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mercredi 10 août 2011

Promenade dans l'arboretum de la Vallée-aux-Loups (92)

L'endroit fut conçu par Chateaubriand. L'homme cumulait les talents : écrivain et paysagiste. Il œuvrait pour la postérité, ayant pleinement conscience qu'il ne verrait guère grandir les arbres qu'il ramenait de ses voyages. Il nous a laissé des écrits exaltés et sensibles que chacun a rencontrés au moins une fois au cours de sa scolarité, comme ses Mémoires d'Outre-tombe.

Mais, comble du romantisme, il nous a légué son magnifique parc, aujourd'hui scindé en deux. La première partie, accolée à sa maison, est le cadre nocturne des Lumières de Paysages de cinéma, le festival qui a lieu désormais chaque mois de septembre à Chatenay-Malabry. La seconde compose un arboretum qui se visite en accès libre. Je vous conseille d'y aller chaque saison et de vous laisser surprendre par les points de vue de cet admirable endroit qui compose un parc à l'anglaise so romantic comme diraient nos voisins d'outre-Manche.

Je le préfère en automne lorsque les érables pourpres flamboient, près des bambous toujours verts. La promenade entreprise en été m'a surprise : je voyais autrement les arbres centenaires. Le jardin des aulnes était particulièrement différent, moins touffu mais tout de même encore assez sauvage.










Les oiseaux y sont à l'aise pour faire leurs nids, le bec plein d'herbes sèches. Un hêtre pourpre poursuit une croissance harmonieuse en face d'un bouquet d'érables allumé par les rayons du soleil.Le parc permet de découvrir des essences peu communes, comme le chêne à feuilles de myrsine dont il existe seulement une vingtaine de spécimens de par le monde. Cet arbre était très apprécié pour l'élevage des vers à soie au Japon.











En l'absence de réfrigérateur, et encore plus de congélateur, nos anciens faisaient venir d'énormes blocs de glace qu'ils accumulaient dans des grottes, dites "glacières" pour y conserver les aliments fragiles. Celle-ci, qui dispose d'une entrée, abritée d'une marquise de tuiles, et protégée d'une grille, pouvait contenir jusqu'à 125 tonnes de glace.

On peut aussi tomber en arrêt sur ce pavillon d'inspiration mauresque, à proximité d'une minuscule pièce d'eau surplombée d'un hêtre pleureur centenaire.
Il faut résister à l'envie d'entrer. L'endroit est encore meublé mais le ménage n'a pas été entrepris depuis longtemps. Les anémones du Japon prospèrent sans gêne.

Certains panoramas sont plus classiques, même si les harmonies sont encore une fois très réussies.
Il suffit de passer le pont pour profiter des berges fleuries d'où surgissent canards et poules d'eau, toutes noires, au bec rouge qui, peu farouches, viennent picorer dans les pelouses.
Sur quelques mètres on pourrait s'imaginer dans un bayou de la Nouvelle-Orléans tant les racines surgissantes du cyprès chauve sont étonnantes. Dits genoux de sorcière les "moignons" du cyprès de Louisiane prennent diverses formes. La circonférence de l'arbre peut dépasser 8 mètres.
Tournons la tête et c'est le Japon qui s'installe dans notre imagination avec ce banc invitant au repos à l'ombre des bambous. Ces plantes sont présentes en de multiples endroits. Je n'ai pas eu l'occasion de le vérifier sur place mais on raconte que, pour une espèce donnée, la floraison se produit simultanément dans toute une région, voire dans le monde entier, quel que soit l'âge de la plante. Constaté maintes fois par des biologistes, ce phénomène n'a pas encore été scientifiquement expliqué. Une des hypothèses serait une mémoire génétique, une information contenue dans l'ADN du bambou et différente selon chaque espèce.
J'ai remarqué des bambous noirs (non photographiés) et la taille dite "en nuages" de certains résineux m'amuse toujours par leur originalité.L'arboretum possède inévitablement un ginko biloba, symbole de la résistance végétale à toutes les prédations puisque c'est le seul arbre qui subsista à Nagasaki après le bombardement nucléaire.
Les enfants s'étonnent toujours de la taille des séquoias. Le plus grand au monde est celui qui s'appelle "sempervirens, ou toujours vert" , appelé aussi séquoia à feuilles d'if. Je n''ai pu le photographier qu' en deux morceaux. Il existe un exemplaire de plus de 41 mètres de haut en Grande-Bretagne, ce qui est véritablement impressionnant puisque les hêtres qui atteignent 5 mètres sont déjà considérés comme des records.
Curieusement le séquoia géant est moins haut. Son tronc par contre est plus large, spongieux, très résistant aux incendies, et sa ramure est à mon avis plus majestueuse.
L'arbre fétiche demeure le cèdre bleu pleureur de l'Atlas (Cedrus atlantica 'Glauca Pendula') sous lequel on vient de loin se recueillir. Les cèdres sont considérés comme des arbres sacrés dans les trois grandes religions monothéistes. Celui-ci l'est encore davantage en ce sens qu'il est l'ancêtre de tous les cèdres bleus pleureurs qui existent de par le monde.

En effet, avant d'être un arboretum appartenant au Conseil général, le parc était une pépinière exploité par la famille Crous qui cultivait des cèdres bleus. Une mutation apparut sur l'un d'entre eux qui donna un port pleureur à un seul de ces arbres qui couvre actuellement une superficie de 680 m².

Cet arbre est en réalité le seul de sa variété, car les graines qu'il donne produisent des cèdres ordinaires non pleureurs. Tous les autres Cèdres bleus pleureurs de l'Atlas sont des boutures ou des greffes réalisées à partir de cet exemplaire unique.

Personnellement j'aime beaucoup les pommes de ces cèdres dont la vue me fait systématiquement penser à Noël et à une assiette de petits gâteaux ...
D'autres souvenirs sont indissociablement liés à des arbres. Ainsi les fleurs de magnolia sont liées à un séjour en Suisse et ont donc le parfum du chocolat.
Quant au palmier il est forcément exotique.
Cela n'empêche pas d'apprécier des espèces inhabituelles comme le hêtre de Späth dont certaines feuilles sont comme bronzées et semblent refléter un rayon de soleil.L'arbre est greffé comme en atteste l'énorme bourrelet qui ceinture le tronc.
Autre arbre au port majestueux, le Pterocarya, ou noyer du Caucase.En reprenant le pont dans l'autre sens on accède à la grande pelouse et à divers bâtiments.
Il faudra revenir en automne pour froisser les feuilles de l'arbre à caramel en forme de cœur et au pétiole rouge lorsqu'elles jonchent le sol. Il se cache derrière la grille et, pour l'heure, aucune n'exhale un quelconque arôme.

Pour fermer la boucle on pourra remonter vers un petit bassin ancien, s'asseoir sur les marches polies par les intempéries et tenter de guetter une grenouille.
Les nénuphars à eux seuls sont déjà une belle récompense.
On peut aussi augmenter ses connaissances botaniques en observant la collection de convolvulacées (les volubilis) qui a également rendu l'endroit célèbre, apprendre que les patates douces en font partie et se risquer au retour à une plantation avec un tubercule dont on est surpris qu'il ait pu germer si prodigieusement.Et pour obtenir quelques jours plus tard une plante déjà impressionnante.
L'arboretum de la Vallée-aux-Loups est un espace de 13,5 hectares, situé au cœur du Val d’Aulnay au 102 rue de Chateaubriand à Châtenay-Malabry (92). Le site est géré depuis 1986 par le Conseil général des Hauts-de-Seine. Il est ouvert gratuitement au public.

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