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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 24 mai 2012

Art'by Cabernet d'Anjou

C'est la quatrième édition pour les parisiens, la première pour moi. La chaleur est presque insoutenable ce soir de premier vrai soleil et si on sait qu'il faut consommer avec modération c'est tout de même très festif de prendre l'apéro avec ce breuvage qui nous est proposé très frais en dégustation.

Des grappes de ballons noirs et roses assez clinquantes signalaient les cafés participant à l'opération deux heures durant, et pas au-delà. On sentait d'ailleurs dans certains troquets que cet afflux de population dérangeait et cela fait une drôle d'impression d'être persona non grata alors qu'on est invité(e) dans le même temps.

Les heureux dégustateurs ont malgré tout arpenté avec enthousiasme le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à pied ou, pour les plus chanceux en vélo-taxi, pour aller à la rencontre d'un vin, un producteur, un artiste, et ce à 10 reprises.

Après avoir foulé le tapis rose, gouté le breuvage, et répondu à une question particulière chaque participant collait un sticker sur un carnet de bord qui, une fois rempli lui donnait la possibilité de recevoir l'Art'Book by cabernet-d'anjou. Je n'ai pas bien compris pourquoi la règle a vite été modifiée et que les passeports remplis s'échangeaient alors contre une bouteille de rosé gracieusement offerte à la dixième étape.

L'inconvénient, entre autres, fut d'inciter les "découvreurs" à circuler au pas de course et à zapper les discussions avec les producteurs et les artistes de l'association Barde la Lézarde, pressés qu'ils étaient d'arriver au terme.
La présidente de cette association, May Livory, invitait le public à puiser dans un éventaire une papillote surprise qui le transporterait dans un univers surréaliste.
L'illustrateur Beb-Deum croquait sur des nappes en papier des portraits dédicacés.
Auprès de Monsieur Lui, soudainement un lien se créé et devient langage commun. Le dessin est une écriture infinie. Cet ancien illustrateur publicitaire distribuait des copies de ses dessins, retouchées et signées à l'instant, faisant d'elles des pièces uniques, en règle générale très appréciés ... mais on ne peut pas plaire à tout le monde puisqu'on n'est pas louis d'or, n'est-ce pas ?

Par contre tous les producteurs ont été médaillés au dernier Salon de l'agriculture et vous remarquerez que la bouteille du rosé d'Anjou est particulière, élancée et siglée.
Hélène Sauvage mettait le promeneur à contribution, lui faisant écrire une ligne d'une correspondance amoureuse imaginaire entre Juliette Gréco et Miles Davis sur des bandes de scotchs roses qui reliaient les deux portraits. Un instant pour apprécier un verre du Domaine de Sauveroy et me voici en route pour une prochaine étape.
Etienne Lécroart imagina une suite de cases de bande dessinée pour composer un scrabble sur la vitre d'un troquet en faisant intervenir le passant pour rédiger les textes des bulles, en exerçant son droit de veto quand l'aphorisme ne lui convenait pas. Mon joyeux "pourvu qu'on ait le bal" imaginé dans ce café qui se nomme le Balto passa ainsi à la trappe.
Raphaëlle Boutié intervenait sur les sous-bocks décorés un peu à la manière de Pollock pour leur donner la touche finale. Et comme elle le dit avec humour : il faut en boire du pinard le temps que la peinture sèche si on veut repartir avec sa petite oeuvre.
Je fus incapable d'achever le périple dans les temps et je ne relaterai donc pas les performances de tous. Ils eurent en commun de solliciter le public à mettre la main et à se prêter au jeu en donnant un peu d'eux-mêmes. La couleur rose inondait les productions en peinture, encre, bande ou rectangle de papier brillant. On la remarquait aussi sur les tabliers des sommeliers, sur les longs crayons à papier et sur les tenues des artistes.

L'ambiance était festive comme il se doit pour un anniversaire de mariage entre l'art contemporain et le premier rosé demi-sec de France dans un quartier mythique. J'ai laissé tomber mes a priori sur ce breuvage dont je n'avais pas le souvenir qu'il pouvait être à la fois si doux et acidulé, si parfumé et fruité, quelquefois velouté, ou exhalant des arômes de bonbons et de barbapapa, à moins qu'il ne soit très subtilement boisé, mais toujours avec davantage de rondeur que de "sucrosité" et l'impression de croquer directement dans le raisin. J'avais jusque là tendance à mettre tous les rosés ... dans la même bouteille, sans distinction de saveur particulière. Je l'imagine désormais aisément au-delà du début de repas, capable d'accompagner un foie gras aussi bien qu'un Gewurtztraminer. Et bien entendu tous les plats exotiques et les salades de fruits.
Dommage tout de même de n'avoir pas eu vraiment le temps d'échanger avec les vignerons. Je reste sur ma soif en ce qui concerne les procédés de saignée, de pressage direct ou pas, de macération pelliculaire, de fermentation à basse température et de chasse à l'oxygène. Et si j'ai apprécié les vraies différences organoleptiques des uns et des autres je serais bien incapable de les associer à des producteurs chez un caviste. Je suis donc candidate à un stage in situ ...

Je me permettrais aussi deux recommandations pour ceux qui participeront à la prochaine édition de cet apéro artistique. Qu'ils se chaussent de rollers pour rallier sans peine les cafés excentrés, et qu'ils glissent sous leur bras une baguette de pain (parce que très franchement c'est mission impossible et cruelle de déguster en restant à jeun). Le béret ou mieux le canotier pourrait être fourni par l'organisation et servir de base aux interventions des artistes. Car rien n'est mieux qu'un objet qu'on emportera pour le reporter tout l'été. Le souvenir renforce la présence à l'esprit.
J'ai une dernière suggestion pour aider l'amateur à savourer un verre très frais. Quelques minutes suffisent pour congeler des glaçons dans des formes élégantes en recyclant les emballages légers (et indestructibles) qui séparent les chocolats dans les ballotins. C'est tout de même mieux que des glaçons d'eau quand on n'a pas le temps d'attendre que la bouteille se refroidisse dans son intégralité ou qu'on ne dispose pas d'un seau à glace adéquat.
Les bars participants à l’édition du jeudi 24 mai de Art’By Cabernet d’Anjou 2012 entre les rues de Buci et Mazarine étaient:
Le Balto, Le Bar III, Le Buci, Le Café Le Conti, L’Echelle de Jacob, Les Etages, Le Hideout, The Mazet, Le Molière, Le Night Owl.
Plus de renseignements sur la manifestation en se rendant sur vinsdeloire.fr/
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération

1 commentaire:

Marie a dit…

Demande à être intronisée dans la Confrérie des Sacavins d'Anjou - dont je fais partie !!
Amitié

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