C'est le troisième opus (déjà) du ParisOFFestival initié par les deux directeurs du Théâtre 14, Mathieu Touzet et Édouard Chapot, à la porte de Vanves.
Tout aura lieu en extérieur, et le beau temps de cette journée renforcera l’atmosphère festivalière, conviviale et propice aux discussions. Mathieu Touzé a grandement eu raison de choisir ce tee-shirt affirmant "The Place to be".
Le coeur du dispositif est installé rue Paradol, dont une partie piétonne est propice à l’accueil de chaises-longues et de tables pour déjeuner dehors. L’incontournable barbe à papa sera aussi de la partie.
Trois spectacles s’y dérouleront. Il y aura aussi, pas très loins, dans une cour intérieure, des lectures, des ateliers sportifs ici et sur le stade, beaucoup d’autres animations et du cinéma en plein air pour composer, en cette édition 2022, une véritable Olympiade culturelle conçue majoritairement en lien avec la programmation de la saison 2022-2023.
A propos d’olympisme, le Théâtre 14 s’est associé aux associations sportives du quartier pour que foot, basket, roller, escrime viennent cette année nourrir autant le corps que l’esprit. Il sera aussi présent en musique et en image avec Mathieu Bauer et son orchestre qui réinterprèteront les Hymnes en jeux et à travers une programmation cinéma sportive à partir de 22h, sur l’herbe du stade Didot. Après Les Crevettes pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare, puis The Father de Florian Zeller, ce sera ce soir Looking for Eric de Ken Loach.
Le festival est en parfait accord avec l'esprit de partage qui règne dans les rues voisines. Je remarquerai dans la journée la présence de La Marmite, un restaurant anti-gaspille. Il faut reconnaitre que nous sommes à deux pas des Puces et que la récupération n'a pas besoin d'être nécessaire pour devenir un mode de vie.
Outre l’annonce de la saison autour d’un Karaoké live – le vendredi 2 septembre- il est proposé de la découvrir par les artistes qui la font et qui viendront de nouveau se présenter au pied des habitations : Lolita Chammah, Bénédicte Cerutti, Yuming Hey, Mathieu Touzé, Christèle Tual liront des textes sous les arbres accompagnés de comédiens de la prestigieuse Comédie-Française : Yoann Gasiorowski, Elise Lhomeau, Adrien Simion.
Ce festival est également l’occasion de présenter, en accès gratuit (mais sur réservation car les jauges sont réduites) des formes délicates comme Croûte avec le clown et jongleur Guillaume Martinet en partenariat avec Circus Next. Les Anges au Plafond feront souffler poésie et musique aux fenêtres. Guillaume Vincent revisitera Les Mille et une Nuits avec Florence et Moustafa.
David Jonquières racontera avec Vent divin l’histoire de la Seconde Guerre mondiale du point de vue français, allemand et japonais avec un seul accessoire : un cerceau. Luna Muratti et Elsa Guedj présenteront L’infini moins un.
Enfin, l’un des parrains du festival, Charles Berling, lira des extraits de l’œuvre d’Albert Camus, accompagné de Bérangère Warluzel.
Et pour que la fête soit complète, le théâtre vend spécialement pendant tout ce week-end exceptionnel toutes les places des spectacles de l’année à 10 €. On peut louer le sens du théâtre public de cette équipe !
Je rendrai compte de tout ce que j’ai pu voir aujourd’hui à travers sept épisodes dont voici le premier, consacré au spectacle Croûte qui est annoncé comme une performance in situ tout terrain de 30 minutes aux corps multiples, aux jonglages imprévisibles, et gratinée d’une virtuosité ridicule, recréée spécialement rue Paradol. Physiquement engagé, hyper contextuel, Croûte est le fruit d’une décennie de recherche sur le jonglage expressif et l’humour physique.
Beaucoup d’enfants se sont installés sur les coussins pour suivre de près la performance. Ça tient à la fois du jonglage, de l’acrobatie et de la clownerie. L’artiste arrive sans tambour ni trompette, façon de parler car sa tenue n’est pas des plus discrètes, provoquant le rire des gamins autant que ses chutes.
Sans prononcer un mot, avec une extrême attention dans son rapport au public, Guillaume Martinet parvient à captiver l’attention des spectateurs et … celle des passants de la rue et des chalands du marché aux puces dont plusieurs, intrigués, vont s’asseoir sur les dernières chaises libres. Le moindre incident est intégré au spectacle, si bien qu’il est difficile de discerner le prévu de l’imprévu.
Très excités par la situation, petits garçons et petites filles se levaient sans cesse pour changer de place et n’hésitaient pas à s’approcher le plus possible, espérant réussir à chiper une balle de jonglage. Les enfants turbulents ont fini par cesser de l’être, comme cette petite fille qui rentre dans le jeu en balançant la tige de la rose trémière poussant dans la jardinière où l’artiste la déposa.
L’artiste combine plusieurs disciplines, y compris l’art du mime et suggère une pléiade d’émotions. Il maitrise à la perfection le lexique gestuel et enchaine les actions avec élégance et agilité. C’est peu dire qu’il fait preuve de souplesse. Vous pourrez le revoir ailleurs … le spectacle sera forcément différent puisqu’il est conçu spécifiquement pour l’endroit.
Croûte est un mot qui est lié à l’enfance, évoquant les petits bobos que se font les enfants en tombant et qui disparaît du vocabulaire employé par les adultes. Les jambes nues de l’artiste témoignent aussi de la vulnérabilité. Et puis ce mot renvoie aussi aux arts plastiques et incite à composer chaque spectacle comme une succession de tableaux.
Pour accéder aux photos de ce spectacle sans paroles :
Croûte : Jonglage Guillaume Martinet | Regard extérieur Mathilde Roy | Regard intérieur Dina Robert et Margot Seigneurie | Cie Defracto - À partir de 6 ans | Durée 30 min
Pour avoir une idée complète du festival à travers les 7 épisodes de la journée du 4 septembre, consultez les autres billets pour lire mes chroniques à propos des Fenêtres, Vent divin, Florence & Moustafa, L’infini moins un, le concert Les Hymnes en Jeux, des Lectures et Albert Camus - Extraits
Et rendez-vous le premier week-end de septembre 2023 pour le #4 !
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