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samedi 31 mars 2012

Visite du Silo de Marines

(billet mis à jour le 20 avril 2012)
L'endroit en lui-même est assez surprenant. Difficile d'imaginer désormais que le Silo a été construit en 1962 (et non en 1948 comme on peut le lire dans certains articles) pour stocker du blé et de l'orge et qu'il a fonctionné comme tel pendant une quarantaine d'années avant d'être abandonné aux pigeons.

Aujourd'hui c'est un musée. Il ne serait pas très juste de le qualifier de "privé", car les propriétaires l'ouvrent à tous les publics avec une spontanéité purement incroyable. Ils ont un agenda chargé à bloc mais ils n'hésitent jamais à y prélever deux ou trois heures pour faire un saut depuis Paris vers Marines pour accueillir entre deux (mais oui !) et deux cents individus.

Je dois ma rencontre avec Françoise et Jean-Philippe Billarant à l'équipe du Centre d'art de l'Onde (Vélizy - 78) dont je rends compte des expositions sur le blog avec régularité. Nous sommes allés en "petit" groupe (de tout de même un trentaine de personnes sous la houlette de Sophie Brossais) visiter l'endroit ce matin et nous avons tous été impressionnés par le contact avec les oeuvres mais aussi par l'extrême gentillesse et le naturel de ce couple de collectionneurs hors normes.

Nous sommes arrivés un peu en avance par une température extérieure assez fraiche. L'envie de nous "mettre au chaud" nous a fait entrer un peu rapidement à l'intérieur du bâtiment ... et nous avons surpris, le mot est juste, Françoise en train de donner un petit coup pour faire place nette. Tout y est "maison", depuis le ménage (2400 m2, ce n'est pas une mince affaire) jusqu'à la visite commentée, en passant par l'accueil.

Aucune question n'est tabou. Aucune photo interdite. En partant l'un comme l'autre vous sert la main en vous suggérant de revenir bientôt. S'il fallait écrire la devise des Billarant il y aurait forcément les mots partage-authenticité. Et liberté aussi parce qu'ils revendiquent n'avoir ni demandé ni reçu aucune aide, ni bénéficié d'aucune niche fiscale.

Françoise Lesage et Jean-Philippe Billarant affichent 50 ans de passions sans autres rides que des marques d'expression. Le pluriel s'impose parce qu'ils ont en commun l'amour de leur famille, de l'art contemporain et, comme ces deux là aiment sans compter, l'amour de la musique est aussi entré dans leur vie, quoique plus tardivement.

Dans ce qu'on appelle un peu faussement la "vraie vie" Jean-Philippe est un grand patron d'industrie. Il dirige depuis 1970 Aplix, près de Nantes, le numéro 2 mondial du scratch, avec 700 salariés pour 134 millions d'euros de chiffre d'affaires.

C'est au début des années 80 que Françoise, la première, sans doute influencée par sa mère qui adorait les antiquaires, commence à acheter ce qu'elle désigne aujourd'hui sous le qualificatif de "croutes", mais dont la valeur s'accordait avec leurs moyens financiers. Soudain c'est la révélation : pourquoi regarder vers le passé alors qu'il y a forcément de jeunes artistes prometteurs, et qui ont besoin d'être soutenus ... C'est le début d'une magnifique aventure, d'immenses découvertes et surtout de solides amitiés.

La grande originalité des Billarant ce n'est pas de fonctionner à l'instinct, de chercher à faire des coups avec l'objectif de revendre avec profit. Ce n'est pas non plus d'acheter ce qu'ils aiment, ou qu'ils croient aimer. C'est d'abord de découvrir et de connaitre. Mais cet état d'esprit a mis du temps à s'imposer. Françoise avoue avec humilité qu'ils ont commencé par des erreurs. Que ce qui les a en quelque sorte formatés c'est leur envie de rencontrer les artistes et pas celle de rassembler une collection.

