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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 24 avril 2011

Des perruches à collier, belles en apparence

Depuis au moins 5 ans, le ciel résonne de piaillements aigus, surtout le soir à partir du mois de mai en région parisienne.

On aperçoit des groupes de plus en plus conséquents de grands oiseaux verts qui se déplacent en bande.

Ils se perchent au sommet des arbres et on les devine à peine sur le feuillage dont ils semblent avoir emprunté la couleur, surtout s'ils ne tournent pas la tête vers vous.

Leur vol saccadé rend difficile la prise de vue. On peut se consoler avec les fleurs qui ne sont jamais dérangées par l'objectif.Jusqu’à ce qu’un animal solitaire se pose sur un arbuste du jardin par curiosité ou par témérité. J’ai pu l’approcher et faire plusieurs clichés de près.

On a envie d’admirer la brillance du plumage vert qui contraste avec le bec rouge, bien crochu, et le cercle noir des yeux. L’oiseau a le maquillage d’un clown.
On dit que ce sont des perruches à collier (seul le mâle porte cet ornement) qui se seraient échappées d’une cage mal fermée sur l’aéroport de Roissy. C’est peut-être une légende urbaine parce que les tourterelles turques n’ont pas eu besoin de prendre l’avion pour coloniser le bassin méditerranéen puis toute l’Europe.

Ces perruches vivent habituellement en Inde, en Asie du Sud-est et en Afrique subsaharienne et elles sont arrivées en France semble-t-il il y a une vingtaine d’années. Elles sont maintenant visibles jusqu’en Belgique et en Angleterre.
On commence par les admirer, comme les enfants le font des pigeons. On ne prend conscience des inconvénients de leur prolifération que plus tard. D’abord en réalisant que leur taille, un peu supérieure à un merle, va rapidement compromettre l’équilibre écologique. Certes, il ne s’agit pas de dégâts comparables à ceux que subissent les agriculteurs indiens, sur leurs récoltes de riz et d'arbres fruitiers.

Ce sont les petits moineaux si familiers de nos grandes villes qui sont les plus en danger. Ils assisteront impuissants à la diminution de leurs ressources de nourriture. Il n’y aurait guère que la pie qui leur fasse peur. Même le pic-vert, qui lui aussi niche dans les cavités des grands arbres, recule devant leur bec puissant. Là aussi les conséquences ne sont pas minces. La perruche ne dispose pas d’un bec qui lui permettre de creuser elle-même sa loge dans l’arbre. Alors elle squatte les habitations des pics ou des trous qui sont utilisés par des étourneaux, des pigeons colombins et autres sittelles … qui n’ont plus qu’à se remettre au travail un peu plus loin. Si bien qu’on réfléchit sérieusement depuis déjà 3 ans à l'intérêt d'une éventuelle éradication et à ses modalités.

Pour le moment l’espèce est dite envahissante, pas encore invasive. La nuance est subtile.

Je n’avais pas spécialement d’avis sur la question cet après-midi, tout à mon bonheur d’avoir pu faire de jolies photos « exotiques ». Mon point de vue a changé en fin de journée quand j’ai récupéré ma voiture, garée dans la rue, bêtement sous un platane, méconnaissable, maculée de fientes comme jamais j’aurais imaginé que ce fut possible.

Je sais maintenant que le platane est un de leurs garde-mangers préférés car sa production de boules dure longtemps. Peut-être faudra-t-il réfléchir à des mesures comme celles que les grandes villes ont prises pour limiter la prolifération des pigeons, ce qui me fait penser qu’il faut que je recommence à savonner mes rebords de fenêtre si je ne veux pas devoir les nettoyer … comme ma voiture.

Si j’ajoute le désagrément des pollens voltigeant dans les parcs et jardins où l’on plante de plus en plus d’espèces allergisantes sans réfléchir plus loin que la beauté des fleurs et des feuilles, et si je considère les ravages que les moustiques font déjà sur ma peau (alors que ce n’est encore théoriquement pas la saison) il serait raisonnable d’envisager une mutation en rase campagne.

Pour en savoir davantage sur l’espèce vous pouvez consulter cet article, un peu ancien mais instructif.

6 commentaires:

zarline a dit…

Un article vraiment intéressant. J'avais loupé l'arrivée de ces perruches en France (je suppose du coup qu'elles sont aussi présentes en Suisse). Malgré la beauté de l'oiseau et de tes photos, c'est vrai que les conséquences sur la faune indigène est inquiétante. Un dossier à suivre...

Marie a dit…

Ce sont les mêmes qui envahissent la Pépinière à Nancy...

Anonyme a dit…

envahir..envahir ....quelle tristesse de poser toujours ce mot à ce qui dérange

Marie-Claire Poirier a dit…

Chère(e) anonyme, ce qui me dérange, c'est de une que vous adressiez votre commentaire à Marie qui sera bien incapable d'y répondre.
En effet je n'ai pas employé une seule fois le verbe envahir dans mon article. Elle une fois ... et vous deux !
Et surtout ce qui me dérange c'est le courage de poster un commentaire anonymement. D'autant qu'il n'est pas nécessaire d'aller jusqu'à donner son nom de famille.
L'expression "espèce envahissante" est un terme biologique. En tout cas je note l'intérêt du sujet puisque ce billet date tout de même de plus de 5 ans. Il n'y a plus de moineaux dans mon quartier. Quasiment plus de mésanges charbonnières ni de troglodytes mignons. Et ces disparitions me dérangent. Mais je n'incrimine (encore un vilain mot !) pas les perruches qui n'ont pas sollicité les services d'un passeur, car c'est sans doute à cette actualité là que vous faites allusion.
J'aurais pu censurer le commentaire. Je le publie parce que je respecte l'altérité même quand elle est dérangeante.

Arnaud a dit…

Bonjour à tous. Nous sommes en 2017 et les perruches vertes sont tellement prolifiques qu'on ne voit plus qu'elles dans nos jardins d'Ile de France (je crois savoir que plus de 5.000 individu sont recensés à ce jour). C'est bien malheureux car je constate une réelle compétition entre ces animaux exotiques et nos oiseaux autochtones. J'ai l'habitude de nourrir mésanges et moineaux durant la période hivernale et, cette année, j'ai compte jusqu'à 10 perruches vertes qui venaient vider les silos de grains destinées à mes protégés (passereaux en tous genres et tourterelles). Aussi, j'ai pris la triste résolution d'apporter ma contribution à la régulation de la population de cette faune invasive. Ainsi, le week-end dernier j'ai abattu ma première perruche verte, la mort dans l'âme certes, mais conscient du devoir de protection des oiseaux locaux qui sont menacés de disparaître.

Arnaud a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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