Winter's Bone est un film adapté du roman éponyme de l'américain Daniel Woodrell. Ce long métrage sort sur les écrans en même temps que la bande dessinée de Romain Renard, un Hiver de glace, dans la collection rivages noirs de Casterman.
L'auteur était venu samedi au Salon du livre de Chatenay (92) dont je viens de rendre compte au travers des deux précédents billets. Il était présent à la projection qui a eu lieu le soir au Rex.
On peut confronter l'adaptation graphique de Romain Renard avec le film de Debra Granik sans avoir lu le roman de Daniel Woodrell. Parce que les deux se complètent et s'interfèrent. Il y a beaucoup de points communs alors que ni l'un ni l'autre n'a pu être influencé par leur travail respectif.
Tout est parti du roman de Daniel Woodrell qui a fait au dessinateur l'effet d'un coup de poing. C'est un roman noir, rural, dégageant une sorte d'onirisme gothique, rappelant la légende des premiers colons, l'univers de Faulkner ou de Cormac Mc Carthy. L'histoire se passe en huis clos dans une ambiance tribale clanique entre des gens "oubliés", vivant en autarcie à la frontière de l'Arkansas et du Missouri, dans une région au climat ingrat, coincé entre des montagnes.
Romain Renard s'est rendu sur place pour ne pas être tenté de trahir l'auteur en dessinant des paysages qui se seraient rapprochés davantage des Ardennes belges. Il s'est imprégné d'une réalité qu'il a dessinée et qu'il a parfaitement retrouvée dans le film. Logique puisque la réalisatrice revendique un travail de documentariste.
Le tournage a eu lieu dans la forêt des Ozarks, dans le Missouri, l'État dans lequel se déroule l'aventure de Ree dans le roman, dans les maisons des habitants qui ont été employés comme figurants ou conseillers techniques.
Ree Dolly a 17 ans. Elle assume un rôle de chef de famille depuis que sa mère a perdu la tête et élève son frère et sa soeur. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.
Le film a été présenté en compétition au Festival du Film de Sundance en 2010 où il a remporté le Grand Prix du Jury ainsi que le Prix du Meilleur Scénario. Winter's Bone a également reçu deux prix au Festival de Berlin la même année.
Les premières images installent immédiatement un climat habité de non-dits. Les enfants sautent sur un trampoline mais la cour de la maison est encombrée d'objets brisés. Ils dorment sur un canapé défoncé. Leurs ongles sont noirs. Mais "c'est mieux que rien". S'il n'y avait pas l'électricité et la voiture on se croirait encore dans l'Amérique de Buffalo Bill.
Le cheval n'a pas mangé depuis quatre jours ... Les voisins ont tué une biche dont la viande fait saliver les enfants qui ne réclameront rien : faut jamais demander ce qui se donne, leur rappelle la grande sœur.
Quand on apprend que le père a engagé la maison et le terrain (avec les arbres) pour payer sa caution et sortir de prison on a compris que le film sera sombre. Ree se heurte à l'omerta et retrouver ce père sera un parcours initiatique très dur et violent. Sans lui, vivant, ou sans la preuve de sa mort la jeune fille perdra la maison et les bois.
Les hommes sont majoritairement des brutes et des truands. Même le shériff est louche. Les femmes sont montrées avec tout ce qu'elles peuvent avoir de tendre et de violent. Elles exercent une forme de solidarité dont le prix à payer est plutôt élevé. Ce n'est pas un film à recommander aux âmes sensibles ni aux jeunes enfants. Il est malgré tout servi par une interprétation très juste et il fera référence.
Romain Renard a réalisé de nombreux storyboards pour le cinéma et la publicité. Il a également travaillé à l'élaboration du jeu vidéo « Amazonia ». Il est aussi l’auteur-compositeur du groupe de rock français baptisé ROM dont le premier album, « L’étoile du sud », vient de sortir. Un hiver de glace est sa troisième bande dessinée après American Seasons, très inspirée par Miles Hyman, (primé meilleur album au festival du Polar de Cognac en 2005) et The end qui retrace la fin de Jim Morrisson. La BD était achevée depuis un an mais sa sortie a été retardée parce que l'agent de l'auteur ne voulait pas qu'elle sorte avant le film.
A première vue on pourrait croire à un traitement en noir et blanc alors qu'il a employé une fausse bichromie avec du vert (pour les intérieurs) et du sépia (pour les extérieurs). Les personnages sont très encrés tandis que les paysages semblent légèrement floutés. Il explique avoir beaucoup travaillé sur la narration avec l'objectif de faire un western moderne. C'est très réussi et cela se lit vraiment en complément du film, avant ou après, comme un écho.
