Hier je vous ai présenté le cadre du Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix. Aujourd'hui nous allons visiter quatre expositions temporaires.
Traverser la lumière
Elle a été conçue autour de la Seconde école de Paris qui a eu un rayonnement formidable dans le nord auprès des collectionneurs et qui a permis la réalisation de cette Chapelle Sainte Thérèse de l’enfant Jesus et de la Sainte Face de Hem, qui est un lieu très important de l’art sacré de l’après-guerre, très peu connu du grand public et auquel je consacrerai le prochain article.
C'est l’accrochage temporaire le plus important et la scénographie est réalisée grâce au concours des peintures Couleurs de Tollens, ce qui démontre que le mécénat demeure traditionnel dans la région.
Sont réunis 6 peintres Jean Bazaine, Roger Bissière, Jean le Moal, Gustave Singier, Alfred Manessier et une femme Elvire Jean dont ils disaient qu’elle était "la meilleure d’entre eux". Ces artistes n’ont pas craint de clamer le peu d’intérêt qu’ils accordaient à la peinture dite "classique" tout en reconnaissant l’héritage de plusieurs maitres qui les avaient précédés comme Cézanne (né le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence, mort le 22 octobre 1906 dans la même ville) qui avait en quelque sorte préparé la venue du cubisme.
On comprend très bien ce que signifie le terme de non figuratif pour caractériser des tableaux qui néanmoins ne sont pas abstraits. Plutôt que de penser à l’abstraction c’est le terme d’émotion qui me vient à l’esprit. Presque tous ont utilisé le motif dit de "la grille" pour fragmenter leurs toiles, ce qui peut évoquer le mouvement cubiste. Ci-dessous Gustave Singier (1909-1984) La Grille 1944 :
Certains critiques y ont vu la volonté d’écarter les barreaux que représentait la Seconde Guerre Mondiale dont on sortait à peine. Les motifs et les personnages sont en tout cas parfaitement reconnaissables, même s'il faut faire un (petit) effort : Alfred Manessier (1911-1993), La jeune fille, 1943.
Au fur et à mesure qu’on progresse dans le parcours on mesure l’importance de la lumière et de l’élément aquatique, avec toutes ses altérations, vagues et reflets (voir ci-dessous : Manessier, Marée basse, 1954).
Sa peinture a considérablement évolué depuis la Jeune fille au chat, qu'il a faite en 1942.
On perçoit bien sûr l’influence d’un artiste comme Monet dans les tableaux de Jean le Moal (1909-2007) comme Ouessant, 1960-61,
ou Orage en mer, 1963.
En tout cas ce qui est troublant pour nous c’est que ces artistes n’aient pas été mondialement reconnus. On sait aujourd’hui pourquoi. Il a été prouvé que la CIA a voulu imposer l’art américain en Europe ce qui a entrainé l’effondrement des cotes des artistes français.
C'est encore lui qui a dessiné les vêtements liturgiques.
Manessier était profondément engagé dans sa foi. Il a réalisé de nombreux vitraux que je verrai bientôt en vrai en me déplaçant à Hem.
Sa peinture a considérablement évolué depuis la Jeune fille au chat, qu'il a faite en 1942.
On perçoit bien sûr l’influence d’un artiste comme Monet dans les tableaux de Jean le Moal (1909-2007) comme Ouessant, 1960-61,
ou Orage en mer, 1963.
On remarque des similitudes entre certains. Par exemple entre La biche au bois, 1950 peinte par Jean Bazaine (1904-2001) et une composition d'Elvire Jean (1904-1996).
La découverte des oeuvres de cette artiste est un choc. Voici successivement Composition 1953, une autre Composition (utilisée pour l'affiche de l'exposition),
puis Ocre (1989)
Paysage bleu (1979-80 ?), et enfin les tonalités rosées et subtiles de Lumière d'un matin en Provence, 1982, très difficiles à photographier, malgré trois tentatives, dont aucune ne s'approche de la réalité.
Pour terminer cette série, de nouveau Gustave Singier, avec Mutant, 1962En tout cas ce qui est troublant pour nous c’est que ces artistes n’aient pas été mondialement reconnus. On sait aujourd’hui pourquoi. Il a été prouvé que la CIA a voulu imposer l’art américain en Europe ce qui a entrainé l’effondrement des cotes des artistes français.
Manesssier, Les terreurs du chat, 1950
La dernière salle est consacrée aux Passions de Manessier qui a repris le thème de la passion du Christ en 1986 (ci-dessus Passion selon Saint Jean). C’est à un autre roman que j’ai alors pensé, le dernier Amélie Nothomb qui s’intitule Soif, comme quoi les passerelles entre hier et aujourd’hui sont multiples.C'est encore lui qui a dessiné les vêtements liturgiques.
Manessier était profondément engagé dans sa foi. Il a réalisé de nombreux vitraux que je verrai bientôt en vrai en me déplaçant à Hem.
Marie-Pierre Thiébaut
Les sculptures de Marie-Pierre Thiebaut (1933-2010) contrastent puisqu’elles sont essentiellement en noir et blanc. Elle s’est formée avec le grand sculpteur Ossip Zadkine avant de s’installer dans la campagne à Gordes où elle a créé des architectures-sculptures caractérisées par leur épure et leur remarquable intégration dans le paysage. Elle faisait beaucoup d’empreintes et avait recours à des techniques de polissage et de pliage qu’on aurait envie de toucher, ce qui n’est pas possible. Par contre des casiers sont placés près du mur du fond du musée et à disposition où il est permis de poser la main, de sentir les textures d’une multitude d’échantillons de tissus.
Paysage debout n°2, 1983Plages, vers 1981-1982, ciment
De nombreux textes sont reproduits sur les murs, comme celui de Marguerite Duras, (...) Toutes les sculptures de pourraient être agrandies aux dimensions architecturales. Toutes, même les plus petites, sont de nature monumentale. Ou encore Gaston Bachelard, La poétique de la rêverie, 1960 : L'on n'a jamais bien vu le monde si l'on n'a pas rêvé ce que l'on voyait
Hommage à Geneviève Godar
L’hommage à la galeriste Geneviève Godar est justifié parce que elle a ouvert en France une des premières galeries dédiées à la céramique, qu’elle vient de fermer faute de successeur. C’est à peu près 10% de ses collections qui sont rassemblées en ce moment et on remarque l’évolution de cet art qui oscille entre la fonction par exemple de contenant à un rôle plus politique.
Oeuvres sur papier de Hugo Villaspasa
Ce jeune artiste est né en 1990. Il a apprécié de montrer les oeuvres sur papier qu’il réalise en marge de son travail habituel sur de grands formats. Les 32 pages qui nous sont données à voir composent une sorte de carnet de voyage dans son univers créatif.
Elles combinent les collages, la gravure, diverses matières et beaucoup de couleurs.
Musée d'art et d'industrie André Diligent de RoubaixElles combinent les collages, la gravure, diverses matières et beaucoup de couleurs.
La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix
23 Rue de l'Espérance, 59100 Roubaix - 03 20 69 23 60
Depuis le 19 octobre et jusqu’au 2 février 2020
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