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jeudi 25 juin 2009

Rigoletto

La représentation devrait démarrer à 21 heures 15 et les gradins sont encore clairsemés. Des orages sont annoncés pour la fin de soirée mais le public arrive in extremis et nombreux. Une bruissante agitation investit le parterre. Le président du Conseil général des Hauts-de-Seine est en pleine discussion avec ses voisins du carré VIP. C'est que la vallée de la culture de ses rêves se concrétise : il y a quelques jours c'était le parc de la maison de Chateaubriand qui accueillait le film d'ouverture du festival Paysages de Cinéastes, ces jours-ci ce sont les quartiers de Châtenay et d'Antony qui reçoivent des artistes de cirque, et voilà que trois soirs consécutifs le château de Sceaux sera le fond de scène d'un opéra. Décidément le plein air est partout.

Cette année la mise en scène a été confiée à Francis Perrin qui a choisi Rigoletto de Verdi, une des grandes œuvres du répertoire. Celle-ci est présentée dans le cadre des Opéras en Plein Air au sein des plus beaux sites historiques de France avec pour objectif de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes artistes lyriques, de promouvoir l'opéra auprès d'un nouveau public et notamment des enfants.

Une lumière bleutée irise la façade du château. Les musiciens ont fini d'accorder leurs instruments. La température est clémente. Le spectacle peut commencer.
Je ne vais pas raconter l'histoire, très classique en somme puisqu'elle se nourrit des ingrédients de base de l'opéra : fête, passion, secret, trahison, quiproquo, meurtre. C'est chanté en italien mais surtitré en français, si bien qu'on suit facilement la progression de l'intrigue. On reconnait de multiples airs, si souvent empruntés par la publicité. Comme par cette marque de pâtes qui commence par un B ... ou encore par le jambon de la vallée d'A ... Également par des musiques de films comme Wall Street (air de la donna e mobile) ou Fitzcarraldo (air de Quest' o quella)

Le décor n'est pas très original. Il se veut sans doute discret pour ne pas rivaliser avec le cadre architectural grandiose qui sert d'écrin aux représentations. Les costumes (signés Agnès Letestu), par contre, sont d'une beauté remarquable. La luminosité de la soie et du velours étaient perceptibles même loin de la scène, restituant une atmosphère Renaissance avec juste ce qu'il faut de modernité.
La direction musicale de Mélanie Thiebaut était excellente. Les voix étaient parfaites et l'interprétation extrêmement juste. C'est probablement ce qui a fait que le public a totalement été enchanté. Il faut dire que contrairement à ce dont quelques spectateurs se sont plaints au Sénat, la configuration des gradins, tournant le dos à l'avenue, permettait une acoustique idéale. On n'entendait pas un toussotement troubler l'audition. Par contre des plongeons d'insectes bedonnants et bourdonnants harcelaient l'attention au hasard ... jusqu'à ce qu'un frappé de programme vengeur parvienne à les occire dans un bruit mat.

La force de cet opéra, sur le plan lyrique, c'est de faire la part belle aux duos. Qu'il s'agisse de l'amour du père pour sa fille, ou de l'amant pour sa belle : deux êtres qui s'aiment sont tout un monde à eux seuls ... par la pensée mon désir volera toujours jusqu'à mon dernier soupir ... la femme est légère comme une plume dans le vent ...

Les éclairages soulignent les tensions de la narration. Le ciel, très noir, laisse poindre un filet de lune. Un petit reportage s'impose pour vous faire une idée plus précise du spectacle :


Découvrez Les airs de "Rigoletto" résonnent dans les jardins du Luxembourg sur Culturebox !
Après Sceaux ce sera Carcassonne, le samedi 4 juillet, le cloître de l'évêché de Luçon (Vendée) les mercredi 15 et jeudi 16 juillet, le chateau d'Haroué (Lorraine) les vendredi 4 et samedi 5 septembre, le chateau de Vaux-le-vicomte les jeudi 10, vendredi 11 et samedi 12 septembre pour terminer la saison 2009 à Chambord le samedi 19 septembre dans un chateau où cet opéra prendra tout son sens puisque initialement le personnage principal était François 1er et non le duc de Mantoue.
Pour en savoir plus ou réserver sa place, consulter le site d'Akouna
Et pour ceux qui ont déjà vu le spectacle, rendez-vous l'an prochain ... avec Carmen de Georges Bizet !

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