Le Silence de Molière a été créé au au Théâtre Liberté de Toulon en mars dernier. En nous la proposant à la Tempête (alors que l'Ecole des femmes est jouée dans la grande salle), Philippe Adrien nous invite dans le secret de la vie d'Esprit-Madeleine Poquelin qui était l'unique fille de Molière, née en 1665 de son mariage avec l’actrice Armande Béjart et morte à l’âge de cinquante-huit ans, en 1723.
Marc Paquien, le metteur en scène, souligne que si son existence fut bien réelle, on sait très peu de choses sur elle, sinon qu’elle choisit de fuir la scène, d’échapper à son destin pour se murer dans la solitude et un étrange silence.
Dans cet entretien imaginé en 1975 par Giovanni Macchia, elle devient à son tour un personnage, s’extirpe à son corps défendant de ce silence qui la protégeait, pour nous faire découvrir son aversion et son amour du théâtre, comme une pierre brûlante qu’elle aurait gardée en son sein. En revenant ainsi sur les chemins de ses jeunes années, elle laisse surgir les fantômes, et nous ramène dans l’enfance d’une passion.
Il faut rappeler que ses parents se sont mariés en 1662, l'année même de la création de l'Ecole des femmes, que son père avait été l'amant de sa grand-mère et que des mauvaises langues ont propagé l'idée qu'il avait épousé sa propre fille.
Elle n'a jamais pu en parler avec son père puisqu'il est mort quand elle n'avait que 8 ans, en 1673 (à la quatrième représentation du Malade imaginaire dont elle refusa de jouer le rôle de Louison qu'il avait écrit spécialement pour elle). Armande Béjart meurt en 1700 et Esprit-Madeleine en 1723 à l’âge de cinquante-huit ans.
Etre une fille, et de surcroit la fille de Molière ne devait pas être facile à assumer il y a trois siècles. Rien d'étonnant à ce qu'elle se soit tue, surtout lorsqu'elle appris l'atmosphère de scandale qui entourait sa conception. Le sujet est néanmoins hautement théâtral et on comprend l'intérêt de Giovanni Macchia à tracer un portrait de Madeleine à travers la fiction d’une conversation avec un interviewer imaginaire, portrait dessiné d’après nature pour ce qui est des éléments extérieurs qui le constituent, en grande partie authentiques, et dans laquelle est naturellement libre l’interprétation du personnage, de ce personnage qui n’avait pas trouvé à se réaliser.
Si le rôle de l'interrogateur (Loïc Mobihan) m'a semblé demeurer sur la réserve, la voix off de Michel Bouquet a le caractère magique qu'on lui connait, quand bien même sort-elle d'un poste radio moderne, lorsqu'il s'exprime au nom d'Esprit-Madeleine, disant pour elle combien le monde de son enfance appartient aux choses lointaines (...). Je n'ai aucune envie de revenir en arrière. La vie est une sinistre rigolade.
C'est pourtant ce qu'elle fera sous nos yeux. Esprit-Madeleine est incarnée (car elle fait bien plus qu'interpréter un rôle) par Ariane Ascaride qui lui prête les pensées écrites par l'auteur italien dont on connait la fascination pour Stendhal.
Ce silence ne me dispense pas de remords. Je suis responsable de n'avoir rien fait. Je n'ai pas assez aimé mon père. Je l'ai peu défendu après sa mort. Je ne suis pas actrice, et alors !
Après avoir évoqué l'amnésie qui suivi l'enterrement de son père la comédienne se dépouille de sa robe blanche et apparait désormais derrière la fenêtre. Je suis toujours si seule ... Ni Oedipe, ni Electre, comprenez pourquoi je suis restée si solitaire, si obscure, si mesquine peut-être, submergée par les ombres des autres.
Le soir où a eu lieu la présentation de saison de la Tempête, Ariane Ascaride a dit combien ce texte résonnait très fortement en elle, peut-être parce qu'elle a commencé à travailler sur scène à 8 ans. Elle a reçu un premier prix d'interprétation à 10 ans. Elle donne dans ce rôle le meilleur d'elle-même faisant vivre avec intensité un personnage qui devient réel sous nos yeux.
C'est un spectacle qu'il ne faut pas manquer dès lors qu'on aime le théâtre ... et sa magie.