Elle insiste sur le fait qu'il ne faut pas regarder la production contemporaine en cherchant le coup de coeur. Le mot-clé est "comprendre", ce qui étymologiquement déjà est l'expression juste pour des collectionneurs puisque le verbe signifie "prendre en soi, contenir". Effectivement la première règle est de saisir par l'esprit avant d'écouter son jugement. Et en cela les Billarant nous donne une leçon capitale pour nous qui tentons d'approcher l'art contemporain. Nous retiendrons qu'il faut se méfier de ce qu'on aime. En ressortant du Silo je ne sais pas si on aimera de nouveaux artistes, mais on les aura en tout cas compris bien davantage.

Pour comprendre rien de plus simple : il suffit de rencontrer les artistes, de les entendre, de les questionner, encore et toujours. On oublie trop souvent qu'ils sont les meilleurs médiateurs de leurs oeuvres. On admet mieux pourquoi ce sont Jean-Philippe et Françoise qui se chargent de toutes les visites. Ils connaissent l'histoire de chaque oeuvre par coeur. Chaque artiste est un ami, et ce n'est pas un vain mot. On ne s'étonne même pas que Françoise s'arrête brutalement dans ses explications pour nous demander la date du jour ... inquiète d'avoir oublié de souhaiter l'anniversaire de Daniel Buren.



Il est venu lui-même (naturellement) suivre le montage d'une de ses Cabanes éclatées. Il a réglé la question de la présence du pilier en le peignant en noir, comme pour l'escamoter. On reconnait la marque de fabrique de l'artiste à la largeur des bandes, strictement de 8,7 cm, comme celles du "demi volume pour quatre murs", 1969-70 dont le couple a tapissé la chambre qu'ils ont installée dans une sorte de pigeonnier tout en haut du bâtiment.

Entre les deux, ce sont trois niveaux d'exposition, pensés par un jeune architecte dont c'était le premier chantier important, Xavier Prédine-Hug qui a dessiné et mis en œuvre la configuration actuelle, sans presque rien changer hormis les deux portes du quai de déchargement et le percement d'une vitre verticale pour amener de la lumière. Un étage a été créé pour doubler le volume d'exposition. Les cellules d'origine sont restées ainsi que les escaliers et les meurtrières si particulières du "pigeonnier" dont il a fallu tout de même changer les vitrages. Le résultat est bluffant de simplicité et d'efficacité ... pour un budget tout de même conséquent de 1.600.000 € HT, plus d'un an d'études et onze mois de travaux.

Françoise se souvient de l'épaisseur de la couche d'excréments de pigeons à leur première visite du lieu, en 2007, qui ne les a pas découragés parce qu'il sont tout de suite perçu l'intérêt de l'endroit. Leur collection était alors stockée dans quatre containers et le couple trouvait absurde de la conserver sans pouvoir la "partager" avec le plus grand nombre. Il est d'ailleurs amusant de "tomber" sur une des oeuvres de Robert Barry que j'ai lue avec humour : It cannot be put in any container (sic).

C'est un des artistes que Françoise affectionne, nous répétant plusieurs fois la célèbre maxime "take your time" dont je m'aperçois qu'elle figure dans une chanson d'Imany, comme si le hasard existe.

Robert Barry est extrêmement présent dans le Silo. Toutes les oeuvres possédées par les Billarant n'y sont malgré tout pas présentées. Même si l'espace est immense il a fallu sélectionner. Dans quelques temps la muséographie sera quasi totalement revue et le public pourra découvrir ce qui est pour l'heure stocké dans les sous-sol ou dans les réserves qui se trouvent sur les cotés.


On retrouve son écriture en lettres capitales sur les murs de l'escalier qui mène au petit studio conçu au quatrième étage pour pouvoir le cas échéant passer quelques nuits sur place. La vue qu'on a sur la campagne voisine est inattendue.

C'est probablement depuis l'étage précédent, marqué par la découpe de lumière de Michel Verjux que je préfère la sculpture rouge extérieure de François Morellet.

Il s'agit d'une articulation de segments de droites selon des angles aléatoires obtenus à partir du nombre π. Intitulée Beaming,π 1=8°, l'oeuvre a été conçue en 1998 et les collectionneurs ont demandé à François l'autorisation de la sceller devant le bâtiment sur l'ancienne bascule du Silo. Françoise souligne la facilité avec laquelle ils ont coopéré puisqu'il a donné son accord immédiatement.

