Après avoir parlé de la Chine défavorisée dans ses trois premiers films, Wang Chao a eu envie d’explorer l’univers des sentiments dans un milieu intellectuel et privilégié. Il imaginé un scénario surprenant à plus d’un titre.
Il nous révèle un pays que l’on ne soupçonne pas, avec des paysages intacts, sauvages et grandioses, qui ne déméritent pas, comparativement à l’Ouest américain ou les Grands lacs canadiens. Et une autre Chine, ultra moderne, proche de ce qu’on imagine être Hong-Kong. Il a tourné dans le Zhejiang qui reflète le miracle économique chinois : un pays pauvre et essentiellement rural ayant réussi à devenir l'un des centres industriels les plus actifs du monde. On y vit le portable à la main, on se déplace en voiture rapide ou en taxi (jamais à vélo …), on porte des robes très courtes, des talons très hauts, on boit du champagne ou de la bière, … Mais on s’épluche tout de même un fruit « exotique », une sorte d’orange à la peau épaisse et vert foncé. Les malades hospitalisés sont tous habillés du même pyjama rayé et on glisse les pieds dans des chaussons en éponge pour ne pas rayer le sol dès qu’on rentre chez soi. Allo se dit « wei4 », qui est aussi une façon courante d’interpeler quelqu’un.
Il nous révèle un pays que l’on ne soupçonne pas, avec des paysages intacts, sauvages et grandioses, qui ne déméritent pas, comparativement à l’Ouest américain ou les Grands lacs canadiens. Et une autre Chine, ultra moderne, proche de ce qu’on imagine être Hong-Kong. Il a tourné dans le Zhejiang qui reflète le miracle économique chinois : un pays pauvre et essentiellement rural ayant réussi à devenir l'un des centres industriels les plus actifs du monde. On y vit le portable à la main, on se déplace en voiture rapide ou en taxi (jamais à vélo …), on porte des robes très courtes, des talons très hauts, on boit du champagne ou de la bière, … Mais on s’épluche tout de même un fruit « exotique », une sorte d’orange à la peau épaisse et vert foncé. Les malades hospitalisés sont tous habillés du même pyjama rayé et on glisse les pieds dans des chaussons en éponge pour ne pas rayer le sol dès qu’on rentre chez soi. Allo se dit « wei4 », qui est aussi une façon courante d’interpeler quelqu’un.
Les personnages sont étonnants. S’ils ne s’exprimaient pas en chinois (je recommande de voir le film en VO) on pourrait se croire dans n’importe quelle banlieue privilégiée de n’importe quelle grande métropole. Ils sont chirurgiens, décoratrice, danseur professionnel. (Une femme de ménage n'apparait que quelques instants et c’est bien la seule à ne pas appartenir à leur milieu.)
Résumons l’intrigue : pris par son travail à l’hopital, Li Xun délaisse Sizhu, sans se rendre compte que celle-ci mène une double vie avec un troisième homme. Un jour, un couple est amené aux urgences de l'hôpital, à la suite d'un accident de voiture. Il s'agit de Sizhu et de Chen Mo, son amant, professeur de danse latine, qu'elle fréquente depuis plusieurs mois. Son époux Li Xun découvre alors qu'elle le trompe, et qu'elle est enceinte. L’amant est sain et sauf. Sizhu se réveille avec une amnésie partielle qui a effacé les trois dernières années de sa vie. Elle se croit encore être la petite amie de Qian Cheng, lui aussi chirurgien, et meilleur ami de Li Xun.
Voilà un film qu’on peut prendre le temps de regarder. La caméra ne voltige pas d’un personnage à l’autre. Chaque séquence semble se dérouler en temps réel. Et c’est très bien ainsi puisque l’héroïne cherche à retrouver la mémoire, ce qui ne peut pas se faire en un clin d’œil.
Nombreux sont les scénarios qui ont exploité la veine de l’amnésie pour légitimer la manipulation d’un personnage par son conjoint. Ici c’est totalement l’opposé. Le mari trompé fait au contraire tout ce qui est en son pouvoir pour aider sa femme à retrouver ses souvenirs assumant le risque qu’elle le quitte pour un autre.
En même temps le film est aussi une fable sur la nécessité d'oublier, pour que renaisse une histoire d'amour. Le pardon est là érigé en vertu. Avec beaucoup de simplicité. Et la question de la jalousie et de la loyauté est traitée aussi avec délicatesse.
Même si l’action se passe en Chine, dans un milieu social assez éloigné du nôtre (le meilleur ami du mari, qui est aussi son collègue, et qui fut son rival amoureux, offre une voiture comme cadeau de fiançailles à sa future épouse …) on est vite pris dans l’engrenage de leurs vies. Au pluriel car on comprend vite qu’ils sont tous liés. Ils sont … ont été …ou vont être … amoureux. Là où d’autres échafaudent une comédie boulevardesque, Wang Chao compose une comédie dramatique subtile, toute en demi-teintes.
Les dialogues sont économes. Aucune envolée lyrique, aucune crise, aucune colère. C’est à peine si l’amant exprime quelques instants sa douleur. Quand il demande conseil on lui répond : vous devez parler au médecin traitant. C’est aussi le mari de Sizhu .
Résumons l’intrigue : pris par son travail à l’hopital, Li Xun délaisse Sizhu, sans se rendre compte que celle-ci mène une double vie avec un troisième homme. Un jour, un couple est amené aux urgences de l'hôpital, à la suite d'un accident de voiture. Il s'agit de Sizhu et de Chen Mo, son amant, professeur de danse latine, qu'elle fréquente depuis plusieurs mois. Son époux Li Xun découvre alors qu'elle le trompe, et qu'elle est enceinte. L’amant est sain et sauf. Sizhu se réveille avec une amnésie partielle qui a effacé les trois dernières années de sa vie. Elle se croit encore être la petite amie de Qian Cheng, lui aussi chirurgien, et meilleur ami de Li Xun.