L'auteur était venu samedi au Salon du livre de Chatenay (92) dont je viens de rendre compte au travers des deux précédents billets. Il était présent à la projection qui a eu lieu le soir au Rex.
On peut confronter l'adaptation graphique de Romain Renard avec le film de Debra Granik sans avoir lu le roman de Daniel Woodrell. Parce que les deux se complètent et s'interfèrent. Il y a beaucoup de points communs alors que ni l'un ni l'autre n'a pu être influencé par leur travail respectif.
Tout est parti du roman de Daniel Woodrell qui a fait au dessinateur l'effet d'un coup de poing. C'est un roman noir, rural, dégageant une sorte d'onirisme gothique, rappelant la légende des premiers colons, l'univers de Faulkner ou de Cormac Mc Carthy. L'histoire se passe en huis clos dans une ambiance tribale clanique entre des gens "oubliés", vivant en autarcie à la frontière de l'Arkansas et du Missouri, dans une région au climat ingrat, coincé entre des montagnes.
Romain Renard s'est rendu sur place pour ne pas être tenté de trahir l'auteur en dessinant des paysages qui se seraient rapprochés davantage des Ardennes belges. Il s'est imprégné d'une réalité qu'il a dessinée et qu'il a parfaitement retrouvée dans le film. Logique puisque la réalisatrice revendique un travail de documentariste.
Le tournage a eu lieu dans la forêt des Ozarks, dans le Missouri, l'État dans lequel se déroule l'aventure de Ree dans le roman, dans les maisons des habitants qui ont été employés comme figurants ou conseillers techniques.
Ree Dolly a 17 ans. Elle assume un rôle de chef de famille depuis que sa mère a perdu la tête et élève son frère et sa soeur. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.
Le film a été présenté en compétition au Festival du Film de Sundance en 2010 où il a remporté le Grand Prix du Jury ainsi que le Prix du Meilleur Scénario. Winter's Bone a également reçu deux prix au Festival de Berlin la même année.
Les premières images installent immédiatement un climat habité de non-dits. Les enfants sautent sur un trampoline mais la cour de la maison est encombrée d'objets brisés. Ils dorment sur un canapé défoncé. Leurs ongles sont noirs. Mais "c'est mieux que rien". S'il n'y avait pas l'électricité et la voiture on se croirait encore dans l'Amérique de Buffalo Bill.
Le cheval n'a pas mangé depuis quatre jours ... Les voisins ont tué une biche dont la viande fait saliver les enfants qui ne réclameront rien : faut jamais demander ce qui se donne, leur rappelle la grande sœur.
Quand on apprend que le père a engagé la maison et le terrain (avec les arbres) pour payer sa caution et sortir de prison on a compris que le film sera sombre. Ree se heurte à l'omerta et retrouver ce père sera un parcours initiatique très dur et violent. Sans lui, vivant, ou sans la preuve de sa mort la jeune fille perdra la maison et les bois.
Les hommes sont majoritairement des brutes et des truands. Même le shériff est louche. Les femmes sont montrées avec tout ce qu'elles peuvent avoir de tendre et de violent. Elles exercent une forme de solidarité dont le prix à payer est plutôt élevé. Ce n'est pas un film à recommander aux âmes sensibles ni aux jeunes enfants. Il est malgré tout servi par une interprétation très juste et il fera référence.
Romain Renard a réalisé de nombreux storyboards pour le cinéma et la publicité. Il a également travaillé à l'élaboration du jeu vidéo « Amazonia ». Il est aussi l’auteur-compositeur du groupe de rock français baptisé ROM dont le premier album, « L’étoile du sud », vient de sortir. Un hiver de glace est sa troisième bande dessinée après American Seasons, très inspirée par Miles Hyman, (primé meilleur album au festival du Polar de Cognac en 2005) et The end qui retrace la fin de Jim Morrisson. La BD était achevée depuis un an mais sa sortie a été retardée parce que l'agent de l'auteur ne voulait pas qu'elle sorte avant le film.
A première vue on pourrait croire à un traitement en noir et blanc alors qu'il a employé une fausse bichromie avec du vert (pour les intérieurs) et du sépia (pour les extérieurs). Les personnages sont très encrés tandis que les paysages semblent légèrement floutés. Il explique avoir beaucoup travaillé sur la narration avec l'objectif de faire un western moderne. C'est très réussi et cela se lit vraiment en complément du film, avant ou après, comme un écho.
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