Chacun de nous a été surpris par des illusions d'optique et s'est amusé à comparer ce qu'il croit voir avec la perception de ses proches. Une des plus connues consiste à vérifier si on voit une vieille femme ou une jeune fille. C'est la Figure ambigüe de Böring et je pense que vous la connaissez.
Vous en verrez d'autres au Palais de la Découverte dans le cadre d'une exposition passionnante intitulée précisément Illusions, et que j'ai eu la chance de visiter accompagnée de Baptiste Bureau, chef de projet.
Elle révèle les phénomènes qui trompent nos sens, jusqu’aux secrets des magiciens. Et selon l'habitude de la maison le public est invité à manipuler des dispositifs pour vivre l'expérience et comprendre comment fonctionne son cerveau.
Dès l’entrée, l’exposition interpelle et fait la part belle à un terrain de jeu cérébral. Le titre de l’exposition est traité en anamorphose, imprimée sur de larges kakémonos structurant l’espace. Une quarantaine d'expériences aussi ludiques qu'étonnantes (et instructives) vous sont proposées, sollicitant différemment le cerveau pour sa capacité à être sensible, interprétatif, sélectif ou expert.
On croit que notre cerveau sait identifier des visages. Il est facilement trompé par les vêtements que porte un personnage. Habillez une personne en robe de mariée, une autre en costume trois pièces et vous identifierez une femme à coté d'un homme alors que leurs visages sont rigoureusement identiques.
Mon père qui avait tout compris du principe répétait : il faut flatter l'oeil. Ce conseil m'est souvent utile quand je pose par exemple du papier peint sur un mur dont l'angle n'est pas droit. Je me fie davantage à mon oeil qu'au centimètre, car rien ne sert d'être "juste" si tout le monde perçoit l'inverse.
Ce que j'ai particulièrement aimé c'est que ce ne sont pas que des illusions d'optique qui sont "démontées". Je me suis donc attardée sur quatre phénomènes qui concernent la perception kinesthésique et qui sont moins connus.
Il s'agit de saisir le petit rouleau et de le faire remonter jusqu'à la boule noire. Il est très lourd et notre cerveau enregistre l'effort qu'il a fallu faire. On nous demande ensuite de placer la main en bas et de faire glisser les deux rouleaux. Nous découvrons avec surprise que ce geste nous semble plus facile que le premier. On jurerait que l'ensemble pèse moins lourd que le tiers supérieur.
J'ai vite compris que le rouleau inférieur est creux et que donc son poids est insignifiant par rapport au rouleau du dessus. Le cerveau l'ignore. Comme la matière est la même et que l'oeil n'a pas la possibilité de le détecter, notre bras anticipe l'effort à faire en multipliant par trois celui qu'il a fallu développer dans le premier geste. Evidemment c'est trop et du coup cela semble facile.
J'y ai vu une application formidable en rééducation après un accident pour récupérer de la force musculaire.
Evidemment si on fait la même expérience les yeux fermés on ne ressent pas du tout la même chose.
Autre comparaison avec la perception du chaud et du froid. Si on pose un certain temps la paume de la main gauche sur une plaque chaude pendant que la droite repose sur une plaque froide, chacune de nos mains aura une perception différente de la température d'une troisième plaque, qui elle est à température ambiante. Comme quoi tout est bien relatif.
Il faut en retenir aussi que la main a une sensibilité relative à la température, du fait qu'elle est très sollicitée. Elle supporte mieux que toute autre partie de notre corps les écarts entre chaud et froid. Voilà pourquoi il faut évaluer la température de l'eau du bain d'un bébé, non pas en y plongeant la main ... mais l'articulation du coude !
Vous pourrez aussi faire l'expérience du membre fantôme qui met en jeu la mémoire que nous avons de notre corps. Ce phénomène est bien connu des personnes victimes d'amputation. Il est négatif quand il réactive une douleur. Il peut devenir positif quand on a recours à une prothèse.
La quatrième est l'expérience du filet en velours consistant à intercaler un filet entre la main et une surface pour affecter notre sens du toucher. Le cerveau interprète "comme il peut" en envoyant le message qu'on caresse une surface douce comme du velours. Certains chercheurs essaient d'utiliser cette illusion pour créer la sensation d'une surface d'objet virtuelle dans des jeux de réalité virtuelle.
Je recommande cette exposition aux enfants à partir de 7 ans.
Elle a été produite par le Bloomfield Science Museum de Jérusalem. Elle est présentée dans le cadre de la Saison France-Israël 2018, avec le soutien de l'Institut français et du Comité des mécènes de la Saison.
Illusions au Palais de la découverteVous en verrez d'autres au Palais de la Découverte dans le cadre d'une exposition passionnante intitulée précisément Illusions, et que j'ai eu la chance de visiter accompagnée de Baptiste Bureau, chef de projet.
Elle révèle les phénomènes qui trompent nos sens, jusqu’aux secrets des magiciens. Et selon l'habitude de la maison le public est invité à manipuler des dispositifs pour vivre l'expérience et comprendre comment fonctionne son cerveau.
