Le film de Blake Edwards est repassé il y a quelques jours à la télévision. Si j'en avais entendu parler je n'avais jamais eu l'occasion de voir ce classique dont j'apprends qu'un remake se prépare ... Ce serait Anne Hathaway qui reprendrait le rôle d’ Audrey Hepburn et cette perspective ne m'emballe pas.
Diamants sur Canapé, puisque tel est le titre français, n'a pas besoin d'une nouvelle version. Celle qui a été tournée en 1961 me convient parfaitement. Paramount se fourvoie en croyant avoir trouvé une perle rare pour interpréter le rôle de la mondaine new-yorkaise Holly Golightly !
Ce n'est pas que l'histoire soit sensationnelle. En résumé, une soit-disant croqueuse de diamants (qui fait également en toute candeur passer des messages entre un truand notoire emprisonné et son gang) cherche à épouser un homme riche alors que son voisin écrivain s'intéresse à elle. Lorsque la police interroge la jolie et naïve Holly (Audrey Hepburn), celle-ci n'aura aucun mal à prouver son innocence mais son futur époux, riche planteur brésilien, s'éloignera par peur du scandale. Si j'écris "soit-disant" croqueuse de diamants c'est parce qu'on s'aperçoit vite que la belle n'est pas si vénale qu'elle en a l'air et que le luxe est un pansement destiné à réparer de profondes blessures.
Ce qui est formidable c'est d'une part l'interprétation extrêmement personnelle et inimitable d'Audrey Hepburn. D'autre part le rendu d'un passé révolu qui en fait un film d'époque en quelque sorte. (Ah le papier peint aux grands motifs baroques noirs et blancs qui revient à la mode ...). Enfin la "relecture" du film montre que ce scénario a été le gisement de nombreuses jolies idées qui ont émaillé d'autres films ensuite. Un remake n'aurait donc aucun sens. Il n'y a aucun besoin à faire mieux. Bien au contraire. L'extrême lenteur de certains plans confère un charme, une innocence qui ne serait plus palpable avec un découpage en plans courts comme on a l'habitude aujourd'hui de procéder. Si c'est pour faire comme avec l'Affaire Thomas Crown, dont la version 1999 n'a plus rien à voir avec la version originale de 1967 avec les merveilleux Steve Mc Queen et Faye Dunaway autant ne rien tenter.
Ne perdons pas la nostalgie de la première scène devant la vitrine de Tiffany's, en long plan séquence, avec surimpression du générique, dont ces quelques photos restituent l'atmosphère.
Le chignon impeccable trahit mal une nuit qui a été blanche. Mais peut-être ne s'est-elle pas amusée du tout. Il faut l'avoir vue, la tête penchée de coté, scrutant la vitrine du joaillier comme s'il s'agissait d'une peinture du Louvre. La caméra passe de l'autre côté de la vitre (de même forme d'ailleurs qu'un tableau), filmant le profil de la comédienne qu'on jurerait être la petite soeur de Néfertiti. Son lourd collier de perles pèse sur son buste comme une parure égyptienne.
Elle grignote pensivement un croissant (français, comme ce devait être un produit haut de gamme il y a cinquante ans !) tiré d'un sac en papier (très américain lui ...). Elle s'éloigne à petits pas, entravée par le long fourreau noir, son écharpe de soie blanche soufflée par le vent. L'orchestration monte en puissance, un peu à l'instar d'Un jour mon prince viendra, la musique de Cendrillon.
Elle grignote pensivement un croissant (français, comme ce devait être un produit haut de gamme il y a cinquante ans !) tiré d'un sac en papier (très américain lui ...). Elle s'éloigne à petits pas, entravée par le long fourreau noir, son écharpe de soie blanche soufflée par le vent. L'orchestration monte en puissance, un peu à l'instar d'Un jour mon prince viendra, la musique de Cendrillon.
On peut songer aussi à Pretty Woman, ou à Carla Bruni. C'est selon.
Pour ceux qui voudraient un aperçu du film voici la bande annonce, en anglais, I'm so sorry !
