On est heureux d’avoir des nouvelles de Flora et Max. Et d'apprendre que la situation décrite dans leur Folle rencontre s’est améliorée pour elle comme pour lui. Chacun était enmuré. Elle était en prison et lui vivait reclus dans sa chambre. Leur seul moyen de communiquer était de s’écrire des lettres. Les voilà désormais libres de leurs allers et venues.
Quatre ans après la parution du précédent roman, leurs parents de papier, Martin Page et Coline Pierré, ont recommencé à s'écrire en reprenant la peau de l'adolescent ou de la jeune fille. Ils ont travaillé selon la même méthode, en pensant et construisant l'histoire ensemble avant de s'emparer chacun d'un personnage.
Ils ont en commun avec Max et Flora le goût pour les mots qui sont comme une maison pour le garçon (p. 250), ce à quoi la jeune fille dira qu’ils constituent son atmosphère.
Les soucis se sont éloignés par rapport à la situation installée dans le premier roman mais les vieux démons se manifestent encore. C’est peut-être parce que les jeunes gens et leurs amis vont devoir allier leurs forces pour défendre une cause commune qu’ils auront le courage d’affronter définitivement leurs phobies. Ce ne sera pas pour autant facile et les auteurs expriment les craintes des deux jeunes adultes avec pudeur, et sensibilité.
Flora commence des études d'anthropologie et Max démarre un CAP de cuisinier et s’emploiera à défendre les légumes mal aimés et mal connus, ce qui le pousse à regarder le monde différemment.
Elle s'installe dans un modeste appartement qu'elle financera par un petit boulot dans une maison de retraite qu'un projet de centre commercial menace de démolition. Les deux amis se sont pris d'amitié avec les 25 personnes âgées qui vivent en communauté et ils se battront bec et ongles pour tenter de sauver l'établissement.
Le roman est tout à fait actuel et plausible malgré le cadre fantaisiste de cette maison de retraite comme on aimerait davantage en voir dans la réalité. Flora et Max sont aussi singuliers que les pensionnaires, des sortes de personnages en voie d'extinction (même si on espère que non) qui justifient que Flora s'intéresse à l'anthropologie ... J’ai parfois l’impression d’être une extraterrestre des rapports humains, je ne sais jamais quoi faire au bon moment (dit la jeune fille au début du roman, p. 15).
Max partage apparemment son point de vue : Le monde reste un endroit mystérieux (...) Nous ignorons qui sont vraiment les personnes que nous croisons tous les jours. Nous sommes des incultes de notre propre milieu (p. 204).
C'est un drôle de sport, le roller derby, préconisé à Flora par la directrice de la maison de retraite, qui aidera la jeune fille à juguler la perte de confiance en soi consécutive à l’injustice dont elle se sent victime et que personne jusque là n'a encore reconnu. Le père de Max et sa compagne pourraient penser pareillement. Ils sont touchés de plein fouet par la pauvreté (une des multiples questions sociales très actuelles que le livre aborde).
Les personnes âgées font preuve d'une philosophie inspirante. Le bonheur ne dure pas. Et alors ? Quelques moments c’est mieux que rien. Il faut avancer, ne pas se cacher derrière des névroses ou une fausse rationalité. Être juste un "minuscule héros" un héros pour soi-même (p.170).
Il faut souligner que chaque opus peut tout à fait se lire indépendamment mais ce serait dommage de se priver de l'un ou de l'autre.
Les nouvelles vies de Flora et Max, de Martin Page et Coline Pierré, Ecole des Loisirs, collection medium, recommandé à partir de 13 ans, en librairie depuis le 7 novembre
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