Voilà un film qu’on peut prendre le temps de regarder. La caméra ne voltige pas d’un personnage à l’autre. Chaque séquence semble se dérouler en temps réel. Et c’est très bien ainsi puisque l’héroïne cherche à retrouver la mémoire, ce qui ne peut pas se faire en un clin d’œil.
Nombreux sont les scénarios qui ont exploité la veine de l’amnésie pour légitimer la manipulation d’un personnage par son conjoint. Ici c’est totalement l’opposé. Le mari trompé fait au contraire tout ce qui est en son pouvoir pour aider sa femme à retrouver ses souvenirs assumant le risque qu’elle le quitte pour un autre.
En même temps le film est aussi une fable sur la nécessité d'oublier, pour que renaisse une histoire d'amour. Le pardon est là érigé en vertu. Avec beaucoup de simplicité. Et la question de la jalousie et de la loyauté est traitée aussi avec délicatesse.
Même si l’action se passe en Chine, dans un milieu social assez éloigné du nôtre (le meilleur ami du mari, qui est aussi son collègue, et qui fut son rival amoureux, offre une voiture comme cadeau de fiançailles à sa future épouse …) on est vite pris dans l’engrenage de leurs vies. Au pluriel car on comprend vite qu’ils sont tous liés. Ils sont … ont été …ou vont être … amoureux. Là où d’autres échafaudent une comédie boulevardesque, Wang Chao compose une comédie dramatique subtile, toute en demi-teintes.
Les dialogues sont économes. Aucune envolée lyrique, aucune crise, aucune colère. C’est à peine si l’amant exprime quelques instants sa douleur. Quand il demande conseil on lui répond : vous devez parler au médecin traitant. C’est aussi le mari de Sizhu .
Voilà, c’est dit. Personne ne triche. Et s’il y a manipulation c’est pour une fois véritablement dans l’intérêt des protagonistes. Les lumières sont tamisées, à la limite de la froideur. Les clair-obscur alternent avec les néons artificiels. Beaucoup de scènes ont lieu la nuit ou dans la pénombre. Le crépuscule suggère la transition entre un passé qui n'est pas mort et un avenir qui est encore inconnu. Même les fêtes (les fiançailles, le mariage) se passent en soirée, et dans le huis-clos d’un appartement. La camera surprend le plus souvent les acteurs à travers des vitres, une rangée de cintres, dans un miroir. Avec une mise en abîme infinie au moment le plus crucial, quand Sizhu se découvre danser sur l’écran d’une télévision alors qu’elle avait été filmée devant une glace et que son portrait apparait aussi dans le champ.
Le film démarre avec le piano de la Pavane pour une infante défunte, que Maurice Ravel a composée en 1899. C’est une pièce dont la lenteur s’accorde parfaitement au thème du film. D’autant qu’elle évoque la danse d'une jeune princesse à la cour d'Espagne. Et quand on sait qu’il réutilisa plus tard cette danse dans Ma Mère l'Oye pour évoquer la Belle au Bois dormant on comprend davantage encore le choix du réalisateur. Plus tard l’illustration musicale d’Astor Piazzolla apporte une touche plus colorée et plus mélodramatique.
Le film démarre avec le piano de la Pavane pour une infante défunte, que Maurice Ravel a composée en 1899. C’est une pièce dont la lenteur s’accorde parfaitement au thème du film. D’autant qu’elle évoque la danse d'une jeune princesse à la cour d'Espagne. Et quand on sait qu’il réutilisa plus tard cette danse dans Ma Mère l'Oye pour évoquer la Belle au Bois dormant on comprend davantage encore le choix du réalisateur. Plus tard l’illustration musicale d’Astor Piazzolla apporte une touche plus colorée et plus mélodramatique.
A la toute fin du film Sizhu comprend qu’elle a fait souffrir son mari : Je suis désolée. Oublions le passé. J’ai tout oublié. Oublie toi aussi. Mais il lui répond avec sagesse : Tu dois te souvenir, moi, je peux oublier. Il cherche à signifier que l’oubli ne peut pas être positif s’il n’est pas volontaire.
Plus d'infos sur ce film
Li Xun va-t-il revivre les premiers temps de cette histoire d'amour sans que l’angoisse de l’avenir ne vienne tout gâcher ? Tentera-t-il d’inverser le cours des choses ? L’amant acceptera-t-il de rester en retrait ? Qui gagnera au subtil jeu de l’amour et du destin ?
Vous le saurez en allant voir le film interprété par des acteurs remarquables… cela et bien d’autres choses encore.
Plus d'infos sur ce film
Li Xun va-t-il revivre les premiers temps de cette histoire d'amour sans que l’angoisse de l’avenir ne vienne tout gâcher ? Tentera-t-il d’inverser le cours des choses ? L’amant acceptera-t-il de rester en retrait ? Qui gagnera au subtil jeu de l’amour et du destin ?
Vous le saurez en allant voir le film interprété par des acteurs remarquables… cela et bien d’autres choses encore.
A titre informatif je signale aux habitants de la banlieue sud que le film est programmé du 16 au 22 septembre au cinéma Ciné-Select d'Antony (92), ce qui est une information précieuse car malheureusement il ne bénéficie pas d'une diffusion à la hauteur de son mérite.
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