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mardi 28 novembre 2017

MontparnassE présente son troisième album Aux gouttes de Dieu

J'ai eu la chance de découvrir l'artiste en même temps que son dernier album.

Il m'avait donné rendez-vous il y a quelques jours Aux Gouttes de Dieu, une cave à vins située 8 rue Rossini - 9ème. Avant que ce ne soit son QG, Philippe avait davantage l'habitude d'écrire sur une table d'un café, juste en face du studio où enregistrait Jean-Patrick Capdevielle qui fut le premier à reconnaitre son talent, d'auteur et de musicien. A un moment de son parcours où il croyait fermement qu'on pouvait improviser un groupe, sans musiciens fixes.

C'est donc assez naturellement qu'il a pris alors ce nom de MontparnassE qui est celui d'un quartier parisien, en lui donnant de la noblesse avec une majuscule au début comme à la fin. Il repris cette astuce typographique pour l'album AnachroniquE. Philippe aime les mots équilibrés.

C'est un épicurien, aimant bien manger, boire du bon vin, fumer un cigare ... logique qu'il présente son disque parmi ses potes dans un endroit où il fait bon passer une soirée, même si le son n'y est pas des meilleurs. L'ambiance compte plus que tout et la soirée a coulé doux, comme une fête autour de l'album qui sortait ce soir là.
Les photos de la pochette ont été faites dans une prison lilloise désaffectée, aujourd'hui démolie. On avait un peu reproché à Philippe d'avoir écrit des albums sombres. Il a entendu la leçon et a voulu de la couleur pour celui-ci. Il a failli appeler cet album Technicolor mais la société qui porte ce nom s'y est opposée. Ce fut (des) Couleurs manifestes. Avec (des) entre parenthèses, parce que c'est joli.

L'album a été rendu possible grâce à l'investissement des personnes qui ont cru en lui, un peu plus de 162 qui figurent en quatrième de couverture du livret, et qui lui ont inspiré Kiss Kiss qu'il interprète en duo avec Capdevielle mais que nous n'entendrons pas ce soir.
Pour cette soirée de lancement il a retenu la majorité des titres de l'album en ajoutant quelques autres, plus anciens. Lui qui chante en groupe démarre seul, avec Hero in. Seul mais bien entouré, puisque le réalisateur du disque, Vincent Perrot (arrangeur sur quelques titres d’AnachroniquE, 5 ans plus tôt) est à la guitare, est présent et l'accompagne pour Another Strange Day, premier titre du nouvel album, qu'il chante en français quoiqu'en laisse penser le titre en anglais.
Il enchaine avec Si tu m'emmènes, une chanson un peu ancienne, autour des préoccupations d'un adolescent fou de rock et de filles. L'enfer du paradis aborde la condition féminine. Et si on pose des couleurs sur les chansons on mettra du rose sur D'elle ... qu'il sifflera pour commencer. Il l'a écrite pour parler d'une fille qui le suit partout depuis 4 ans et qui le mène par le bout de son (petit) nez, en toute logique puisque c'est sa fille.

La famille est un axe important pour Philippe qui a consacré systématiquement un titre à un de ses enfants dans chacun de ses trois albums.

St Patrick's Day fut écrit dans un pub. Ce n'sont pas des anges est en quelque sorte dédié aux fils de bonne famille et aux copines bourgeoises de maman à l'heure du thé.

Couleurs manifestes arrive en seconde partie de la soirée, lui donnant l'occasion d'expliquer la tonalité qu'il a voulu donner à l'album, suivi de Never Mind qui célèbre les femmes qui affrontent la vie coute que coute.
Ce seront ensuite deux titres chantés en duo avec une chanteuse très prometteuse, Marie. Il confie qu'il a failli enregistrer On s'est menti avec Alain Souchon. On sent que ce n'est que partie remise. Peut-être lorsqu'ils auront diné ensemble ici même un soir prochain....