Il est très présent dans le bâtiment où on peut voir ou revoir l’installation de néons que les Billarant avaient prêtée à Beaubourg pour l'exposition consacrée à cet artiste. 


L'architecte était parmi nous. La complicité qu'il entretient avec les Billarant est manifeste. Autant que le plaisir qu'il prend à re-visiter l'espace presque un an après son inauguration, le 15 mai 2011 et à se laisser "impressionner" par les inscriptions pulsées dans une des cellules, par plusieurs projecteurs programmés par Charles Sandison. Ce jeune artiste écossais a par ailleurs conçu The river, une installation qui conduit les visiteurs vers le plateau des collections du Quai Branly en immergeant leurs pas dans un fleuve de 16597 noms de tous les peuples et lieux géographiques présents dans les collections du musée.

Chacun d'entre nous a fait l'expérience de cette rencontre très conceptuelle avec le sentiment d'être un plongeur dansant avec des poissons dans un bain sous-marin. Sans pouvoir rester indifférent aux milliers de greed (gourmand) et de love (amour) qui se croisent sur les murs et que nos corps interceptent.

C'est d'ailleurs aussi un plaisir que de circuler d'une cellule à l'autre sans forcément lire tous les cartels, préférant écouter notre hôtesse. L'inconvénient est que la mémoire peut faire défaut pour légender les photos.


... devant une oeuvre de Decrauzat (photo ci-dessus) 
Parmi les oeuvres les plus impressionnantes, en terme de volume, on trouve la bourguignonne Cécile Bart, qui expose actuellement à la Maréchalerie de Versailles. Ici c'est un monumental Suspens, sous lequel nous avons tous eu envie de nous promener, le nez en l'air pour percevoir mieux les différences de tons.


L'espace est si vaste qu'on peut aussi bien profiter d'une oeuvre de manière intime qu'à d'autres moments de façon plus collective. L'artiste conjugue trois éléments : la toile - un fin tergal “ plein jour ” - tendue sur des cadres d’aluminium ; la couleur, passée d'une main légère ; et la lumière qui traverse la trame en se modifiant.

Le silo fait ainsi réfléchir à plusieurs endroits sur la notion de "vérité". Le Bleu ciel (1988) de Bertrand Lavier (non photographié) est plutôt amusant. Selon qu'il emploie la couleur vendue sous ce nom par Tollens ou par son concurrent Ducolac le résultat est radicalement différent. La surprise est de taille !

Günter Umberg, peintre allemand, étale des couches de pigment pur, donnant à ses toiles une profondeur vibrante, noire ou verte (non photographiées) à regarder de loin car la fragilité est immense.

Autre cellule, autre découverte, avec notamment Claude Rutault qu'on pourrait placer, en faisant un extrême raccourci dans le prolongement de Malévitch dont l'esprit plane en divers endroits du Silo, et de son Carré blanc sur fonds blanc (1918). Il joue avec les mots en prenant au pied de la lettre les termes de Marine, Paysage, Portrait, qui sont les trois formats traditionnels évoquant l'histoire de la peinture. ... et qui semblent oubliés au pied du mur alors qu'il n'en est rien (cf photo ci-dessous avec au premier plan, un des deux "incomplete open cube" de Sol LeWitt)
Juste à coté le fonds de la cellule est le portrait (incomplet) de la famille Billarant. Apparaissent clairement le père et la mère (ovales) et leurs trois enfants (rectangulaires). Ne manquent que les sept petits-enfants.
Encore plus étonnants seraient les portraits (non photographiés) du couple Billarant tels que les conçoit Stanley Brouwn : deux tiges de métal aux dimensions de leurs corps et posées sur des tables grises (non présentes dans l'exposition).

On peut voir aussi "two poles " (non photographiés également) de Peter Downsbrough, célèbre pour ses Works on paper, et qui sont des sculptures en relation avec l'architecture du lieu.

Je n'ai pas davantage réussi à saisir un des fils tendus par Fred Sandback pour créer des volumes ou des plans virtuels et suggérer la dématérialisation. Françoise évoque avec émotion le travail de cet homme qui proposait des sculptures qui n'ont pas d'intérieur et qui influença tant de jeunes artistes comme Cécile Bart. On mesure combien son absence a été regrettée le jour de l'inauguration.