Le silence de MolièreMarc Paquien, le metteur en scène, souligne que si son existence fut bien réelle, on sait très peu de choses sur elle, sinon qu’elle choisit de fuir la scène, d’échapper à son destin pour se murer dans la solitude et un étrange silence.
Dans cet entretien imaginé en 1975 par Giovanni Macchia, elle devient à son tour un personnage, s’extirpe à son corps défendant de ce silence qui la protégeait, pour nous faire découvrir son aversion et son amour du théâtre, comme une pierre brûlante qu’elle aurait gardée en son sein. En revenant ainsi sur les chemins de ses jeunes années, elle laisse surgir les fantômes, et nous ramène dans l’enfance d’une passion.
Il faut rappeler que ses parents se sont mariés en 1662, l'année même de la création de l'Ecole des femmes, que son père avait été l'amant de sa grand-mère et que des mauvaises langues ont propagé l'idée qu'il avait épousé sa propre fille.
Elle n'a jamais pu en parler avec son père puisqu'il est mort quand elle n'avait que 8 ans, en 1673 (à la quatrième représentation du Malade imaginaire dont elle refusa de jouer le rôle de Louison qu'il avait écrit spécialement pour elle). Armande Béjart meurt en 1700 et Esprit-Madeleine en 1723 à l’âge de cinquante-huit ans.
Etre une fille, et de surcroit la fille de Molière ne devait pas être facile à assumer il y a trois siècles. Rien d'étonnant à ce qu'elle se soit tue, surtout lorsqu'elle appris l'atmosphère de scandale qui entourait sa conception. Le sujet est néanmoins hautement théâtral et on comprend l'intérêt de Giovanni Macchia à tracer un portrait de Madeleine à travers la fiction d’une conversation avec un interviewer imaginaire, portrait dessiné d’après nature pour ce qui est des éléments extérieurs qui le constituent, en grande partie authentiques, et dans laquelle est naturellement libre l’interprétation du personnage, de ce personnage qui n’avait pas trouvé à se réaliser.
Si le rôle de l'interrogateur (Loïc Mobihan) m'a semblé demeurer sur la réserve, la voix off de Michel Bouquet a le caractère magique qu'on lui connait, quand bien même sort-elle d'un poste radio moderne, lorsqu'il s'exprime au nom d'Esprit-Madeleine, disant pour elle combien le monde de son enfance appartient aux choses lointaines (...). Je n'ai aucune envie de revenir en arrière. La vie est une sinistre rigolade.
C'est pourtant ce qu'elle fera sous nos yeux. Esprit-Madeleine est incarnée (car elle fait bien plus qu'interpréter un rôle) par Ariane Ascaride qui lui prête les pensées écrites par l'auteur italien dont on connait la fascination pour Stendhal.
Ce silence ne me dispense pas de remords. Je suis responsable de n'avoir rien fait. Je n'ai pas assez aimé mon père. Je l'ai peu défendu après sa mort. Je ne suis pas actrice, et alors !
Après avoir évoqué l'amnésie qui suivi l'enterrement de son père la comédienne se dépouille de sa robe blanche et apparait désormais derrière la fenêtre. Je suis toujours si seule ... Ni Oedipe, ni Electre, comprenez pourquoi je suis restée si solitaire, si obscure, si mesquine peut-être, submergée par les ombres des autres.
Le soir où a eu lieu la présentation de saison de la Tempête, Ariane Ascaride a dit combien ce texte résonnait très fortement en elle, peut-être parce qu'elle a commencé à travailler sur scène à 8 ans. Elle a reçu un premier prix d'interprétation à 10 ans. Elle donne dans ce rôle le meilleur d'elle-même faisant vivre avec intensité un personnage qui devient réel sous nos yeux.
C'est un spectacle qu'il ne faut pas manquer dès lors qu'on aime le théâtre ... et sa magie.
Conversation imaginaire avec la fille de Molière de Giovanni Macchia
Traduction Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié (éditions Desjonquières)
Mise en scène Marc Paquien
Avec Ariane Ascaride, Loïc Mobihan et la voix de Michel Bouquet
Du 16 Septembre au 16 Octobre 2016
au Théâtre de la Tempête - salle Copi
Route du Champ de Manoeuvre - 75012 Paris
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Pascal Victor.
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