Tout y est. Le joli minois mutin sous la grande capeline, nous regardant par en-dessous des immenses lunettes de soleil. Le chat, qui n'a pas de nom, mais qui joue un rôle de premier plan et que, pour des raisons très personnelles j'aime beaucoup, parce que j'ai un chat qui lui ressemble comme un frère. A la toute fin du film, après l'avoir abandonné sous une pluie battante, elle se plaint que "personne n'appartient jamais à personne, qu'elle est comme ce chat. Une oubliée. Une anonyme". On lui répond avec colère qu' "appartenir à un autre être est la seule chance qu'on ait de connaitre un amour véritable. Qu'il est ridicule d'avoir peur d'être mis en cage. Parce que nos limites sont en nous. Que quel que soit l'endroit où l'on va c'est sur soi-même qu'on tourne."
Les dialogues sont savoureux même s'ils masquent les sentiments : Fred chéri chéri, je suis folle de joie de vous voir. Si vous étiez riche je vous épouserais pour votre argent à la minute. Et vous ? Moi aussi (dit-il avec sérieux) Alors on a de la veine d'être riche ni l'un ni l'autre !
La proposition du début de film : soyons amis et rien d'autre, est un peu un marché de dupes qui autorise malgré tout tous les gestes, (puisqu'ils ne sont "qu'amis") . Et quelques instants plus tard : j'ai une merveilleuse idée. nous allons passer toute la journée à faire ce qu'on n'a jamais fait, chacun son tour. A vous le premier, ensuite moi.
Qu'elle est jolie alors dans son manteau rouge et son chapeau cloche. Évidemment elle l'entraine chez Tiffany, bien sûr, où il n'a jamais mis les pieds ... je me fiche des bijoux ... Mais il me semble que rien de désagréable ne peut arriver là.
La proposition du début de film : soyons amis et rien d'autre, est un peu un marché de dupes qui autorise malgré tout tous les gestes, (puisqu'ils ne sont "qu'amis") . Et quelques instants plus tard : j'ai une merveilleuse idée. nous allons passer toute la journée à faire ce qu'on n'a jamais fait, chacun son tour. A vous le premier, ensuite moi.
Qu'elle est jolie alors dans son manteau rouge et son chapeau cloche. Évidemment elle l'entraine chez Tiffany, bien sûr, où il n'a jamais mis les pieds ... je me fiche des bijoux ... Mais il me semble que rien de désagréable ne peut arriver là.
Je comprends ce sentiment, que j'ai déjà ressenti dans certains magasins parisiens haut de gamme où effectivement on rencontre dans le personnel "beaucoup de compréhension", ce qui dans le film se manifeste par la gravure d'initiales sur un anneau de fer-blanc gagné dans une pochette-surprise. Difficile en effet d'avoir davantage l'esprit commercial.
Il va lui faire découvrir une bibliothèque. Elle va l'entrainer au vol à l'étalage ... des masques de chien pour lui, de chat pour elle. (cela ne vous rappelle pas d'autres films ?) C'est l'escalade.
Il va lui faire découvrir une bibliothèque. Elle va l'entrainer au vol à l'étalage ... des masques de chien pour lui, de chat pour elle. (cela ne vous rappelle pas d'autres films ?) C'est l'escalade.
Il y a de la comédie là-dedans. Quand elle s'introduit chez son voisin par l'escalier de secours c'est un peu du Feydeau à l'américaine car pendant ce temps la rivale monte l'escalier. Plusieurs scènes de cet ordre se répètent.
Puis les années ont passé. On la voit tricoter une sorte de tunique rouge démesurée tout en tentant de se mettre en tête les verbes irréguliers portugais. Ce sera probablement très joli, lui dit-on poliment (comme le tricot du père Noël est une ordure ...). Je confonds les points de tricot avec les plans de José. Peut-être qu'à la fin je vais tricoter un ranch.
On comprend là l'état de confusion de ses pensées. Est-il bien raisonnable de partir à Rio ? L'arrestation par la police est cocasse et la déclaration ultime est mélodramatique. Mais il subsiste une jolie comédie dramatique au charme désuet. Et c'est déjà bien.
Photos © Paramount Pictures sur allocine
Puis les années ont passé. On la voit tricoter une sorte de tunique rouge démesurée tout en tentant de se mettre en tête les verbes irréguliers portugais. Ce sera probablement très joli, lui dit-on poliment (comme le tricot du père Noël est une ordure ...). Je confonds les points de tricot avec les plans de José. Peut-être qu'à la fin je vais tricoter un ranch.
On comprend là l'état de confusion de ses pensées. Est-il bien raisonnable de partir à Rio ? L'arrestation par la police est cocasse et la déclaration ultime est mélodramatique. Mais il subsiste une jolie comédie dramatique au charme désuet. Et c'est déjà bien.
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