Pour ceux qui se poseraient la question de la protection des oeuvres, il faut savoir qu'il existe un système de sécurité important, mais aussi que nombre d'entre elles correspondent à ce qu'on désigne sous le nom de "certificats", sorte de prescription de l'artiste de manière à ce que son ouvrage soit exécuté selon les règles qu'il a définies et qui obéit à un "protocole" bien particulier, sans d'ailleurs aucune obligation pour le détenteur de faire réaliser l'oeuvre. Quant elle l'est c'est un objet qui fait partie intégrante du lieu ... ce qui n'arrête pas du tout nos guides dans leur volonté de montrer de nouvelles pièces lors du prochain vernissage, alors que nous-mêmes avons du mal à admettre qu'elles ne soient pas visiblement pérennes tant elles semblent à leur place. Il est essentiel pour eux de faire vivre la collection. On aurait tort de comparer le Silo à une Pyramide. Il est tout sauf un tombeau.

Les figures géométriques que Felice Varini a utilisées pour habiller cet escalier ne sont-elles pas oniriques et joyeuses ? Il a intitulé cette pièce Trois carrés évidés, rouge, jaune, bleu, et elle a été créé pour le Silo en 2011.
Que dire aussi de ce Wall Drawning n°90 (1971)  où des dizaines de personnes ont tracé, comme une partition, un trait bleu, un trait jaune et et un trait rouge, tous différemment, mais selon les indications de Sol LeWitt dans des carrés qui mesurent chacun rigoureusement 15 cm de coté ? Un "travail" énorme qui n'a pu se faire qu'avec un échaffaudage et auquel Françoise repense avec un large sourire : c'était très amusant, on en faisait un peu à chaque fois qu'on venait ici.


Comment imaginer autre chose de part et d'autre de cette fenêtre où Niele Toroni lui même est venu poser son pinceau, un n°50 ?  Inlassablement et sans lasser notre oeil il emploie toujours le même outil depuis 1967 avec lequel il ne fait "que" des empreintes répétées à intervalles réguliers de trente centimètres en revendiquant ce qu'il appelle le degré zéro de la peinture. En critiquant la démarche traditionnelle de la peinture Niele Toroni a bouleversé les codes établis en s'inscrivant dans la ligne de l'art conceptuel et minimal, comme Daniel Buren avec qui il a fondé le groupe BMPT  (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni). Rien d'étonnant à ce qu'ils soient tous deux en bonne place au Silo.

S'il y a des oeuvres fragiles qu'il ne faut pas approcher il y en a d'autres où l'on peut entrer, que l'on peut toucher, et d'autres même sur lesquelles on peut (on doit) marcher. C'est le cas des plaques de métal de Carl André posées sur le sol devant quelques larges bandes de papier où le style de Niele Toroni nous est maintenant facilement reconnaissable. De multiples pièces de Carl André se trouvent à tous les étages, alignement de parpaings, assemblage de billots de bois, lingots d'aluminium irisés par la lumière ...
Françoise nous explique aussi son intérêt pour les Date paintings d'On Kawara, un artiste dont on peut voir des oeuvres en ce moment, tout comme Sol LeWitt à l'Espace culturel Vuitton.

Selon elle il ne faut chercher aucun lien de cause à effet entre une date et un événement ... sauf qu'elle confie tout de même que l'une d'elles est la date de naissance de son mari.

A la fin des années 80 le couple est connu pour ses goûts et commence à subir des pressions pour acheter vite, comme si leur objectif était d'investir dans le but de faire des profits. Ils comprennent que certaines de leurs oeuvres ont pris une valeur considérable et que plusieurs de leurs amis artistes de la première heure comme Buren ou Toroni ne leur seraient désormais plus accessibles. Il faudrait vendre les uns pour racheter les autres. Ce n'est pas leur façon de voir. Ils continueront à chercher parmi les jeunes artistes les dignes interprètes de cet art minimaliste qui les séduit, quitte à y consacrer tout leur temps libre, ou presque et à faire des milliers de kilomètres par an. Sans intermédiaires et toujours dans des engagements de long terme. avec une façon de faire identique, consistant à passer du temps avec l'artiste, découvrir autant son univers que sa pensée avant d'entrer dans sa création, écouter encore et longtemps, se méfier de ce qu'on aime pour ne pas se priver de débusquer des nouvelles sensations.

