant, citoyen suisse, improvise des secours et assiste les blessés des deux camps. «Tutti fratelli. Nous sommes tous frères» est le cri des premiers bénévoles. Cinq ans après, une conférence internationale de seize nations réunie à Genève décide de créer des comités de secours, choisissant une croix rouge sur fond blanc pour emblème.
Les pompiers anglais s’approprient les premiers le rouge à la fin du XIXe siècle et font école en France en 1887 pour une sinistre raison. L’Opéra-Comique flambe pendant une représentation, plus de cent personnes meurent, la Compagnie parisienne de grandes pompes est forcée à revoir ses couleurs pour rendre ses véhicules plus « agressifs ».
Les uniformes de l’armée française offrent un large panel de rouges : plastron rouge garance porté par les Dragons, bandes écarlates sur le pantalon bleu de l’artillerie, képi amarante et pantalon en drap garance sous le IIIe République. Pendant la conquête de l’Algérie, le Zouave porte le saroual garance et la chéchia de laine feutrée cramoisie. Le rouge disparaîtra au cours de la Première Guerre mondiale au profit des couleurs de camouflage.
Bientôt, la suite .. avec le rouge dans le monde des plaisirs et en enfer
Musée des Arts décoratifs jusqu'au 1er novembre 2009
107 rue de Rivoli 75001 Paris Tél. : 01 44 55 57 50
Métro : Palais-Royal, Pyramides ou Tuileries
Autobus : 21, 27, 39, 48, 68, 69, 72, 81, 95
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