Stéphanie Tesson n'était pas seule pour nous donner Un petit air de Maupassant au Potager du Roi de Versailles dans le cadre du Mois Molière mais je ne peux pas écrire des titres "à rallonge" ...
Elle proposait une lecture-concert itinérante autour de quelques contes et de nouvelles de Guy de Maupassant et de musiques de son temps, dans un jardin cultivé qui est aussi un espace de campagne en zone urbaine, sous l'ombre bienveillante de la cathédrale Saint Louis.
Nous étions ce samedi très nombreux ... presque trop pour la portée de la voix de la comédienne qui craignait de devoir forcer pour se faire entendre. Mais non. Cette veillée diurne fut un vrai plaisir, même si certains ne trouvaient pas toujours un cageot de libre pour se poser.
Nous avons alterné de manière à ce que chacun puisse à un moment où un autre bénéficier d'une place assise. Mais le succès étant au rendez-vous il faudra sans doute revoir le nombre de sièges à la hausse pour les prochaines séances. S'agissant d'une matière première peu couteuse cela ne devrait pas être irréaliste.
Elle commença dans les pommiers par Rose, un Conte du jour et de la nuit, qui démarre au soleil levant et se termine à l'approche de la nuit. Il y est question d'un bateau s'arrêtant à Saint-Cloud, d'une route à travers de petites forêts pour arriver à Versailles avant l'heure du dîner, d'une femme excédée par les étourderies de son mari et d'un troisième personnage qui saura la guider à bon port ... façon de parler puisqu'ils arriveront à un tout autre endroit que celui qui fut convenu ... à Bougival où muet, troublé et ravi, notre homme fera l'expérience de son premier adultère.
On suivra ensuite la clarinette entre les rangées de poiriers pour écouter un Conte de la Bécasse, l'histoire de la Rempailleuse, et arbitrer de la question de savoir si on peut éprouver le grand amour une ou plusieurs fois. L'histoire est mélancolique. Elle exprime parfaitement la misérable existence de bien des personnages composés par Maupassant. On entendra un coq s'égosiller au loin, annonciateur involontaire et imprévu du conte suivant alors qu'Emmanuelle Huteau nous chantera la Délaissée...
Nous n'allions pas nous plaindre du soleil alors que quelques heures plus tôt nous tremblions qu'une averse ne perturbe la soirée mais nous avons vraiment apprécié le cadre d'une clairière semi-ombragée pour écouter la suite.
Et Stéphanie très attentive, ne commença pas avant de s'être assurée que nous étions tous bien installés.
Un coq chanta, tel est l'intitulé de ce qu'elle nous lut, lui aussi tiré des Contes de la Bécasse. L'atmosphère est agitée. Nous sommes cette fois en Normandie, en automne
La comédienne donne vie à une partie de chasse, au sens propre et dont un sanglier fera les frais, comme au sens figuré entre un homme et une femme qui joue les Dianes effarouchées.
Sollicitant nos cinq sens, elle nous raconte la course poursuite du mâle avec énergie et humour.
Le bord de la pièce d'eau fut un cadre idéalement choisi pour Mouche, publié en 1890 dans l'Echo de Paris. Imaginez la seine à Argenteuil et un groupe de jeunes hommes pris de passion pour une seule et unique femme, Mouche qui embarque avec eux sur un seul bateau.
Une poule d'eau ricane. Les grenouilles lancent leur raffut. Stéphanie, imperturbable, poursuit la narration de cette cruelle farce qui pourrait être cocasse si elle n'avait pas été écrite avec tendresse. Le trio porte maintenant le canotier traditionnel des bords de rivière.
La dernière histoire arrive trop vite. On resterait volontiers toute la soirée dans ce parc, à déambuler si agréablement. C'est un Menuet, encore un Conte de la Bécasse, que nous sommes invités à écouter en nous asseyant sur un "tapis persan" ... l'herbe rase et fraîchement tondue du potager ... en imaginant nous trouver dans la pépinière du Luxembourg.
