J’avais déjà entendu mariaFausta en concert en décembre 2017, et je pensais la connaître même si j'hésite toujours sur la manière d'orthographier son nom. Avec seulement un F majuscule positionné au milieu des lettres.
Cette fois elle m’a d’emblée plus électro que jamais, alors que la douceur ne lui est pourtant pas étrangère. Elle nous en donna la preuve, quoique tardivement, après les saluts, avec Turn out the light où elle se révèle être une formidable pianiste, jouant avec une infinité de nuances.
Elle alterna des titres de son second album Better, like a machine (dont la sortie est malheureusement un peu retardée puisqu’il faudra attendre le 15 octobre, mais il est disponible sur les digital stores et sur les plateformes de téléchargement légales depuis plusieurs mois) et du premier, Million Faces sorti en 2017. On perçoit nettement une mariaFausta plus déterminée que jamais, maîtrisant la moindre vocalise, soucieuse de la moindre note, et vigilante au moindre effet.
On la découvre debout à côté de son piano droit, réglant les niveaux sonores de l’accompagnement de Detach Me FromThis Path (piste 1). Ça commence très fort, à tous points de vue. Suivra Rememberin’Me (piste 8 du premier album) avec un joli travail sur la réverbération. L’alternance revient avec The Colors Of Rust (piste 3 du second), un titre qui colle à la perfection aux accents de sa voix rauque puisque Rust signifie Rouille.
Elle rend aussi hommage au cours de la soirée à David Bowie, dont elle interprétera deux titres appartenant à la période berlinoise du chanteur (1976-1979), alors qu’il vivait avec son ami Iggy Pop et qu’il commençait une collaboration avec Brian Eno (Low fut leur premier album ensemble). Dans le second morceau elle témoignera de sa capacité à jouer des graves et des aigus. On sent qu'elle aime les contrastes et procurer des sensations fortes à son public, quitte à revenir plus tard à une forme plus douce, comme avec Loneliness (piste 5 du premier album).
Elle explique le contexte de chacun de ses choix. Ainsi c'est en songeant à ses jeunes nièces à qui elle souhaite de vivre de belles choses sans leur promettre qu'elles éviteront les soucis qu'elle a composé Little Girl (piste 6). Elle leur dit de ne pas avoir peur de faire des erreurs et qu'un nouveau printemps arrive toujours. La partition musicale est très belle. MariaFausta est d'ailleurs une pianiste formidable.
Car mariaFausta est une grande musicienne. Elle est auteur-compositeur-interprète, multi-instrumentiste (violoniste, pianiste, chanteuse), directrice d’orchestre, se produit sur de grandes scènes internationales, en Italie, France, Suisse, Chine, etc. Elle explore différents styles : DJ, solo acoustique, et un panel d’autres esthétiques, collaborant avec des formations très variées allant du baroque à la pop, en passant par le rock, le rock progressif, l’électro, le blues et le jazz. Elle cultive depuis l’enfance sa passion pour le chant et creuse sa propre dimension expressive sans tomber dans les stéréotypes.
Si elle chante en anglais c'est parce qu'elle aime les sons de cette langue. C'est la musicalité des mots qui l'attire, tout comme les paroles inventées par Bowie dans la chanson qu'elle a choisie et qui m'ont fait penser à l'atmosphère des films d'Emir Kusturica.
La musicienne est animée de fortes convictions. Elle dédie un titre à une sicilienne qui s’est opposée à la mafia par les chansons.
Il y eu un autre moment d'émotion lorsqu'elle a évoqué un de ses maitres, Didier Lockwood qui, peu de temps avant de disparaitre, était venu interpréter avec elle trois morceaux dans ce même théâtre de Nesles. Tous les deux au violon, c'était magique. Et ce soir mariaFausta a ressorti son alto pour interpréter un titre qui alors n'était qu'au stade de projet et qui figure dans le nouvel album, I want to paint it all (piste 7).
Didier Lockwood avait pleinement raison de penser qu'elle a une âme comparable à celle d'une Janis Joplin. Mais on pourrait citer bien d'autres noms de la pop internationale, en l'écoutant interpréter Adrenaline Rush (piste 2), voulu pour être un choc électrique soudain et incontrôlable qui traverse notre volonté, notre corps et nos sens, nous rendant vulnérables.
L'écoute des onze morceaux de Better, like a machine, tous composés et arrangés par mariaFausta elle-même, touchent à des thèmes liés à la mémoire, au transhumanisme, aux états du subconscient, à nos peurs. Face aux changements qui bouleversent notre vie aujourd’hui, l’amour, la poésie, le rêve demeurent, dans cet album, comme autant de bouées de sauvetage auxquelles l'artiste nous propose de nous accrocher pour préserver notre humanité.
Sa présence sur scène est très forte. Le cadre de la salle en sous-sol du Théâtre de Nesles lui convient parfaitement même si elle pourrait facilement donner de la voix dans un lieu plus vaste. Apprécions donc à sa juste valeur le cadeau qui nous est fait. Un second concert est programmé au même endroit le 30 septembre à 21 heures.
Et pour terminer en voici un extrait live d'un morceau :
Festival 7.8.9 au Théâtre de Nesles - rue de Nesles - 75006 Paris
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