Elisabeth Reynaud retrace à l’occasion de la rétrospective au Grand Palais jusqu'au 2 février 2015, l’incroyable destin de Niki de Saint Phalle.
Difficile de trouver un plus bel exemple de résilience. Cette artiste a toujours eu pleinement conscience des angoisses qui s'agitaient en elle. Mais pour ne pas sombrer dans la folie, elle est parvenue, selon ses propres mots "à apprivoiser mes monstres, à jongler avec eux."
Difficile de trouver un plus bel exemple de résilience. Cette artiste a toujours eu pleinement conscience des angoisses qui s'agitaient en elle. Mais pour ne pas sombrer dans la folie, elle est parvenue, selon ses propres mots "à apprivoiser mes monstres, à jongler avec eux."
On pourra dire que c'est le propre du génie créatif. On pourra aussi s'inspirer de ce récit de vie pour adapter la philosophie à soi-même car nous avons tous, plus ou moins, quelques monstres à dompter.
Niki révèle dans un livre dédié à sa fille Laura, intitulé "Mon Secret", la blessure dont elle ne guérira jamais tout à fait, l'inceste paternel, qui la rendra sauvage, excessive, déterminée, comme une espèce non pas de vengeance mais de revanche. C'est l'analyse que fait Elisabeth Reynaud qui l'a très bien connue et un des intérêts de son livre est de faire le portrait sans concession de la femme derrière l'artiste qui disait vouloir "faire saigner la peinture".
Agnès de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine en 1930. Elevée à New York, la future Niki y débute comme mannequin avant d’élaborer avec détermination une œuvre protéiforme, radicale, d’une grande vitalité. Qui ne connait pas ses célèbres Nanas, le Jardin des Tarots, la Fontaine Stravinsky… ?
Depuis les premiers collages, en passant par les fléchettes et les Tirs, peintures iconoclastes et violentes de ses débuts, jusqu’aux sculptures monumentales issues de la collaboration avec son mari Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle n’aura cessé d’explorer les méandres de son inconscient. Elle puise aussi ses influences dans les oeuvres de peintres tels que Picasso, Matisse, Dubuffet, le Douanier Rousseau et de sculpteurs comme le Facteur Cheval ou Gaudi en particulier qui lui inspirera le Jardin des Tarots en Toscane.
On suit les épisodes de sa vie comme une succession de rebondissements ponctués de longs moments de silence qu'elle utilise comme une stratégie de survie (p. 32). La vie et la mort l'auront fascinée (à commencer par celle de sa grand-mère, mais il y eut aussi le suicide de sa soeur, l'accident cardiaque de son père et d'autres suivront). Les serpents également. Les courbes l'apaiseront. Les couleurs donneront de l'énergie à cette artiste hyperactive.
La lecture souligne que sa vie aura néanmoins été ponctuée de moments très drôles, excitants et dangereux.
En particulier dans le domaine de sa vie privée où elle joua une partition d'enfants terribles avec Jean Tinguely qui affirma qu'elle fut le plus grand sculpteur de notre époque.
Elle est décédée à San Diego, 2002 après avoir enduré une maladie très éprouvante, consécutive à l'emploi des matières chimiques pour consolider ses sculptures.
Ancienne collaboratrice de la galerie Artcurial, Elisabeth Reynaud est l’auteur de biographies de femmes exceptionnelles. Depuis 2008, elle préside le prix Bel Ami. Elle vit à Paris, mais ne reste jamais longtemps sans voyager en Inde ou en Afrique.
Il faut faire saigner la peinture, biographie de Niki de Saint Phalle par Elisabeth Reynaud, chez Ecriture, 2014
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