Rien d'étonnant à ce que ce don qu'ils ont pour écouter les pousse à se tourner aussi vers la musique ... contemporaine évidemment. L'initiation est difficile. Françoise nous dit qu'il a fallu "s'accrocher" mais là encore la révélation arrive. Leur première commande est passée au compositeur français Philippe Manoury dans les années 1990. D'autres suivront. Et une présidence de la Cité de la musique pour Jean-Philippe Billarant.

Leur goût pour l'art contemporain ne s'éteint pas pour autant et le Silo leur permettra de réaliser pleinement leur ambition, qui est de partager leur enthousiasme. Non sans humour comme en témoigne ce tableau accroché dans l'escalier :
On pourrait rester des heures sans avoir tout vu. C'est sans doute pour conserver intacte l'envie de revenir. Avant de partir, un coup d'oeil de profil sur la sculpture de Richard Serra s'impose : il est inhabituel de voir une tonne cinq cents en équilibre sur une pointe.

Presque en face, une sculpture de Donald Judd, sans titre (1989), en fer galvanisé, 29,8 cm x 29,8 cm x 179,7 cm (sur la droite de la photo ci-contre).

Nous nous attardons sous le Solarium de Véronique Joumard, une artiste qui s'inscrit dans l'art minimaliste et conceptuel américain. Le carré de lumière de 5 mètres sur 5 qui se découpe sur le sol nous attire comme un papillon le serait par le coeur d'une fleur.

L'artiste a installé elle-même son oeuvre ici, dans l'entrée de l'espace d'exposition. Ce sont 111 ampoules à filaments qui pendent d'un châssis, choisies pour répondre à un souci esthétique et fonctionnel puisqu'elles sont chauffantes. Les matériaux employés pour la structure font partie intégrante de l'oeuvre, ce qui justifie qu'ils soient montrés. Et bénéfice secondaire, il est très agréable de stationner dessous, surtout quand on arrive d'un extérieur assez glacial. S'il y avait quelques plantes vertes on croirait avoir traversé le patio d'une maison arabe.
Une fois dehors et en se retournant, la phrase de Lawrence Weiner écrite au fronton du Silo prend une valeur supplémentaire : « Two stones tossed into the wind (causing sparks) », ce qui pourrait approximativement se traduire par : Deux pierres lancées dans le vent (produisent des étincelles). Il est rare que contenant et contenu soient à ce point en résonance.

Autre exemple au premier étage avec cette Construction pour un pilier (2011) de Krijn de Koning, artiste néerlandais ( dont on devine sur la gauche de la photo que la sculpture enlace un pilier blanc) connu pour concevoir des oeuvres en fonction du lieu d’exposition, quitte à ce qu'elles soient ensuite détruites au finissage.

Depuis plus de trente ans Jean-Philippe et Françoise Billarant ont tissé des liens étroits avec des artistes majeurs et rassemblé des pièces de premier ordre, dont certaines, on l'a vu, ont été réalisées spécialement pour le bâtiment.  Des étincelles ont jailli et le feu n'est pas près de s'éteindre.

Nous laissons ce couple exemplaire éteindre les lumières, fermer les lieux et donner la clé à la voisine et amie qui veille au grain. Aucune hâte ne transparait sur leurs visages et pourtant ils sont déjà en retard pour leur prochain rendez-vous.

Vu en contre plongée le Silo semble de taille modeste. Et pourtant ce sont plus de vingt mètres de haut sur autant de largeur et presque cinquante de profondeur.

Le Silo, Route de Bréançon, 95 640 Marines (Val d'Oise), tel : 01 42 25 22 64
lesilo@billarant.com (ouverture exceptionnelle lors des Journées du Patrimoine et visites sur rendez-vous)

Pour s'y rendre en transport : RER A jusqu’à Cergy Préfecture puis bus ligne 95-08 direction Centre ville jusqu’à Route d’Us-Marines. Le Silo est à 5 minutes à pieds
En voiture : Autoroute A15 Sortie Marines (sortie n° 10 en provenance de Paris)

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