J'aime ces soirées qui bousculent l'ordre de parution de mes billets. Un livre magnifique, l'interprétation bouleversante d'une pièce de théâtre ou d'un film qui me poussent à écrire dans l'urgence alors que j'avais prévu de publier ce jour-là une autre chronique. Et tant pis pour la ligne éditoriale, ce qui est prêt pourra attendre 24 ou 48 heures de plus.
Tu sera mon fils est sous-titré : On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants !
Le pluriel a son importance parce que le scénario nous raconte la difficulté de plusieurs générations à se sentir des affinités avec leur famille légitime alors qu'il n'y n'aurait aucun problème de communication avec d'autres personnes. Il explore la question de la transmission, qu'il s'agisse de biens matériels, ici en l'occurrence un prestigieux vignoble bordelais, mais aussi de valeurs morales. Il interroge aussi la question de l'attachement à ses racines, et la fidélité aux êtres dont on a été proche.
Je suis sortie enthousiaste de la projection du film de Gilles Legrand, ce qui à de quoi étonner pour une tragédie. C'est que les acteurs sont tous parfaits. Niels Arestrup le premier dont on se demande si les sentiments qu'il affiche sont à prendre au premier degré. Patrick Chesnais est incroyablement juste. Les deux fils potentiels sont d'un naturel confondant. Et les femmes ne sont pas cantonnées à des rôles de faire-valoir.
La bande-son catalyse les émotions comme un verre décuple les parfums d'un grand cru. Une musique d'opéra dès le début imprime ce genre au long-métrage. Malgré la tragédie, il y a une quantité infinie de petits moments presque humoristiques. C'est Martin effeuillant une marguerite devant un cercueil. Je t'aime, un peu, beaucoup, pas du tout ... C'est Paul expliquant qu'un planning n'est pas un Power Point mais un tableau avec des croix tracées à la craie. C'est Paul et Philippe partageant un bain de raisin. C'est François demandant à son fils s'il est bien dans ses pompes.
On trouvera des références à Kipling pour la proximité avec le titre de son œuvre, Tu seras un homme, mon fils. Mais aussi à des longs-métrages où le héros se choisit (ou l'inverse) un autre père comme Into the Wild , ou l'Homme qui voulait vivre sa vie, où déjà jouait Niels Arestrup. Bashung fait revivre les Mots bleus de Christophe, une reprise qui date de 1992. Avec une sensualité particulière. J'ai aussitôt pensé à Delphine de Vigan dont je sais qu'elle a l'habitude de l'écouter en boucle quand elle travaille. C'est donc sans surprise que j'ai lu son nom au générique en qualité de scénariste. Gilles Legrand a eu bien raison de la solliciter et je trouve admirable qu'elle ait pu si bien se couler dans ces relations familiales particulières alors qu'elle venait d'enquêter sur les siennes.
La photographie est signée Yves Angelo. Il sait adoucir les paysages comme personne. Nous sommes immergés dans le monde de la vigne avec pédagogie, nous donnant un seul regret, celui de n'avoir que des images à déguster.
Delphine de Vigan vient de publier Rien ne s'oppose à la nuit, chroniqué sur le blog lundi dernier.
Niels Arestrup remontera le 1er octobre (et jusqu'au 31 décembre) sur les planches du théâtre de la Madeleine pour interpréter Diplomatie, une pièce qui avait été un énorme succès en avril dernier et pour laquelle il a frôlé le Molière.
Tu sera mon fils est sous-titré : On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants !
Le pluriel a son importance parce que le scénario nous raconte la difficulté de plusieurs générations à se sentir des affinités avec leur famille légitime alors qu'il n'y n'aurait aucun problème de communication avec d'autres personnes. Il explore la question de la transmission, qu'il s'agisse de biens matériels, ici en l'occurrence un prestigieux vignoble bordelais, mais aussi de valeurs morales. Il interroge aussi la question de l'attachement à ses racines, et la fidélité aux êtres dont on a été proche.
Paul de Marseul (Niels Arestrup) travaille avec son fils Martin (Lorànt Deutsch) sur le domaine familial. Vigneron exigeant et passionné, il aurait souhaité un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père ! Cet idéal est incarné par Philippe (Nicolas Bridet), le fils de son régisseur François Amelot (Patrick Chesnais) qu'il reconnaitrait volontiers comme son fils, au détriment de Martin. Celui-ci acceptera-t-il d'être évincé de la succession ? Philippe chaussera-t-il les bottes qu'on lui tend ? Paul s'adoucira-t-il ? François se réjouira-t-il de l'avenir tracé pour son fils ?Les réponses seront données dans le film. Encore que certains doutes subsistent. On se demande ce qu'il aurait fallu pour empêcher le pire. Même s'il n'est pas certain que précisément ce ne soit pas le pire qui ait été évité.
Je suis sortie enthousiaste de la projection du film de Gilles Legrand, ce qui à de quoi étonner pour une tragédie. C'est que les acteurs sont tous parfaits. Niels Arestrup le premier dont on se demande si les sentiments qu'il affiche sont à prendre au premier degré. Patrick Chesnais est incroyablement juste. Les deux fils potentiels sont d'un naturel confondant. Et les femmes ne sont pas cantonnées à des rôles de faire-valoir.
La bande-son catalyse les émotions comme un verre décuple les parfums d'un grand cru. Une musique d'opéra dès le début imprime ce genre au long-métrage. Malgré la tragédie, il y a une quantité infinie de petits moments presque humoristiques. C'est Martin effeuillant une marguerite devant un cercueil. Je t'aime, un peu, beaucoup, pas du tout ... C'est Paul expliquant qu'un planning n'est pas un Power Point mais un tableau avec des croix tracées à la craie. C'est Paul et Philippe partageant un bain de raisin. C'est François demandant à son fils s'il est bien dans ses pompes.
On trouvera des références à Kipling pour la proximité avec le titre de son œuvre, Tu seras un homme, mon fils. Mais aussi à des longs-métrages où le héros se choisit (ou l'inverse) un autre père comme Into the Wild , ou l'Homme qui voulait vivre sa vie, où déjà jouait Niels Arestrup. Bashung fait revivre les Mots bleus de Christophe, une reprise qui date de 1992. Avec une sensualité particulière. J'ai aussitôt pensé à Delphine de Vigan dont je sais qu'elle a l'habitude de l'écouter en boucle quand elle travaille. C'est donc sans surprise que j'ai lu son nom au générique en qualité de scénariste. Gilles Legrand a eu bien raison de la solliciter et je trouve admirable qu'elle ait pu si bien se couler dans ces relations familiales particulières alors qu'elle venait d'enquêter sur les siennes.
La photographie est signée Yves Angelo. Il sait adoucir les paysages comme personne. Nous sommes immergés dans le monde de la vigne avec pédagogie, nous donnant un seul regret, celui de n'avoir que des images à déguster.
Delphine de Vigan vient de publier Rien ne s'oppose à la nuit, chroniqué sur le blog lundi dernier.
Niels Arestrup remontera le 1er octobre (et jusqu'au 31 décembre) sur les planches du théâtre de la Madeleine pour interpréter Diplomatie, une pièce qui avait été un énorme succès en avril dernier et pour laquelle il a frôlé le Molière.
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