Sur le disque c'est Cali qui interprète Ecoute-moi jusqu'au bout, dont il signe les paroles alors que Philippe a composé la musique comme il l'a fait de tous les titres, à l'exception de la reprise de Ma France, une chanson de Jean Ferrat à laquelle il donne une autre teinte, sans pour autant aller jusqu'à l'électro qui domine tout l'album.
Ce titre s'est imposé quand il a senti la France agressée, meurtrie, mise en cause par les attentats puis devenant le centre du monde. Le texte de 1969 prend une ampleur nouvelle. Chaque mot a son importance dans cette superbe reprise.

Auparavant il aura célébré une autre grande figure mythique, celle d'un immense acteur qui connait bien lui aussi ce quartier de Montparnasse. C'est en 2013 qu'il a écrit Quand j'étais Jean-Paul Belmondo, prétexte à faire défiler les prénoms des actrices qui ont été ses partenaires à l'écran et qui lui a valu d'être invité sur le canapé rouge de Michel Drucker avec son idole.

Cette année-là fut faste pour Philippe qui a composé la bande originale du film Le Cœur des Hommes 3.

Un vinyl (rouge) a été pressé pour l'occasion. Il est bien davantage que la copie du CD. On sent combien l'artiste a le souci du détail. Il dit avoir découvert la scène assez tard et doit cumuler avec un autre métier pour faire vivre sa famille. Mais la musique est sa passion, cela se sent. Une musique qui se doit d'être partagée, voilà pourquoi il aime un lieu comme ce bistrot où il vient régulièrement boire des coups. Il aura juste suffit ce soir d'ajouter deux guitares, d'appeler Vincent et Marie ... et de faire signe aux amis.

Quelques dates sont déjà arrêtées mais sans parler d'une tournée. Alors pour le moment c'est surtout l'album qui permet d'apprécier ces dix nouveaux titres et leur tonalité électro très réussie avec la complicité (et le talent) de Vincent Perrot.
C'est Olivier Mouton qui a créé l'endroit il y a trois ans, en septembre 2014, avec l'idée sous-jacente que ce puisse être une sorte de showroom pour ses clients professionnels puisque son premier métier est de sélectionner des vins.

Il promet avoir ici de tout, y compris des bouteilles de Haute-Savoie peu connues en région parisienne comme la Mondeuse (du Domaine des violettes), des Juras somptueux ... 520 bouteilles attendent d'être saisies, 50 champagnes, 90 alcools. Olivier aime conseiller, après avoir posé quelques questions à la clientèle pour la convaincre de tenter quelque chose de nouveau. Le prix est inscrit à la craie sur le goulot. On le divise par quatre si on désire consommer au verre. Et celui-ci est souvent vintage, siglé de marques bien connues.
Les carafes accueillent des bouquets de fleurs champêtres. Aux gouttes de Dieu est une petite brasserie revisitée. Avec quelques tables hautes prêts du comptoir, d'autres plus intimes dans la salle du fond (où par contre on n'entendait pas la musique). Le menu est très raisonnable pour le déjeuner, afin de permettre à la tablée de s'offrir (en toute modération) une bonne bouteille, parce que c'est tout de même l'ADN du lieu.
Le soir on hésitera entre quelques plats dits canaille comme l'oeuf mollet qui, m'a-t-on dit est meilleur qu'un oeuf parfait. A moins de préférer une feta grecque de l'ile de Lemnos avec quelques olives de Kalamata.
On trouvera aussi dans les assiettes du caviar d'Aquitaine, un Gravlaax maison, un carpaccio de boeuf maturé, un tartare charolais au couteau. On pourra opter pour la cocotte du jour, qui pourra être un plat de lentilles mitonné dans une céramique. Et de multiples planches de charcuteries et de fromages.
C'est Greg, l'associé d'Olivier, qui déniche des assiettes aux Puces. C'est aussi à sa grand-mère, Mamie Loulou, que l'équipe doit la recette d'un riz au lait longuement cuisiné avec de la vraie vanille. L'adresse est à retenir !

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