Evelyne Dress a écrit le scénario de Pas d’amour sans amour pour le cinéma. Ce fut un film qui marqua la génération post soixante-huitième qui a lutté avec fougue pour son indépendance sexuelle, mais aussi sociale et intellectuelle. Si les avancées sont réelles, il subsiste tout de même ce qu'on peut se risquer à définir comme un "fondamental", à savoir que l'amour sans amour n'est pas un amour véritable.
C'est ce que pense, à corps et à cris Eva, une célibataire de quarante ans, belle, dynamique, sportive, branchée (comme on peut l'être en 1990), pour qui les hommes sont très décevants… peut-être parce qu'elle n'a pas rencontré celui qui pourrait la faire chavirer, ... à moins qu'elle ne refuse de le voir.
Eva ne craint pas de le clamer : elle n’a pas fait l’amour depuis trois ans. Elle en meurt d'envie, mais réactiver ne va pas être facile, car dit-elle d'emblée, pour elle, pas d’amour sans amour.
Evelyne Dress, qui ne s'inquiète pas de faire les choses dans le "bon" ordre, a décidé, avec son éditeur, Glyphe, de publier maintenant cette histoire qu'il faut certes re-situer dans le contexte des années 90, mais dont on peut faire une lecture contemporaine car beaucoup de choses sont demeurées identiques.
L'écriture est très alerte, souvent très drôle, et nous offre des scènes d'un cocasse que l'on apprécie peut-être davantage en se les imaginant qu'en revisionnant le film qu'elle a écrit, réalisé (et interprété) en 1992 avec (la liste n'est pas exhaustive) Patrick Chesnais, Evelyne Dress, Jean-Luc Bideau, Aurore Clement, Gérard Darmon, Dora Doll, Michel Duchaussoy, Martin Lamotte, Tanya Lopert, Pascale Rocard, Coralie Seyrig, Cécile Pallas et Thierry Rey ... Il a reçu plusieurs prix et a été sélectionné pour les Golden Globes en 1994.
Alors ouvrons le roman et plongeons sans réserve dans la vie d'Eva, un prénom derrière lequel se cache à demi Evelyne, c'est une évidence, puisque tous ses romans sont construits sur une part d'autobiographie.
On retrouve donc forcément les membres de sa famille, qui sont des personnages très hauts en couleur qui chacun estime légitime de se mêler de la vie des autres. Jacques, celui qui était annoncé comme un grand amour d'enfance dans La maison de Petitchet, est là lui aussi.
Eva n'a pas renoncé à son rêve de prince charmant et a bien raison. Vous verrez que ce n'est pas une mince affaire. Elle ressemble en cela aussi à l'auteure qui, de livre en livre, creuse le thème de la recherche de sa moitié d'âme.
On espère qu'Evelyne non plus ne renonce à rien et on l'attend de nouveau derrière la caméra, même si on apprécie chacun de ses livres.
Je vous invite enfin à écouter le portrait qui lui sera consacré dans Entre Voix sur Needradio le mercredi 8 janvier de 18 à 19 heures.
Pas d’amour sans amour d'Evelyne Dress, éditions Glyphe, à paraitre le 6 novembre
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