J'ai connu Olga par une chanson que j'ai entendue via twitter. Cela m'a donné envie de tirer sur le fil ... de la robe de soie ... de sa voix ... et j'ai découvert une belle personnalité.
Elle chante le mardi soir au Théâtre de l'Essaïon à 21 h 30, dans un sous-sol qui ressemble à une de ces caves de Saint-Germain-des-Prés où tant de chanteuses ont débuté dans les années cinquante-soixante. Je n'y étais pas, mais on m'a raconté. Et, ce soir, j'avais le sentiment de vivre un moment comparable.
Olga doit être un peu superstitieuse. Son "doudou" l'accompagne sur scène, posé au pied du piano. Des galets de la plage de Bréhat sont à portée de main. un petit bateau de bois est prêt à faire le voyage avec elle, à moins qu'elle ne se décide pour un vol de montgolfière.
C'est tout Elsa, à mi-chemin entre mer et ciel !
Son récital est chaleureux bien que les sujets ne prêtent pas à rire. Elle fait cadeau de treize chansons à la douzaine et on sent bien qu'elle ne mesure pas ce qu'elle donne. Ses musiciens non plus d'ailleurs.
Elle commence la soirée avec la première chanson qu'elle a écrite, en 2009, Bréhat. Et c'est tout de suite une invitation au voyage : nous prendrons le prochain bateau pour retrouver la terre ...
Une promenade avec toi à Bréhat, une promenade où mes pas dans tes pas, une promenade où nous deux juste là, à regarder la mer en bataille.
Elle enchaîne avec La robe de soie, qu'elle dit à l'envers de moi parfaitement accompagnée au violoncelle par Fabien Rapaud. Je ne suis pas surprise que Delphine de Vigan l'ait choisie pour habiller le générique de fin du premier film dont elle signe aussi la réalisation, "A coup sûr" (sorti en janvier dernier et que je n'ai pas encore vu).
Delphine de Vigan est surtout écrivain. J'ai chroniqué plusieurs de ses livres. Elle s'y connait en paroles et cet adoubement est de bonne augure. De fait Olga est un auteur qui peaufine ses textes en les ornant avec naturel de métaphores très élégantes. Ce sont par exemple les larmes montgolfière au vertige doré d'un soleil d'hiver dans Pas si tard.
Elle explore quelques territoires obsessionnels comme le temps qui passe ... en proposant toujours une réponse positive, y compris dans La ville araignée dont l'atmosphère, entre aujourd'hui et demain, évoque l'univers de Tim Burton que l'on retrouve encore avec Le Vent, un petit conte macabre dans un décor de château au milieu d'une forêt.
Dans la chanson suivante, Ma rivière, qu'elle interprète à la manière d'une ballerine, elle promet que demain nous serons encore là.
On ressent des pulsions chorégraphiques avec Colombine, qui partit après un (charmant) faux départ, jolie occasion de vivre avec le public la densité de la connivence qui relie la chanteuse à ses musiciens.
Si André Margail (à la guitare) a rejoint le groupe depuis seulement quelques mois il en fait désormais partie prenante et définitive.
Thomas Février est non seulement pianiste mais aussi le compositeur des chansons depuis plusieurs années. Il lui arrive de chanter avec Olga (c'est aussi son métier et il poursuite une carrière solo également) et même de jouer de son instrument debout.
La mer et l'univers aquatique sont eux aussi très présents. Après Bréhat, ce sont la plage de Fille Rivage, la sirène de Ma rivière, et bien entendu The River of no return qu'elle garde pour la fin.
Elle chante celle-ci en anglais, et je n'ai pas peur d'écrire que le souvenir de Marilyn Monroe fait comparativement pâle figure. La charge d'émotion confirme la capacité d'Olga a faire vivre aussi bien ses textes que ceux d'autres auteurs.
Elle chante aussi en russe, comme la Polka de Sokolow ou Maman j'aime un voyou, confirmant un talent international, avec une voix parfois fragile, souvent puissante.
Le public est conquis, adhère, apprécie ... et chante avec elle à sa demande les la, la, la des Mots inconnus qui sera le titre phare de son prochain album.
Il y a beaucoup à dire sur Olga. D'abord que ce prénom cache un personnalité aux multiples talents de chanteuse, mais pas que. Elle est aussi comédienne et fait du doublage, toutes choses qu'elle présente sur son site. Je vous invite à découvrir son univers.
Olga, les mardis soirs à 21 h 30
Avec Thomas Février au piano, Fabien Rapaud au violoncelle, André Margail à la guitare.
Théâtre de l’Essaïon, 6 rue Pierre-au-Lard, 75004 Paris jusqu'au 1er juillet.Concerts lors du Festival "Théâtre sur l’herbe" à Saran (45), les 28 & 29 juin 2014
1 commentaire:
Encore merci, Marie-Claire pour ce si beau papier !
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