Jeanne a beau être désignée comme femme de l’année elle affiche un tempérament suicidaire et cette situation oxymorique alimente un humour qui a explosé dès le générique.
Il n’empêche que Jeanne a des raisons fort objectives de se sentir mal, voire même de se détester. Elle est caution personnelle de son entreprise et la perspective de la faillite est bien davantage qu’une hypothèse. La voici basculant parmi les surendettés.
Elle va donc devoir vendre l'appartement de sa mère, disparue un an auparavant (après s'être elle-même suicidée), et puisqu'il se trouve au Portugal c'est à l'aéroport qu'on retrouve Jeanne avant de nous balader nous aussi dans Lisbonne.
Juste avant d'embarquer et au mépris de toute logique, Jeanne va tomber sur Jean (admirons la proximité phonétique des prénoms), un ancien camarade de lycée fantasque et quelque peu envahissant.
C'est lui qui le dit : tout le monde aime Jeanne.
Le film hésite entre comédie dramatique et romantisme désuet. Les insertions de croquis, façon bande dessinée, apportent de la fantaisie en nous livrant la voix intérieure de Jeanne (assurée par la réalisatrice elle-même) mais elles nuisent parfois au sérieux d'un propos qui aurait pu donner un scénario plus abouti.
Les dialogues sont rarement à un niveau semblable de profondeur entre la réflexion que le jus de tomate c’est la boisson qu’on boit exclusivement dans l’avion (ce qui n'est d'ailleurs pas faux en ce qui me concerne) et le point de vue de Guy de Maupassant à propos du suicide où il voit le courage des vaincus.
Après deux courts d’animation remarqués (Le Repas dominical et Gros Chagrin), ce premier long métrage est néanmoins prometteur d'un bel avenir. Il faudra suivre Céline Devaux.
Et surtout saluer la prestation de Blanche Gardin, qui démontre qu'elle peut endosser un rôle tout en finesse et en émotions.
Tout le monde aime Jeanne, un film écrit et réalisé par Céline Devaux
Avec Avec Blanche Gardin, Laurent Lafitte, Maxence Tual, Nuno Lopes et Marthe Keller
En salle depuis le 7 septembre 2022
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