Le menuet, nous dit-on, est la reine des danses et la danse des reines. L'âme du héros est tourmentée, nous avouant son envie de rire et son besoin de pleurer. Jean Bridelle, tel est son nom, évoque un vieil homme, maitre de danse à l'Opéra de Paris sous Louis XV, marié avec La Castris, une danseuse qui fut aimée du roi. Tous deux interpréteront ce menuet dans ce jardin qui compte tant pour eux et Stéphanie les fait merveilleusement tournoyer sur le banc de pierre avec un talent de marionnettiste.
Quelques années plus tard Jean Bridelle repense à ce couple, s'interrogeant sur ce que l'homme et la femme sont devenus alors que le cadre de la Pépinière a été détruit, nous confiant que leur souvenir le hante.
Sans être dans un état d'esprit aussi affirmé, nous repenserons certainement nous aussi longtemps à cette après-midi bucolique en compagnie de Stéphanie Tesson, Emmanuelle Huteau et Olivier Depoix. Le principe de lier lecture, chant et musique est à conserver.
D'ici là n'oublions pas qu'ils tournent dans plusieurs jardins d'exception. Qu'il s'agisse des Fables de la Fontaine que j'ai vues l'an dernier dans le Parc de Sceaux (92) ou d'Alice qui revient régulièrement à Versailles, en l'occurrence les dimanches 15 et 22 juin prochains à 16 h, 17 h30, 18 h 45 et 20 h.
Tout le programme de la 19ème édition du Mois Molière ici. Enorme programme sur plus d'un mois.
Nous étions ce samedi très nombreux ... presque trop pour la portée de la voix de la comédienne qui craignait de devoir forcer pour se faire entendre. Mais non. Cette veillée diurne fut un vrai plaisir, même si certains ne trouvaient pas toujours un cageot de libre pour se poser.
Nous avons alterné de manière à ce que chacun puisse à un moment où un autre bénéficier d'une place assise. Mais le succès étant au rendez-vous il faudra sans doute revoir le nombre de sièges à la hausse pour les prochaines séances. S'agissant d'une matière première peu couteuse cela ne devrait pas être irréaliste.
Elle commença dans les pommiers par Rose, un Conte du jour et de la nuit, qui démarre au soleil levant et se termine à l'approche de la nuit. Il y est question d'un bateau s'arrêtant à Saint-Cloud, d'une route à travers de petites forêts pour arriver à Versailles avant l'heure du dîner, d'une femme excédée par les étourderies de son mari et d'un troisième personnage qui saura la guider à bon port ... façon de parler puisqu'ils arriveront à un tout autre endroit que celui qui fut convenu ... à Bougival où muet, troublé et ravi, notre homme fera l'expérience de son premier adultère.
On suivra ensuite la clarinette entre les rangées de poiriers pour écouter un Conte de la Bécasse, l'histoire de la Rempailleuse, et arbitrer de la question de savoir si on peut éprouver le grand amour une ou plusieurs fois. L'histoire est mélancolique. Elle exprime parfaitement la misérable existence de bien des personnages composés par Maupassant. On entendra un coq s'égosiller au loin, annonciateur involontaire et imprévu du conte suivant alors qu'Emmanuelle Huteau nous chantera la Délaissée...
Nous n'allions pas nous plaindre du soleil alors que quelques heures plus tôt nous tremblions qu'une averse ne perturbe la soirée mais nous avons vraiment apprécié le cadre d'une clairière semi-ombragée pour écouter la suite.
Et Stéphanie très attentive, ne commença pas avant de s'être assurée que nous étions tous bien installés.
Un coq chanta, tel est l'intitulé de ce qu'elle nous lut, lui aussi tiré des Contes de la Bécasse. L'atmosphère est agitée. Nous sommes cette fois en Normandie, en automne
La comédienne donne vie à une partie de chasse, au sens propre et dont un sanglier fera les frais, comme au sens figuré entre un homme et une femme qui joue les Dianes effarouchées.
Sollicitant nos cinq sens, elle nous raconte la course poursuite du mâle avec énergie et humour.
Le bord de la pièce d'eau fut un cadre idéalement choisi pour Mouche, publié en 1890 dans l'Echo de Paris. Imaginez la seine à Argenteuil et un groupe de jeunes hommes pris de passion pour une seule et unique femme, Mouche qui embarque avec eux sur un seul bateau.
