Voilà un roman qui se lit vite et qui est distrayant, pourvu qu'on le considère au second degré et avec le regard que l'on aurait s'il nous était présenté comme une pièce de théâtre. Les lecteurs exigeants y verront une forme boulevardière de la Cerisaie de Tchekov, ce qui pourrait être considéré aussi comme un compliment.
Je voulais depuis longtemps plonger dans un livre de Patrick Besson, m'interrogeant sur la position d'un homme qui produit des critiques littéraires et qui publie des romans avec succès. Forcément cela me rend exigeante, ... et sévère.
Je ne sais pas combien d'heures de travail ce bouquin aura nécessité mais je l'ai lu en moins d'une après-midi, ce qui est finalement regrettable parce que j'apprécie qu'on fasse davantage que me distraire. un court moment
Celui qui me prévient (p. 11) que "nos" personnages sont des Pyrénéens, ethnie bien cachée par des montagnes non célèbres et l'éloignement de Paris, fait preuve d'une ironie qui devient communicative puisqu'il m'inclut en employant la première personne du pluriel. Coup de chance que je ne sois pas pyrénéenne car j'aurais pu me vexer en me sentant assimilée aux pauvres autochtones qui vivent dans une région où il n'y a jamais de réseau (ça sent la petite vengeance) ce qui est une vraie plaie pour des phone-addicts qui râlent sans arrêt d'avoir explosé leur forfait.
Dis-moi pourquoi ... quoi ? Y a-t-il quelque chose à comprendre ? On saura quand même (p. 24) que Simone considère Jean-Jacques avec cette haine qu'il y a au fond de l'amour sans que personne, pas plus Sigmond Freud que Sacha Guitry, ait jamais compris pourquoi.
Patrick Besson aurait-il reçu les confidences du célèbre psychanalyste (dont le prénom est quasiment le pendant masculin de sa Simone) comme celle du grand auteur de théâtre ? On ne peut pas répliquer à de telles références.
Les dialogues sont certes savoureux et bien enlevés. Là encore sans appel. Exemple : Trente-et-un-an ,c'est le début de la vieillesse. Tu n'as pas lu Balzac ? (p. 68)
Le propos est un soupçon misogyne, comme je m'y attendais. Exemples : Julie, la femme créé pour la minijupe et les hauts talons (...) les mères sont toujours une version détériorée de leur fille. (p. 35)
Patrick Besson annonce en quatrième de couverture le portrait d’une bourgeoisie décomposée, burlesque, égoïste, morale, et ainsi que le montre la fin du livre, complètement folle. Si c'est pour rire, amusons-nous. A moins de songer à La Soirée perdue d'Alfred de Musset et alors lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer !
Dis-moi pourquoi de Patrick Besson chez Stock, collection La Bleue, en librairie le 7 septembre
2 commentaires:
Merci pour cette chronique !
J'ai hésité à l'acheter et après t'avoir lue je ne regrette pas de l'avoir laissé en rayon ;)
D'habitude je ne publie pas les commentaires qui peuvent blesser quelqu'un mais celui-ci est si drôle ....! Et puis il n'est pas anonyme. J'espère Tia, que vous piocherez d'autres avis dans la rubrique millefeuille du blog et que bientôt vous me direz avoir fait d'heureuses lectures. Car c'est le but !
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