La lecture du Chien rouge ne fut pas facile. J'ai d'abord eu du mal à passer le cap de la (longue) préface dont le sérieux tranchait si brutalement avec l'humour qui m'avait tant plu dans son précédent roman. J'étais pourtant prévenue que Philippe Ségur était passé du rose au noir, et qu'il ne fallait pas que je m'attende à retrouver l'atmosphère de bonne humeur de L'extermination des cloportes. Le choc fut néanmoins très rude.
Curieusement, le "manuscrit de Peter Seurg" (p. 35 et suivantes) ne m'a pas du tout rebutée. Bien au contraire. Je me suis d'emblée prise de compassion pour cet homme dont certes je ne partage pas la dépression mais dont les propos résonnaient souvent en moi. Par exemple :
Nous nous insurgions contre la barbarie djihadiste, mais nous ne nous interrogions pas sur le fait que la France était en guerre depuis quinze ans en terre musulmane et exploitait depuis soixante ans l'Afrique néocoloniale. Suit une critique (fondée) de comportements de masse pour justifier une attitude plus responsable : j'étais entré en résistance. je coupais mon téléphone portable, j'achetais des produits d'occasion, je n'empruntais plus les autoroutes (p. 38).
Nous nous insurgions contre la barbarie djihadiste, mais nous ne nous interrogions pas sur le fait que la France était en guerre depuis quinze ans en terre musulmane et exploitait depuis soixante ans l'Afrique néocoloniale. Suit une critique (fondée) de comportements de masse pour justifier une attitude plus responsable : j'étais entré en résistance. je coupais mon téléphone portable, j'achetais des produits d'occasion, je n'empruntais plus les autoroutes (p. 38).
L'appel du chien rouge s'insère à l'intérieur de cette partie et m'a déroutée.
J'ai bien compris que c'était un roman à clés où l'auteur se faufile derrière le personnage dont le nom est l'anagramme du sien. Je n'ai pas lu l'oeuvre d'Hermann Hesse, souvent cité, et que je ne connais que de nom. J'imagine qu'un grand nombre de références me font défaut pour apprécier comme il se doit le roman de Philippe Ségur puisqu'il s'inscrit dans la lignée de l'auteur du Loup des steppes.
Par contre j'ai trouvé beaucoup de similitude avec le contexte d' Un homme qui dort de Georges Perec et j'ai pensé à un autre livre de couverture rouge, celui d'Amélie Nothomb, Tuer le père, où elle raconte, elle aussi, un épisode de Burning Man.
Le chien rouge plaira à tous ceux qui se sentent, comme le personnage de Philippe Ségur (et on souhaite que son roman ne soit pas pour partie autobiographique), poussés à bout par leur métier et par la folie des comportements humains, et qui ne comprenant plus le monde dans lequel ils vivent, sont prêts à fuir dans les bois, ou ailleurs, loin de tout.
L'auteur a-t-il voulu aussi mettre en garde contre la fausse bienveillance des médecins qui, au lieu de dénoncer ce mal, l'étouffent à coup d’antidépresseurs, de somnifères et d’anxiolytiques dont on dit que les français en seraient les plus gros consommateurs au monde ?
J'ai eu du mal à admettre que le cocktail entre médicaments et alcool (qui est un des anxiolytiques les plus efficaces) n'ait pas achevé l'homme au bout de quelques semaines. Il est probable que j'ai été imperméable à la métaphore qui se cache probablement derrière cela. A moins que ma quête de sens n'ait été autant désespérée que celle de Peter ...
Il me reste néanmoins le souvenir d'une langue magnifique qu'il aurait fallu que je lise sans chercher à en saisir le sens caché.
Le Chien rouge de Philippe Ségur, chez Buchet Chastel, en librairie le 23 août 2018
J'ai bien compris que c'était un roman à clés où l'auteur se faufile derrière le personnage dont le nom est l'anagramme du sien. Je n'ai pas lu l'oeuvre d'Hermann Hesse, souvent cité, et que je ne connais que de nom. J'imagine qu'un grand nombre de références me font défaut pour apprécier comme il se doit le roman de Philippe Ségur puisqu'il s'inscrit dans la lignée de l'auteur du Loup des steppes.
Par contre j'ai trouvé beaucoup de similitude avec le contexte d' Un homme qui dort de Georges Perec et j'ai pensé à un autre livre de couverture rouge, celui d'Amélie Nothomb, Tuer le père, où elle raconte, elle aussi, un épisode de Burning Man.
Le chien rouge plaira à tous ceux qui se sentent, comme le personnage de Philippe Ségur (et on souhaite que son roman ne soit pas pour partie autobiographique), poussés à bout par leur métier et par la folie des comportements humains, et qui ne comprenant plus le monde dans lequel ils vivent, sont prêts à fuir dans les bois, ou ailleurs, loin de tout.
L'auteur a-t-il voulu aussi mettre en garde contre la fausse bienveillance des médecins qui, au lieu de dénoncer ce mal, l'étouffent à coup d’antidépresseurs, de somnifères et d’anxiolytiques dont on dit que les français en seraient les plus gros consommateurs au monde ?
J'ai eu du mal à admettre que le cocktail entre médicaments et alcool (qui est un des anxiolytiques les plus efficaces) n'ait pas achevé l'homme au bout de quelques semaines. Il est probable que j'ai été imperméable à la métaphore qui se cache probablement derrière cela. A moins que ma quête de sens n'ait été autant désespérée que celle de Peter ...
Il me reste néanmoins le souvenir d'une langue magnifique qu'il aurait fallu que je lise sans chercher à en saisir le sens caché.
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