Une poule d'eau ricane. Les grenouilles lancent leur raffut. Stéphanie, imperturbable, poursuit la narration de cette cruelle farce qui pourrait être cocasse si elle n'avait pas été écrite avec tendresse. Le trio porte maintenant le canotier traditionnel des bords de rivière.
La dernière histoire arrive trop vite. On resterait volontiers toute la soirée dans ce parc, à déambuler si agréablement. C'est un Menuet, encore un Conte de la Bécasse, que nous sommes invités à écouter en nous asseyant sur un "tapis persan" ... l'herbe rase et fraîchement tondue du potager ... en imaginant nous trouver dans la pépinière du Luxembourg.
Le menuet, nous dit-on, est la reine des danses et la danse des reines. L'âme du héros est tourmentée, nous avouant son envie de rire et son besoin de pleurer. Jean Bridelle, tel est son nom, évoque un vieil homme, maitre de danse à l'Opéra de Paris sous Louis XV, marié avec La Castris, une danseuse qui fut aimée du roi. Tous deux interpréteront ce menuet dans ce jardin qui compte tant pour eux et Stéphanie les fait merveilleusement tournoyer sur le banc de pierre avec un talent de marionnettiste.
Quelques années plus tard Jean Bridelle repense à ce couple, s'interrogeant sur ce que l'homme et la femme sont devenus alors que le cadre de la Pépinière a été détruit, nous confiant que leur souvenir le hante.
Sans être dans un état d'esprit aussi affirmé, nous repenserons certainement nous aussi longtemps à cette après-midi bucolique en compagnie de Stéphanie Tesson, Emmanuelle Huteau et Olivier Depoix. Le principe de lier lecture, chant et musique est à conserver.
Un petit air de Maupassant, au Potager du Roi le 7 juin 2014, à Versailles
Représentations à 18h et à 20h (jauge : 200 personnes pour chaque représentation)
À partir de 12 ans
Durée : 1h15
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La relation de parrainage artistique qui s'est instaurée depuis l'été 2002 entre la Compagnie Phénomène et le Festival du Mois Molière à Versailles est décidément fructueuse. Stéphanie Tesson y crée chaque année un spectacle-promenade au Potager du Roi, en co-production avec la Mairie de Versailles et rendez-vosu est pris d'ores et déjà pour l'an prochain.D'ici là n'oublions pas qu'ils tournent dans plusieurs jardins d'exception. Qu'il s'agisse des Fables de la Fontaine que j'ai vues l'an dernier dans le Parc de Sceaux (92) ou d'Alice qui revient régulièrement à Versailles, en l'occurrence les dimanches 15 et 22 juin prochains à 16 h, 17 h30, 18 h 45 et 20 h.
Tout le programme de la 19ème édition du Mois Molière ici. Enorme programme sur plus d'un mois.
Pour les spectacles de Stéphanie Tesson, renseignements auprès de Phénomène & Compagnie : +33 1 30 21 51 39 www.phenomene-cie.fr
Il faut aussi déambuler dans le Potager pour en admirer les plantations. en ce moment les artichauts sont grandioses, et le premier surpris est Antoine Jacobsohn, le responsable du jardin qui m'a dit qu'ils avaient poussé là un peu par hasard, même si ce sont des graines qui lui ont été offertes spécialement.
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Enfin, je voudrais signaler qu'il y a, au coin de la rue, un restaurant qui, vu de l'extérieur ressemble à un fast food pour qui ne connait pas l'endroit mais qui, pourtant, propose des formules buffet avantageuses, en qualité comme en prix puisqu'on peut cumuler deux buffets pour moins de 20 €.
Le décor de Monument café est contemporain et baroque à la fois, avec une vidéo sur les jardins de Versailles. Le service est attentionné et discret.
Le chef privilégie les produits de saison, qu'il va chercher au Potager du roi ou à la Ferme de Gally. Il prépare aussi chaque jour ce qu'il appelle une "bizarrerie" culinaire : des escargots, des cuisses de grenouille ou de la tête de veau par exemple.
MONUMENT CAFÉ VERSAILLES, ouvert tous les jours
1 rue du Marechal Joffre, Quartier Saint-Louis
78000 Versailles, Tel : 01 39 66 07 12
1 commentaire:
Superbe article ! Ca donne envie...
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