Dès l’entrée, l’exposition interpelle et fait la part belle à un terrain de jeu cérébral. Le titre de l’exposition est traité en anamorphose, imprimée sur de larges kakémonos structurant l’espace. Une quarantaine d'expériences aussi ludiques qu'étonnantes (et instructives) vous sont proposées, sollicitant différemment le cerveau pour sa capacité à être sensible, interprétatif, sélectif ou expert.
On croit que notre cerveau sait identifier des visages. Il est facilement trompé par les vêtements que porte un personnage. Habillez une personne en robe de mariée, une autre en costume trois pièces et vous identifierez une femme à coté d'un homme alors que leurs visages sont rigoureusement identiques.
Mon père qui avait tout compris du principe répétait : il faut flatter l'oeil. Ce conseil m'est souvent utile quand je pose par exemple du papier peint sur un mur dont l'angle n'est pas droit. Je me fie davantage à mon oeil qu'au centimètre, car rien ne sert d'être "juste" si tout le monde perçoit l'inverse.
Ce que j'ai particulièrement aimé c'est que ce ne sont pas que des illusions d'optique qui sont "démontées". Je me suis donc attardée sur quatre phénomènes qui concernent la perception kinesthésique et qui sont moins connus.
Il s'agit de saisir le petit rouleau et de le faire remonter jusqu'à la boule noire. Il est très lourd et notre cerveau enregistre l'effort qu'il a fallu faire. On nous demande ensuite de placer la main en bas et de faire glisser les deux rouleaux. Nous découvrons avec surprise que ce geste nous semble plus facile que le premier. On jurerait que l'ensemble pèse moins lourd que le tiers supérieur.
J'ai vite compris que le rouleau inférieur est creux et que donc son poids est insignifiant par rapport au rouleau du dessus. Le cerveau l'ignore. Comme la matière est la même et que l'oeil n'a pas la possibilité de le détecter, notre bras anticipe l'effort à faire en multipliant par trois celui qu'il a fallu développer dans le premier geste. Evidemment c'est trop et du coup cela semble facile.
J'y ai vu une application formidable en rééducation après un accident pour récupérer de la force musculaire.
Evidemment si on fait la même expérience les yeux fermés on ne ressent pas du tout la même chose.
Autre comparaison avec la perception du chaud et du froid. Si on pose un certain temps la paume de la main gauche sur une plaque chaude pendant que la droite repose sur une plaque froide, chacune de nos mains aura une perception différente de la température d'une troisième plaque, qui elle est à température ambiante. Comme quoi tout est bien relatif.
Il faut en retenir aussi que la main a une sensibilité relative à la température, du fait qu'elle est très sollicitée. Elle supporte mieux que toute autre partie de notre corps les écarts entre chaud et froid. Voilà pourquoi il faut évaluer la température de l'eau du bain d'un bébé, non pas en y plongeant la main ... mais l'articulation du coude !
Vous pourrez aussi faire l'expérience du membre fantôme qui met en jeu la mémoire que nous avons de notre corps. Ce phénomène est bien connu des personnes victimes d'amputation. Il est négatif quand il réactive une douleur. Il peut devenir positif quand on a recours à une prothèse.
La quatrième est l'expérience du filet en velours consistant à intercaler un filet entre la main et une surface pour affecter notre sens du toucher. Le cerveau interprète "comme il peut" en envoyant le message qu'on caresse une surface douce comme du velours. Certains chercheurs essaient d'utiliser cette illusion pour créer la sensation d'une surface d'objet virtuelle dans des jeux de réalité virtuelle.
Je recommande cette exposition aux enfants à partir de 7 ans.
Elle a été produite par le Bloomfield Science Museum de Jérusalem. Elle est présentée dans le cadre de la Saison France-Israël 2018, avec le soutien de l'Institut français et du Comité des mécènes de la Saison.
Du 6 novembre 2018 au 25 août 2019
Palais de la Découverte
Avenue Franklin-Roosevelt - 75008 Paris
Tous les jours sauf lundi
Du mardi au samedi de 9 h 30 à 18 h
Dimanche de 10 à 19 h
A signaler qu'une autre exposition se déroule en parallèle sur le thème (lui aussi passionnant) du Poison. Présentée du 10 octobre 2018 au 30 août 2019 au Palais de la découverte, l’exposition Poison dévoile au public une trentaine d’espèces vivantes, venimeuses ou vénéneuses : serpents, dendrobates, grenouilles, lézards, araignées, arthropodes… et même un oiseau, appartenant au genre Pitohui et vivant en Nouvelle-Guinée.
Derrière ses couleurs chatoyantes se cachent des plumes hautement toxiques, porteuses de batrachotoxine. Ce sont les coléoptères dont ils se nourrissent qui leur transmettent le poison, leur permettant ainsi de se protéger des parasites et des prédateurs.
Les espèces vivantes sont présentées dans des terrariums fidèles à leurs milieux naturels. La vipère du Gabon est particulièrement impressionnante en terme de taille.
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