J'attendais beaucoup du film Alice et le maire réalisé par Nicolas Pariser dont c'est le second long métrage. Cette histoire de personnage politique qui se sent vide après trente ans de vie politique m'intéressait. Qu'on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann, pour tenter de remédier au problème me semblait un excellent (et plausible) point de départ. Mais j'ai été déçue.
Le film a été tourné d'aout à octobre 2018 dans une très grande ville, Lyon en l’occurrence, que l’on reconnaît parfaitement, ce qui renforce le scénario en terme de crédibilité.
Le contraste entre le faste des décors et la vacuité des décisions est voulu. D’ailleurs la caméra n’est jamais complaisante. Les bureaux sont le plus souvent vides et on ne peut pas dire que les employés croulent sous les dossiers. Ils sont certes occupés mais surtout pour remporter des batailles ... de communication.
La seule personne à être consciente du désastre, et c’est à mettre à son crédit, c’est Paul Théraneau (Fabrice Luchini) le maire, socialiste (la ville de Lyon est dirigée par un maire socialiste depuis) qui semble épuisé, par des années de responsabilité à la tête d’une machine qui désormais tourne dans le vide.
Arrive Alice (Anais Demoustier) qui n'est pas au pays des merveilles et en qui on place beaucoup d’espoirs .... peut être différents selon qu’il s’agisse de Mélinda, sa collègue de la communication, chargée de lui expliquer ce job si particulier (Nora Hamzawi) que la directrice de cabinet du Maire (Léonie Simaga, criante de vérité) portée par l’ambition. Peu de monde fonctionne "normalement" et Alice a beau être philosophe, elle peine à se situer. Nous aussi et c’est là la faiblesse du film qui brille davantage par l’interprétation du duo annoncé par le titre que par l’analyse du pouvoir.
Du coup le réalisateur ne dénonce rien et ne propose pas un nouveau modèle politique. Il se contente de nous mettre sous les yeux les dérives qui ne sont pas un mystère : langue de bois, gâchis financiers, dérives, querelles d’influence... ballet des courtisans et des opportunistes comme ce Patrick Brac (Thomas Chabrol).
La définition de poste d’Alice, qui se veut révolutionnaire, est de travailler aux idées en prenant du recul mais je n’ai pas perçu de suggestion encourageante. S’il faut effectivement se satisfaire que "plus rien n’est possible hormis la gestion de la pénurie" il y a de quoi finir dans un asile comme le personnage de Delphine (Maud Wyler, qui jouait la Juliette si peu conformiste de Perdrix), dont le mari ne sait pas si elle est folle parce qu’elle est lucide ou le contraire.
Je me suis posée quelques questions sur la portée des intentions éventuelles du réalisateur. A-t-il intentionnellement mentionné que le maire est socialiste pour renforcer l’argument selon lequel ce partie politique est à court d’idées ou l’a-t-il fait parce que tout le monde sait que la ville de Lyon où se déroule l'histoire est dirigée par un socialiste ?
Alice hésite entre Gauthier (un ex aujourd'hui marié à Delphine) et Xavier, un citoyen qu'elle a vu à travers une vitre sans tain, et il est peu déontologique qu'elle lui ait adressé la parole, car ce type d'investigation doit resté secret. Chargée d’aider son patron à penser, elle a autant de mal que lui à se déterminer, que ce soit sur le plan amoureux (elle change de partenaire sans que l’on perçoive jamais un quelconque attachement) ou professionnel, étant totalement incapable de se projeter dans un avenir à moyen terme. A-t-on voulu signifier que la jeunesse était indécise ?
Le personnage de Delphine est extrêmement émouvant mais a-t-on cherché à démontrer que la conscience écologique menait à la folie ? En tout cas on voit combien les hommes politiques ne s'en soucient pas beaucoup.
On sort de la projection avec le sentiment d’être paralysé par une impuissance infinie. Pourtant la scène finale révèle que le maire a écrit un livre et qu'Alice a une petite fille (dont on ignore qui est le père ....). L’un aura-t-il sauvé l’autre ?
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